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Législatives : ça commence à bouger

jeudi 26 janvier 2012, par Journal de la Corse

Seuls le Front de gauche et Corsica Libera sont en bon ordre sur la ligne de départ. Leurs candidats sont connus et certains sont entrés en campagne. Dans les autres camps, rien n’est définitivement lisible.

Les élections législatives auront lieu en juin 2012. Le véritable compte-à-rebours n’a pas encore débuté. L’heure reste aux manœuvres et aux choix d’états-majors. En outre, les candidats potentiels ou déclarés savent très bien que le scrutin présidentiel captera l’essentiel de l’intérêt des médias et de l’électorat jusqu’en mai. Toutefois, ils auraient tort de considérer que tout est encore permis ou que rien ne presse. Les dissensions, les approximations et les atermoiements d’aujourd’hui coûteront chers au mois de juin ou leurs effets seront difficiles à réparer. Pourtant, dans la plupart des familles politiques, de nombreux réglages restent à effectuer. Seuls le Front de gauche et Corsica Libera sont en bon ordre sur la ligne de départ. Leurs candidats sont connus et certains sont entrés en campagne. Dans les autres camps, rien n’est définitivement lisible. Les partis nationaux doivent arbitrer des querelles de personnes et s’attendent à devoir compter avec les déçus, les mécontents et d’éventuelles dissidences. Chez les autonomistes, le résultat étincelant obtenu lors des Territoriales de mars 2010, auquel s’est ajouté le succès de Jean-Christophe Angelini à l’occasion des cantonales de mars 2011, s’avère paradoxalement être un boulet. Les responsables des trois composantes de la coalition Femu a Corsica savent qu’un résultat décevant en juin prochain pourrait casser ou du moins gripper leur dynamique ascensionnelle. D’où le temps qu’ils donnent au temps de la réflexion.

Ca coince à droite

La droite est en lambeaux. Les rivalités et les divergences l’emportent sur la nécessité absolue de faire front collectivement et solidairement face à une gauche qui détient la Collectivité Territoriale, le Conseil général de la Haute-Corse, les deux principales villes et agglomérations de l’île, et dont le candidat aux Présidentielles a le vent en poupe. En appliquant à la hussarde le principe de reconduction du sortant, Camille de Rocca-Serra a irrité l’UMP sudiste. Son annonce unilatérale de candidature a en effet suscité le courroux de Marcel Francisci qui envisageait d’entrer en lice, et de nombreux cadres et militants excédés par les échecs successif subis par le député de Porto-Vecchio. La diffusion d’un sondage qui aurait été commandé par l’UMP sudiste et qui donnait Jean-Christophe Angelini gagnant, n’a bien sûr pas contribué à apaiser les esprits. Dans la circonscription ajaccienne, Laurent Marcangeli (conseiller général d’un canton d’Ajaccio, candidat déclaré soutenu par Marcel Francisci) et Joselyne Mattei-Fazi (maire de Renno qui n’a pas encore renoncé à se porter candidate) sont à couteaux tirés. Heureusement pour l’UMP, du moins en surface, la situation semble plus claire et moins conflictuelle en Haute-Corse. Les candidatures du député sortant Sauveur Gandolfi-Scheit dans la première circonscription (Bastia) et de Stéphanie Grimaldi, présidente de la fédération UMP de Haute-Corse, dans la deuxième (Corte / Balagne) ne suscitent pas, du moins ouvertement, d’oppositions ou d’aigreurs. Autre matière çà se réjouir pour l’UMP insulaire, l’autre droite, la Nouvelle Corse de Jean-Martin Mondoloni, paraît décidée à ne pas jeter d’huile sur le feu.

Ca grince à gauche

A gauche, tout est loin de baigner dans l’huile. Alors que le PRG entend asseoir son leadership insulaire, le PS tente d’imposer sa présence mais, à ce jour, sans succès. La conseillère exécutive PS, Emmanuelle de Gentile, qui espérait tenir l’investiture dans la première circonscription de la Haute-Corse (Bastia) s’est vu en définitive préférer, par ses instances nationales, le radical de gauche Jean Zuccarelli. En Corse-du-Sud (Porto-Vecchio / Sartène), le maire PS de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, est loin d’être assuré d’être investi par les instances nationales de son parti. Paul-Marie Bartoli, maire de Propriano, proche du PRG, activement soutenu par Paul Giacobbi et la fédération socialiste sudiste, paraît davantage tenir la corde. Les deux députés sortants, le PRG Paul Giacobbi (Corte / Balagne) et le Divers gauche Simon Renucci (Ajaccio), ont été investis par le PRG et le PS. Si Simon Renucci n’est pas contesté, le président de l’exécutif territorial est vivement critiqué par le PS Hyacinthe Mattei dont il se dit qu’il songerait à se porter candidat. A Bastia, ce n’est pas non plus la calme plat. Outre avec le courroux déjà médiatiquement exprimé par Laurent Croce, le patron du PS de Haute-Corse, Jean Zuccarelli doit compter avec des tensions au sein du PRG.

Ca tergiverse chez les autonomistes

Les autonomistes Jean-Christophe Angelini et Gilles Simeoni font peur aux partis nationaux. En revanche, rien n’est encore décidé quant aux candidatures soutenues par Femu a Corsica qui peine à unifier ses trois composantes et les débats internes continuent. Seule la candidature de Jean-Christophe Angelini est quasi certaine et beaucoup d’autonomistes espèrent que les divisions au sein de la droite et de la gauche dans la circonscription de Porto-Vecchio, favoriseront la première victoire nationaliste lors d’un scrutin législatif. En revanche, il se murmure que Gilles Simeoni hésiterait encore entre une candidature dans la première circonscription (Bastia) ou la deuxième (Corte / Balagne). Aller au combat à Bastia contre le député sortant UMP et surtout le PRG Jean Zuccarelli serait dans la logique d’une volonté de s’emparer de la mairie, mais pourrait s’avérer contre-productif en cas d’incapacité de reproduire la percée électorale intervenue lors du scrutin territorial den mars 2010. Aller à la bataille en Balagne, dans le Cortenais et dans le Fium’orbu permettrait d’inquiéter ou peut-être de faire battre Paul Giacobbi, le président PRG du Conseil exécutif de Corse encore considéré comme l’archétype du chef de clan par les nationalistes, mais suggèrerait un abandon du terrain bastiais et hypothèquerait une éventuelle alliance avec la gauche réputée être la plus favorable aux avancées institutionnelles. Enfin, en Corse-du-Sud, rien n’est fait.

Pierre Corsi

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