En ces périodes d’austérité, les ménages ont recours à des crédits à tel point que cela peut provoquer des faillites personnelles. C’est le jeu pervers des crédits à la consommation. Pulsions d’achat ou précarité sont les deux principales raisons d’utilisation de ces crédits à la consommation. Les traders et les financiers ne sont pas les seuls à jouer avec l’argent : les ménages sont aussi un peu flambeurs parfois, mais sans parachute doré, plutôt avec un budget plombé qui mène à des situations de surendettement.
Surendettement privé
Pour faire face à des dépenses exceptionnelles, assurer des aléas ponctuels, etc. les ménages font appel à de nombreuses solutions de financement : crédit revolving, réserve d’argent, crédit permanent, prêt à la consommation, carte de fidélité accordant des crédits, etc. Avec toutes ces pseudos facilités de paiement, les dettes contractées deviennent trop élevées, et les gens sont face à des situations financières difficiles. En Corse, environ 600 dossiers de surendettement sont déposés par an, 95 % d’entre eux sont acceptés par les services de la Banque de France, et la procédure prend en moyenne six semaines, les dossiers sont traités en trois mois et demi. Jean-Pascal Prevet, directeur de la Banque de France pour la Corse, a indiqué que le surendettement des ménages pour l’île est plutôt positif car le taux est plus faible de France, avec 250 dossiers pour 10 000 habitants, contre 431 en moyenne au plan national. L’endettement moyen en Corse est de 17 000 €, contre 20 000 € sur le Continent. Les dossiers de surendettement déposés en Corse sont surtout dus à des « accidents de la vie comme une perte d’emploi, un divorce, une maladie et non un surendettement actif, qui résulte de l’incapacité à rembourser un nombre trop élevé de crédits », ainsi que l’explique Jean-Louis Aribaud, directeur départemental de la cohésion sociale et de la protection des populations de Corse-du-Sud.
Lutter contre le surendettement
Parce que le problème du surendettement concerne près de 750 000 ménages et qu’en matière de crédits à la consommation on assiste à de multiples dérives, d’autant que l’on constate qu’il n’est pas possible de vivre à plus de 50 % de taux d’endettement, la loi a prévu des mesures pour faciliter le rebond des personnes surendettées. En premier lieu, il s’agit de raccourcir les durées d’inscription au Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP), qui passent de huit à cinq ans après une procédure de rétablissement personnel et de dix à huit ans après une procédure de surendettement. Les procédures de surendettement sont également accélérées, les délais passant de six à trois mois pour que la Banque de France décide de l’orientation d’un dossier de surendettement. Les commissions de surendettement ont acquis plus de pouvoir, puisqu’elles peuvent recommander au juge d’effacer les dettes en cas d’actifs insuffisants. Enfin, une banque ne peut plus fermer le compte d’un de ses clients au seul motif qu’il est dans une situation de surendettement. D’autres décisions ont été également prises pour protéger les emprunteurs et responsabiliser les prêteurs. Particulièrement sur la publicité qui suggère souvent « qu’un crédit améliore la situation financière ». Ces mentions ne devront plus figurer. Le prêteur sera également obligé de vérifier la solvabilité de la personne à l’ouverture d’un emprunt de ce type. Concernant les crédits dits « revolving », chaque échéance comprendra obligatoirement un amortissement minimum du capital restant dû. Cette réforme du crédit à la consommation, adoptée le 1er juillet 2010, visait à protéger l’emprunteur et à responsabiliser le prêteur.
Surendettement public
En matière de dette, que cela soit la sphère privée ou le domaine public, le surendettement est comme le cadeau empoisonné de la situation économique. Car ce qui se passe chez les ménages est d’une certaine manière un miroir de la situation de certains pays. La gestion des comptes de la nation est un exercice compliqué. Aujourd’hui, on nous explique qu’il est impératif de réduire le surendettement public, quitte à affaiblir la croissance, aggraver le chômage et accroître les tensions sociales. La politique d’austérité va-t-elle vraiment rétablir la confiance ? Dans un contexte de croissance stagnante, il est difficile de déterminer le seuil d’endettement acceptable, pour favoriser la reprise et sortir de cet engrenage infernal.
Maria Mariana