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Législatives : Faites vos jeux !

jeudi 23 février 2012, par Journal de la Corse

Les quatre circonscriptions seront les théâtres de batailles politiques acharnées. Les sortants devront s’employer. Comme votre serviteur, faites vos jeux.

Au nord, la bataille la plus suivie aura pour cadre la première circonscription de la Haute-Corse (Bastia). En 2007, le challenger Sauveur Gandolfi-Scheit, maire de Biguglia, a fait sensation en battant nettement le sortant Emile Zuccarelli (PRG), maire de Bastia et ancien ministre. En juin prochain, tout se jouera entre le vainqueur de 2007 et Jean Zuccarelli (PRG). Ce dernier, bien qu’il ne soit pas assuré de l’emporter et alors qu’il aurait pu passer un tour en laissant aller au combat la socialiste Emmanuelle de Gentili qui brûlait d’en découdre, a souhaité porter les couleurs des gauches radicale et socialiste. Quelle issue attendre ? Le sortant met en avant son bilan de député de proximité et de défenseur des intérêts de la Corse à Paris. Ses handicaps son l’état fantomatique de la droite bastiaise et une éventuelle défaite de Nicolas Sarkozy. Le challenger, qui préside l’ADEC (Agence de Développement Economique de la Corse), se positionne en acteur très impliqué du développement insulaire, escompte bénéficier d’une victoire de François Hollande pour lequel il s’est prononcé lors des primaires organisées par le PS, et a pour atout le vote de gauche bastiais. En revanche, il peut redouter des états d’âme dans son camp et la focalisation anti-Zuccarelli d’une grande partie de la mouvance nationaliste. Aussi, l’un et l’autre savent que le sort du combat dépendra beaucoup de la présence ou non d’un candidat nationaliste au second tour. Rien n’est donc joué. Surtout si un présumé candidat d’une envergure certaine, mais non encore déclaré, décide d’aller guerroyer ailleurs… Au centre, dans la deuxième circonscription (Corte / Balagne), l’affaire est apparemment pliée. Le sortant semble bien campé sur des positions fortes, voire inexpugnables. Ancien président d’un Conseil général de Haute-Corse qui le soutient, président du Conseil Exécutif et ayant ses entrées à Paris, y compris à droite, Paul Giacobbi (PRG) devrait logiquement l’emporter contre Stéphanie Grimaldi (UMP). D’autant que celle-ci risque fort de pâtir d’une défaite de Nicolas Sarkozy et de la spirale calamiteuse de défaites et de discordes qui affecte la droite insulaire depuis plusieurs années. Le tout puissant Paul Giacobbi doit toutefois compter avec des adversaires de gauche qui étaient ses alliés en 2007 et qui, réunis, disposent d’un capital électoral non négligeable. En outre, des électeurs socialistes et communistes lui reprochent ses alliances avec des personnalités de droite et une gestion clientéliste du Conseil général. Enfin, le report de voix nationaliste qui décida de sa victoire en 2007 pourrait s’avérer moins important en juin 2012 ou inexistant si un candidat, inattendu mais non improbable, de cette mouvance se révélait en capacité de se maintenir au second tour. Avantage Paul Giacobbi mais gare aux bourrasques de Balagne et de Bastia.

Le temps des jeunes loups

Au sud, les sortants Simon Renucci (Divers gauche) et Camille de Rocca Serra (UMP) sont confrontés à des situations pouvant être décrites que par ces paroles tirées d’une chanson ayant fait fureur au début des années 1960 : « Ils abordent la vie avec la même foi. Chacun guettant sa proie d’un égal appétit de jeune loup. Si vous tentez de les séduire, ils vous montrent les dents. Mais quand ils sourient, leur sourire est celui d’une enfant. Il ne faut pas les flatter de la main, ce ne sont pas des chiens. Ils gardent toujours leur fierté. Même s’ils n’ont pour manger qu’un seul os à ronger ». Dans la première circonscription, le maire d’Ajaccio, Simon Renucci, ne manque pas d’atouts. Outre que la gauche administre la Collectivité territoriale et que la droite est en miettes, il dispose encore d’une forte popularité. De plus, en cas de succès de François Hollande, son apparentement PS à l’Assemblée nationale et sa coloration locale sociale-démocrate lui donneraient une stature de relai insulaire naturel du nouveau président. Mais rien n’est tout rose en politique. La gestion de la commune d’Ajaccio est contestée par une nouvelle génération de droite qui sait où cela mettre le doigt où cela peut faire mal : la forte présence communiste au sein de la Maison carrée, un projet municipal qui suscite des polémiques, la montée en puissance de Bastia au détriment d’Ajaccio depuis que la gauche a conquis la Collectivité territoriale. Le sortant devra donc ne pas négliger l’offensive lancée par le challenger Laurent Marcangeli et ne pas oublier de séduire, en vue du second tour, l’électorat nationaliste. Fer de lance d’une nouvelle UMP, fortement soutenu par un Conseil général de Corse du Sud ancré à droite, et ne manquant pas de dynamisme, ce jeune loup mordra fort. Ses crocs seront encore plus redoutables si Nicolas Sarkozy l’emporte. Avantage Simon Renucci. Mais caresser dans le sens du poil pour apparaître comme un « bon tonton Simon » ne suffira pas. Dans la deuxième circonscription, le jeune loup Jean-Christophe Angelini a déjà goûté à la victoire contre le député sortant Camille de Rocca Serra (UMP). Il l’a battu lors des cantonales de mars 2010 et pour ce faire a réussi à unir des modérés, les nationalistes et la majeure partie des électeurs de gauche. Aussi, Camille de Rocca Serra ne sera pas à la fête si son vainqueur de 2010 est candidat. D’autant qu’il lui faudra aussi compter avec des électeurs UMP qui auraient préféré qu’il passe la main au profit de Marcel Francisci. D’autant aussi que la droite a, ces dernières années et outre le canton de Porto-Vecchio, perdu des positions (défaites aux municipales et cantonales de Bonifacio, perte du canton de Petreto-Bicchisano). Camille de Rocca Serra ne part pourtant pas battu. Il pourra compter sur le légitimisme de zones rurales qui, depuis longtemps, sont autant de fiefs et de réservoirs de voix favorables à sa famille. Il aura aussi pour atouts indirects le fait que les électeurs de Paul-Marie Bartoli (PRG) et Dominique Bucchini (PCF) voteront pour leur leader s’il peut se maintenir au second tour ou se reporteront très peu volontiers sur un candidat nationaliste. Avantage Camille de Rocca Serra malgré les grincheux de la droite et un certain sondage.

Pierre Corsi

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