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Les cités sous haute surveillance

jeudi 10 janvier 2013, par Journal de la Corse

Depuis les années 1990, nombre de villes européennes ont emprunté la voie de Londres, réputée comme étant la ville où la vidéosurveillance publique et privée est la plus importante. La surveillance a pour but de contrôler les conditions de respect de la sécurité, de la sûreté ou de l’exécution d’une procédure particulière. Il s’agit en général de prévenir la criminalité (vols, agressions, etc.) et d’opérer un contrôle social (mouvements de foule, etc.). Le reproche principal est l’atteinte à la vie privée, ainsi que le coût. Pourtant la tendance se généralise.

Réseau de vidéosurveillance

On désigne par vidéosurveillance un système de caméras et de transmission d’images (photo), disposé dans un espace public ou privé pour le surveiller. Les images obtenues avec ce système, peuvent être traités automatiquement et/ou visionnées puis archivées ou détruites. Levallois-Perret a été la première ville équipée de caméras, à l’initiative de Patrick Balkany. Les habitants expliquaient qu’ils se sentaient rassurés par ce système de vidéosurveillance. Les professionnels reconnaissent installer chaque année entre 25 et 30.000 nouveaux systèmes de vidéosurveillance. Aujourd’hui, les caméras se sont imposées dans la rue pour analyser le trafic, repérer les infractions au code de la route, évaluer les embouteillages. Elles sont également présentes dans les lieux publics, les transports en communs, surveillent les établissements hospitaliers, scolaires, les gares, aérogares, etc. En décembre 2011, le site d’information OWNI a publié un « palmarès des villes sous surveillance », classant Nice en tête des villes sous vidéosurveillance et révélant que peu de villes sont sans caméras. Depuis août dernier, Ajaccio en équipant le quartier de Sainte-Lucie de neuf caméras, a porté l’équipement de vidéo surveillance de la ville à quarante-cinq caméras.

Big Brother

La Commission informatique et libertés (Cnil) met à disposition des fiches pratiques synthétisant les différentes formalités administratives qui doivent être accomplies en France avant d’installer des caméras dans un lieu ouvert ou non au public. Si cette commission veille aux droits privés des individus, elle ne peut pas s’ingérer dans ce maillage des systèmes de surveillance hors les lieux publics. La vidéosurveillance est aussi encadrée par plusieurs règlements. Les lieux ouverts au public (restaurants, magasins…) souhaitant s’équiper d’un dispositif doivent au préalable faire une demande en préfecture. Le public doit être averti de son existence et du risque d’être filmé. Le personnel doit également être informé de l’installation ; le dispositif doit être présenté au comité d’entreprise s’il y en a un. Les lieux fermés au public relèvent de la Cnil. Les normes techniques des images sont définies par la loi du 3 août 2007. Le 4 janvier 2012 a été installée au ministère de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration, la commission nationale de vidéo protection créée par la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI) du 14 mars 2011.

Dérives numériques

En France, la vidéosurveillance n’est pas une preuve légale, elle sert d’indice aux enquêteurs. Une image, sans obligation de poids minimum, peut servir à identifier formellement ou à étayer une reconnaissance. Une dérive numérique de la délation que d’aucuns ne se sont pas gênés pour franchir, dénoncée par Courrier international du 8 octobre 2012, qui pointe une application pour smartphones (photo) permettant de dénoncer et géo localiser les « comportements asociaux ». « Observer la loi », application pour iPhone disponible depuis le 3 octobre permet de dénoncer les incivilités selon quatre rubriques : « fumeurs », pour dénoncer les personnes allumant une cigarette dans un lieu non autorisé, « véhicules », pour signaler les automobilistes adeptes du parking sauvage, « tapage », pour prévenir ses voisins de nuisances sonores éventuelles et « voile intégral », qui permet de noter autour de soi la présence de personnes arborant le niqab. L’ensemble des infractions « repérées » sont ensuite placées sur une carte. Dérives totalitaires par le numérique. La commission nationale de vidéo protection, chargée de veiller au développement de la vidéo protection dans le but de mieux lutter contre la délinquance a fort à faire, même si des affaires sont résolues grâce à ces équipements.

Maria Mariana

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