La Grèce n’en finit pas de plonger. Le fameux plan de sauvetage pour la Grèce ne permettra même pas de ramener la dette publique du pays à 120% du PIB d’ici 2020, laissant un trou à combler. Cette nouvelle a aussitôt entraîné une chute de l’euro par rapport au dollar et un tassement des valeurs du CAC 40. En attendant les récentes manifestations qui se sont achevées dans la violence n’en finisse pas d’inquiéter les élites européennes mais aussi grecques. Le président de la République grecque qui touchait 370.993 euros soit le salaire de quatre députés (les mieux payés d’Europe) a dû renoncer à ses émoluments pour calmer la rue. Il est vrai que le SMIC a été ramené à 450 euros par mois alors même que le prix des denrées alimentaires ne cesse de flamber. En un an par exemple, le prix du litre de lait est passé de 1 euro à 1,89 euro. Une partie des classes moyennes n’a plus les moyens de survivre.
L’horreur économique du néo libéralisme européen
Le plan, qui comprend un programme d’austérité, l’effacement partiel de la dette détenue par les créanciers privés et un programme d’aide sous forme de prêts et de garanties à hauteur de 130 milliards d’euros, devait ramener la dette publique grecque à 120% du PIB d’ici 2020 contre 160% actuellement. Ce niveau est un des objectifs exigés par le Fonds monétaire international et certains pays de la zone euro. Hélas, même ces mesures drastiques qui transforment les Grecs en des esclaves pour plusieurs générations, est insuffisant selon le rapport de la troïka (rassemblant l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Les pays de la zone nord veulent plus d’efforts encore. Une rallonge des États de la zone euro est envisagée. Quelque 5,5 milliards d’euros de besoins supplémentaires ont été identifiés et s’ajouteraient aux 130 milliards (prévus dans le deuxième programme d’aide à la Grèce). Mais il faudra trouver 10 milliards supplémentaires pour arriver à un taux d’endettement de 124% (4 points de plus que les objectifs).
La violence de la rue en réponse à la violence économique
Les récentes manifestations et l’inquiétude qu’elles ont provoquées au sommet de l’Europe, démontrent que seule la protestation vigoureuse de tout un peuple peut faire reculer les banques et les spéculateurs. Car ces derniers sont à l’affût et parient sur le fait que la communauté européenne paiera toujours plus pour sauver la Grèce. L’eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit a dénoncé mercredi "les talibans néo-libéraux" de la Commission européenne qui mettent "une pression inacceptable" sur le peuple grec en échange d’une aide financière. "La troïka agit de façon criminelle en Grèce en lui imposant toujours plus de mesures d’austérité (…) On ne peut pas mettre en permanence ce peuple à genoux", a ajouté l’eurodéputé. Quant aux accusations mettant en cause le peuple grec dans son ensemble, elles ne tiennent pas la route un seul instant. La démocratie est ainsi faite qu’une fois les élections passées ce sont les représentants qui votent les lois et prennent les décisions. Or, en tout état de cause, ce sont les Grecs d’en bas qui paient l’addition.
Un plan général de la finance
L’abaissement de la note de plusieurs pays de la zone euro démontre que les spéculateurs ont un plan d’ensemble. Il s’agit de provoquer une baisse généralisée des salaires et des dépenses publiques afin de transformer l’Europe en un lieu de production à bas prix et de profiter des nouveaux marchés de consommateurs qui s’ouvrent dans les pays à économie émergente. Ainsi se dessine un monde à polarité inversée : on produira à moindre coût des objets qui seront vendus à une nouvelle classe moyenne supérieure en Chine et en Inde. Un renversement de tendance surprenant qui rompra ainsi avec le processus de développement capitalistique entamé depuis la conquête des nouveaux mondes (1492) et accentué par les phases de colonisations entamées au XIXème siècle.
GXC