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Législatives corses À droite toute !

jeudi 21 juin 2012, par Journal de la Corse

La droite insulaire sort électoralement et idéologiquement grande gagnante des présidentielles et des législatives.

Les sensations sont venues du sud. Alors que les quatre sortants insulaires étaient en ballotage plutôt favorables, Simon Renucci a été défait. Le tout puissant Tonton, à la fois député, maire d’Ajaccio et président de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA), qui de plus appartient au camp présidentiel et à la majorité territoriale, a été devancé dans la première circonscription de la Corse du Sud par Laurent Marcangeli (UMP). Le jeune conseiller général du premier canton de la « cité impériale » a totalisé 14.066 voix (50,52%) alors que le sortant n’en a réuni que 13.779 (49,48%). En outre, le vainqueur peut se féliciter d’être arrivé en tête à Ajaccio 7.381 voix (53,17%) et d’y devancer de 800 voix son adversaire (6 501 voix, 46,83%). Sensation que cette victoire, mais pas vraiment une surprise. Votre serviteur écrivait ici-même il y a quelques semaines : « Le sortant doit surveiller comme le lait sur le feu l’offensive lancée par Laurent Marcangeli. Fer de lance d’une UMP qui semble faire bloc autour de sa candidature (…) Laurent Marcangeli défend sans complexe les valeurs et les idées de la droite. Avantage Simon Renucci. Mais caresser l’électeur dans le sens du poil pour apparaître comme un Tonton Simon ne suffira pas. Le sortant devra s’employer à rassembler la gauche et les nationalistes sur des bases politiques » Or il semble que, faute de les avoir fixées par un accord, il ait pâti de reports autonomiste et nationaliste en faveur de son adversaire. Pourquoi ? Peut-être du fait de la droitisation de cet électorat et de « représailles » suite au refus de la gauche de soutenir Jean-Christophe Angelini. Autre sensation, certes moins forte, Camille de Rocca Serra (UMP) revenu des Enfers a donné un coup d’arrêt à la dynamique de Jean-Christophe Angelini (PNC). Le député sortant qui avait perdu les élections territoriales puis, face à son présent adversaire, les élections cantonales, a stoppé la spirale de l’échec. Il l’a emporté dans sa circonscription (16.053 voix, 53,20%) et dans sa bonne ville de Porto-Vecchio. Confronté à un véritable « stop ou encore pour Camilou », le sortant a su exploiter quelques atouts : report de voix provenant du Front national, hostilité au nationalisme d’une partie de l’électorat de gauche, refus des partis de gauche de soutenir son adversaire. Nous écrivions la semaine passée « pour l’emporter, Jean-Christophe Angelini ne peut guère compter que sur un front du refus qui affecterait le sortant et se traduirait en vague électorale. Ce qui est loin d’être fait ». Cela s’est vérifié. Au secours, la droite revient ! Au nord, les sortants étaient en ballotage favorable et se sont imposés sans coup férir. La bataille la plus suivie avait pour cadre la première circonscription de la Haute-Corse. Le sortant UMP Sauveur Gandolfi-Scheit (13.297 voix, 38,07%) a nettement devancé l’autonomiste Gilles Simeoni (10.906 voix 31,22%) et le radical de gauche Jean Zuccarelli (10.728 voix, 30,71%). En revanche, à Bastia, Jean Zuccarelli (5.000 voix, 39,56%) est arrivé devant Gilles Simeoni (4.123 voix, 32,62%) et le vainqueur (3.515 voix, 27,81%). Le bilan s’avère positif pour… les trois protagonistes !!! Le sortant a conservé son siège. Gilles Simeoni qui avait abandonné la circonscription Corte/Balagne pour conforter son assise à Bastia, a porté l’autonomisme à son plus haut niveau électoral aussi bien dans la circonscription qu’à Bastia-ville. Quant à Jean Zuccarelli, bien que défait et devancé par le leader autonomiste de 200 voix, il a honoré son contrat. Confronté à une partie rendue très difficile par les railleurs qui le décrivaient comme un « héritier », par des manquements dans son propre camp et par une impopularité croissante de l’appareil municipal bastiais jugé vieillot, autiste et hautain, il a imposé une image de combattant déterminé ouvert aux évolutions et réussi à être en tête à Bastia. Dans la deuxième circonscription (Corte/Calvi), le sortant Paul Giacobbi (PRG) s’est pour sa part imposé au terme d’une promenade de santé. Il a réuni 23.396 voix (61,34%), Stéphanie Grimaldi (UMP) n’en obtenant que 12.968 (35,66%). Clap de fin cruel pour Stéphanie ! Le laminoir CTC/Conseil général incarné par Paul Giacobbi et Joseph Castelli a été impitoyable et fait oublier que Nicolas Sarkozy avait été largement majoritaire dans la circonscription. Quels premiers enseignements peut-on tirer des quatre scrutins insulaires ? Le premier est évident. S’inscrivant dans la continuité de la majorité obtenue par Nicolas Sarkozy, il est traduisible par cet ancien slogan du Parti socialiste : « Au secours, la droite revient ! » En effet, en Corse-du-Sud, se rassemblant et se mobilisant, la droite a su concrétiser son potentiel majoritaire en deux victoires probantes : reconquête de la circonscription d’Ajaccio, redressement de la situation dans la circonscription de Porto-Vecchio/Sartène. Elle peut désormais envisager la reconquête d’Ajaccio lors des municipales de 2014. En Haute-Corse, le bilan paraît certes plus mitigé. Gagnante dans la circonscription de Bastia, la droite s’est effondrée dans celle de Corte/Calvi. Mais à l’échelle de l’île, elle a vraiment matière à se réjouir. La Corse est électoralement à droite : Nicolas Sarkozy est sorti vainqueur du scrutin présidentiel ; l’unique victoire de la gauche a été obtenue par un colosse aux pieds d’argile (la majorité des électeurs et des élus soutenant Paul Giacobbi et Joseph Castelli est de droite). En outre, l’idéologie de droite domine la vie politique : poussée du Front national, ralliement de nombreux nationalistes au refus du droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, au rejet du mariage homosexuel, à la limitation du droit de grève dans le maritime et l’aérien… Et ce n’est pas demain qu’elle se délitera.

Pierre Corsi

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