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Les nuisances de la télé

jeudi 6 décembre 2012, par Journal de la Corse

Petit écran, mais gros potentiel de nuisances. Des études scientifiques s’accordent sur la nocivité de la télévision tant pour l’espérance de vie que sur certains comportements et la cognition des enfants. Pourtant la télévision n’est pas interdite aux mineurs, ni même limitée et s’avère un problème mondial de santé publique.

Faits scientifiques

Les chercheurs de l’université du Queensland, en Australie, ont mis en évidence que ceux qui regardent le plus la télévision pourraient sacrifier cinq ans de leur existence : deux heures de télé quotidiennes réduiraient l’espérance de vie de 22 minutes par jour. Autre travaux, ceux de l’École de santé publique d’Harvard parus en juin 2011, où il était établi que 2 à 3 heures de télévision par jour pouvaient augmenter les risques de développer un diabète de type 2 de 20% et des problèmes cardiaques de 15%. La principale conséquence reste une sédentarisation aux effets désastreux : organisme fragilisé, surpoids, risques de maladies cardio-vasculaires. En d’autres termes, le niveau de preuve de nocivité de la télévision sur la santé n’est plus à prouver.

« TV lobotomie »

Dans son ouvrage TV Lobotomie, La vérité scientifique sur les effets de la télévision, Michel Desmurget, docteur en neurosciences, caractérise la télévision de « fléau » établissant qu’« un enfant de 2 ans qui regarde une heure la télé par jour double ses chances de présenter des troubles attentionnels » ou encore qu’« un adulte qui a regardé une heure la télé par jour entre 50 et 60 ans augmente d’un tiers ses risques de développe la maladie d’Alzheimer ». Une étude d’une sociologue du CNRS, Monique Dagnaud, estime que 80% du temps passé par les enfants de 4 à 10 ans devant le petit écran ne l’est pas devant des dessins animés ou des émissions pour la jeunesse mais devant des émissions tout public. Autre livre, celui d’Alexandre Lacroix, Le Téléviathan, dans lequel il fait un état des lieux de la nocivité de la télévision et qui l’amène à la conclusion qu’il ne faut pas avoir de télévision. Seulement 3% des ménages français suivent ce conseil.

Les abstinents du petit écran

Selon le Credoc les 3% de foyers qui n’ont pas de télévision sont « en grande partie des diplômés de l’enseignement supérieur » et des étudiants qui renoncent à la TV par « lassitude d’être manipulés dans le domaine de l’information » et « d’être soumis au règne de la publicité ». Ils sont donc marginaux. À l’échelle mondiale, le temps passé par les individus devant leur poste de télévision continue d’augmenter. En 2011, les téléspectateurs ont consacré en moyenne 3h16 par jour au petit écran. Les Français ont établi un record, avec 3h47 passé devant leur télé. Toujours un peu plus accros à leur petit écran. Quinze minutes de plus qu’en 2010. Gros consommateurs de psychotropes et de télévision. La faute aux programmes proposés, grands pourvoyeurs d’audience : finale de la coupe du monde de rugby, Les Enfoirés, l’affaire DSK, sans oublier une offre toujours plus large avec la TNT. D’où une inquiétude légitime sur la qualité des programmes diffusés, les études ayant montré la corrélation entre la violence chez les jeunes et les émissions qu’ils regardent. A choisir, il vaudrait mieux qu’ils jouent à des jeux vidéos !

Protection des mineurs

Selon les articles 1er et 15 de la loi relative à la liberté de la communication, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a notamment pour mission de protéger les enfants et les adolescents vis-à-vis des programmes des services de communication audiovisuelle susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental et moral. La violence, l’érotisme, la pornographie présents dans certains programmes, ainsi que la pression publicitaire sont dans le collimateur. Le CSA a enregistré 1.500 plaintes du public concernant la protection du jeune public en 2011, dont les deux tiers portaient sur des programmes de télévision. Même si la télévision est devenue un des référents des enfants et des ados le temps quotidien passé devant devrait être limité à 12 heures/semaine maximum. Une gageure selon les statistiques. Malgré l’omniprésence de la télévision, le débat sur la qualité de ce qui est diffusé à la télévision ne trouve pas de consensus. Comme la religion dans un État laïc, la pratique de la télévision reste du domaine privé. Charge à chacun de savoir zapper et éteindre. Heureusement qu’il reste les coupures d’électricité pour décrocher…

Maria Mariana

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