L’édito d’Aimé Pietri
La plupart des candidats aux élections présidentielles n’ont pas manqué, au cours de leur tournée en Corse, de s’extasier sur sa beauté et de miser sur ses diverses potentialités qui sont de nature – ont-ils assuré - à l’enrichir au-delà de toute espérance. Ainsi, nous ont-ils entretenu-ils d’un développement touristique durable se situant bien au-delà des prévisions lorsqu’ils ne nous ont pas fait pas miroiter la promesse du pétrole qui pourrait jaillir du socle insulaire au large de Biguglia, peut-être même dans le détroit de Bonifacio. Et dans ce cas la presse parisienne n’a pas hésité pas à en remettre une louche. C’est à se demander si tout ce beau monde ne prend pas les Corses pour des débiles. Il faut l’être en effet pour applaudir à tant de balivernes. Ou ne pas savoir que la Corse affiche une des plus faibles démographies d’Europe, que ses revenus sont constamment à l’étiage, et qu’elle ne cesse de tendre la sébile à l’Etat français. Il faut l’être assurément pour croire aux richesses naturelles de cette île dont l’exploitation ne parviendrait même pas à faire vivre décemment ses 310000 habitants. Pour s’imaginer que son université est le « phare de la Méditerranée » et tirer allègrement un trait sur le triste record des meurtres, plasticages et autres délits majeurs, sur le surnombre des Rmistes, d’assistés en tout genre, de clochards en cravate et de pauvres qui n’osent pas le dire parce qu’ils tiennent à leur réputation. On ne vous imposera pas la liste complète des dénuements. Elle ne tiendrait pas dans ce journal. Mais on ne vous empêchera pas d’applaudir les bonimenteurs. Dès l’instant où ils veulent mettre des couleurs dans votre vie.