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Les grévistes de la faim : attention danger vital !

jeudi 29 mars 2012, par Journal de la Corse

Lorsque cet article paraîtra Guy Orsoni aura été hospitalisé dans sa septième semaine de grève de la faim, son père Alain, sa sixième, Pierre Jean Giudicelli sa cinquième et moi-même je me trouverai dans la quatrième. Guy Orsoni et son père seront donc entrés dans la zone rouge, celle où le pire peut arriver à tout instant.

Des organismes fatigués

Guy Orsoni était un grand sportif et il est jeune. À l’instant de l’écriture de cet article, il vient de connaître son premier malaise. Il a donc été hospitalisé en toute urgence. Pour son père, il en va autrement. Il a déjà fait savoir publiquement qu’il refuserait toute aide médicale et met donc sa vie en jeu. Alain Orsoni a déjà accompli deux grèves de la faim. La première avait eu lieu en 1981. Exclu de l’amnistie décrétée par la gauche qui venait tout juste d’arriver au pouvoir, il a cessé de s’alimenter et, après 26 jours, il pesait 56 kilos. Il a entamé sa deuxième grève en 2010 pour protester contre son incarcération alors même que rien ne l’accusait de complicité d’assassinat sinon une dénonciation anonyme. Il est sorti avec 17 kilos en moins. Mais la grève actuelle est vraisemblablement la plus difficile. D’abord parce que la JIRS réagit plus intelligemment que par le passé. Elle possède désormais un réseau de journalistes qui lui sont favorables et qui, peut-être par conviction, peut-être par intérêt se taisent ou écrivent des articles tendancieux. Ensuite, le nom d’Orsoni reste toujours aussi apprécié en bien comme en mal. Le résultat est celui que nous connaissons. Nous sommes obligés de constater que désormais seule notre mise en danger pourra faire bouger les lignes avec pour nous un atout majeur : le dossier d’accusation est totalement vide n’en déplaise au journaliste du Monde qui pour toute défense explique qu’il s’est envoyé en une journée la totalité des 17000 cotes soit une tonne et demi de papier. Un surdoué de la lecture !

Dans les jours à venir

Il arrive un moment où un organisme privé de nourriture finit par se révolter. Le paradoxe d’une grève de la faim est que la sensation de faim disparaît au bout de quelques jours. Après une semaine, le gréviste est certain de sa victoire. Le corps se nourrit des réserves et envoie jusqu’au cerveau une énergie extraordinaire. À la fin de la seconde semaine, la fatigue arrive par vagues à chaque fois plus puissantes et toujours plus rapprochées. À chaque assaut le cerveau perd de sa cohérence. Parfois le doute survient. Puis l’organisme trouve à nouveau à se nourrir. Le véritable danger réside dans l’usure de l’organisme notamment chez des sexagénaires. Nous en sommes là. Il convient dès lors de mettre les autorités nationales et locales devant leurs responsabilités en leur posant une question toute simple : pensez-vous vraiment que le dossier judiciaire tel qu’il est constitué justifiera aux yeux de l’opinion publique un drame qu’il soit définitif ou passager ? Au point où nous en sommes, il s’agit de trouver une solution de compromis. Elle ne peut être que la libération de Guy Orsoni dans des conditions qui satisfassent la justice. Il ne serait bon pour personne que l’une ou l’autre des parties en présence perde la face. Mais le temps joue contre une issue honorable. Plus elle s’entête plus la justice va devoir justifier ses atermoiements.

Une lutte pour les libertés fondamentales

Durant toutes ces semaines, nous aurons inondé les rédactions nationales d’explications mais de plus nous aurons contacté tous les députés, tous les candidats sans que cela provoque de réactions dignes de ce nom. Seule la Ligue des droits de l’homme a témoigné de bout en bout d’une constance remarquable. La section corse a prévenu la Ligue nationale qui, sur la foi des informations apportées par les liguards corses, a accepté d’appuyer la lutte pour une justice équitable et pour le respect des droits de la défense. La Fédération internationale des droits de l’homme va ouvrir une information sur les méthodes de la JIRS. Enfin la Ligue nationale des droits de l’homme a accueilli dans ses locaux les avocats de Guy Orsoni afin qu’ils exposent dans ce cas précis les manquements commis par la JIRS aux règles fondamentales de la défense. Quant aux deux présidents corses, ils ont œuvré pour que la justice soit rendue de manière équitable. Nul ne peut dire alors que cet article est écrit comment va s’achever la grève de la faim. Espérons seulement que la Corse saura échapper pour cette fois à sa fonction de matrice dramatique.

GXC

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