Du 11 au 22 avril dernier, la cité impériale a « hébergé » un véhicule peu ordinaire : Le Taxi-Ecole, permettant aux futurs chauffeurs de bénéficier d’une formation sur le terrain. Une « première » pour la région.
Chauffeur de taxi, une profession à priori accessible à tous ? Pas vraiment ! Elle nécessite, en effet, une formation préalable ainsi que 4 U.V. permettant de déboucher sur un précieux et indispensable diplôme : le Certificat De Capacité (CDC). Le quatrième UV, et non des moindres, consistant, quant à lui, en une formation sur le terrain dans les conditions d’une « course ». Cette formation pratique était jusqu’ici assurée à l’intérieur d’un véhicule à l’arrêt. Dans sa nouvelle réglementation, la Fédération Nationale des Artisans du Taxi (FNAT) a mis en place des « véhicules-école ». Equipés de doubles commandes et d’appareils-taxis, ils sont destinés à évaluer les capacités du candidat. Chaque région dispose, ainsi, de son propre « taxi-école » qui tourne dans les départements. Et la Corse ?
Formation théorique et pratique
Intégrée à la région PACA, elle bénéfice, elle aussi, de cette nouvelle réglementation. Ainsi, le premier « taxi-école »-un Renault Espace, était à la disposition des formateurs, du 11 au 22 avril dernier, à Ajaccio. « C’est une première pour la Corse, explique Yves Rustarucci, formateur agréé, avec le concours de la Chambre des Métiers et plus particulièrement de son président, François Gabrielli et du syndicat FNAT de Corse-du-Sud, nous sommes parvenus à bénéficier d’un véhicule « école » durant dix jours. Cela a permis à nos élèves, de se placer dans les conditions réelles d’une course de taxi. » Sur le plan pratique, le candidat doit, au préalable, suivre une formation au cours de laquelle il devra acquérir une parfaite maniabilité du véhicule, du compteur et, bien sûr, un indispensable relationnel avec la clientèle. Ensuite, le jour de l’examen (4e UV), un inspecteur du permis de conduire et le formateur (assis à l’arrière) détermineront si l’élève est reçu. « On évalue les capacités du candidat, poursuit Yves Rustarucci, il doit effectuer une course en utilisant les équipements taxi en situation de conduite. Nous jugeons le maniement du compteur, la souplesse de la conduite et la disponibilité avec le client. » Cet UV, indispensable pour l’obtention du Certificat de Capacité Professionnelle de Conducteur de Taxi boucle le cycle de formation des candidats.
Un métier en hausse
« Cette formation est importante et primordiale, soutient Marcel Rutili, formateur agréé en charge de l’aspect théorique, elle se compose d’un stage d’un mois dans les locaux de la Chambre des Métiers. Les élèves préparent les UV qui porteront sur diverses matières : une épreuve de Français et d’autres sur la connaissance de la réglementation des taxis, la gestion-comptabilité afin d’être en mesure de gérer leur entreprise, et enfin, la nécessité de savoir rapidement se situer sur une carte afin d’éviter une course trop longue et trop coûteuse pour le client. Ce stage est positif puisque nous comptons, à peu près, 80 à 90% de réussite à chaque fois. » Quant à la profession, d’une manière générale, elle semble plutôt bien se porter au sein du Département. « Notre métier est en hausse, affirme Jean-Baptiste Emmanuelli, du syndicat départemental FNAT, il est réglementé ce qui est une très bonne chose. Néanmoins, nous avions, auparavant, un taxi pour environ 3000 habitants. Aujourd’hui, l’activité est restée la même et l’on recense en moyenne, dix chauffeurs de taxi supplémentaires par an. À terme, cela pourrait mettre l’activité en péril même si l’autorisation de transporter des malades assis, qui nous a été attribuée en 1997, nous a donné une bouffée d’oxygène. » Le Renault-Espace est resté une dizaine de jours du côté de l’aéroport Napoléon-Bonaparte. Il aura permis à quelques « néophytes » de se faire la main avant d’intégrer une profession peu reconnue mais souvent indispensable. Cette initiative sera, en tout cas, renouvelée.
Philippe Peraut