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Le SCB en Ligue1

jeudi 3 mai 2012, par Journal de la Corse

Du bleu pâle au bleu azur !

Des pleurs aux larmes de joie. On a encore en mémoire les larmes de Pierre-Yves André au soir de la défaite à Strasbourg en mai 2005, défaite 2-0 qui plongeait le club de Ligue 1 en Ligue 2. Larmes de tristesse encore le 7 mai 2010, à la suite du match nul (0-0) face à Tours lors de la 37e journée de Ligue 2.

Ce soir-là le Sporting quittait le giron du football professionnel pour se retrouver en National. Mais il n’avait pas terminé son chemin de croix. Le 6 juillet de cette même année le club se voit administrativement relégué en CFA, Championnat de France Amateur, par la DNCG, Direction Nationale du Contrôle de Gestion. Le gendarme du football professionnel lui reproche un déficit de 1,2 million d’euros. Mobilisation générale des dirigeants regroupés autour de Pierre-Marie Geronimi, ils sont 7, passionnément amoureux du Sporting. Les supporters descendent dans la rue : CSB (Cullettivu di i Sustenitori Bastiacci), Bastia 1905… Les fervents des Turchini ne peuvent accepter cette nouvelle descente aux enfers. Le Comité National Olympique et Sportif est saisi et du côté des politiques on se bouge aussi : Collectivité Territoriale de Corse, Conseil général de la Haute-Corse, Communauté d’Agglomération de Bastia... Les élus montent au créneau et… à Paris pour défendre le Sporting. Ouf ! Le 23 juillet 2010, le conseil fédéral de la fédération française de football autorise finalement le SCB à évoluer en National pour la saison 2010-2011. Frédéric Hantz, l’entraîneur fraichement arrivé à Bastia, respire !

Frédéric Hantz

Frédéric Hantz ! Un inconnu pour certains ! Le Ruthénois a pourtant assez bourlingué. Respectivement joueur à Rodez, Clermont, Istres, Metz, Nice et Niort. En 1997, il range ses crampons pour enfiler le survêtement d’entraîneur. C’est dans sa ville natale qu’il débute cette nouvelle carrière, la continuant à Brive, Le Mans qu’il fait remonter en Ligue 1, Sochaux, Le Havre. Ce meneur d’hommes, ayant parfois des méthodes atypiques, est pour les dirigeants bastiais l’homme de la situation. Coté joueurs, les dirigeants doivent reconstruire. Pas question pour certains de rester à Bastia dans ce championnat amateur que pourtant le SCB pourra disputer en qualité de club pro. Du moins, comme le règlement l’exige, la première année seulement. Le recrutement doit être judicieux. Pas le droit à l’erreur donc pour l’équipe de Pierre-Marie Geronimi. Alors que certains joueurs répondent aux sirènes continentales (Florent Ghisolfi au Stade de Reims, Christophe Gaffory à Vannes) et que Pierre-Yves André prend une retraite bien méritée après deux dernières années très éprouvantes, d’autres choisissent de rester en bleu comme Novaes, Périatambée, Robail, Cahuzac… De son coté, Frédéric Hantz s’adjoint les services de Réginald Ray, qu’il a côtoyé sur les terrains de foot. Il sera son bras droit. Il étoffe l’équipe avec l’ancien gardien du SCB, Hervé Sekli et l’ancien buteur bastiais Frédéric Née. Coté effectif, il fait signer aussi des joueurs qu’il a eu sous son aile dans le passé : Choplin, Angoula, Sans… Sera-t-il suffisant pour faire remonter le Sporting ?

Main mise sur le National

En entamant cette saison de National le 6 août 2010, le SCB part dans l’inconnu. Au sens sportif comme au sens… géographique ! Le Bastia qui a voyagé à Eindhoven, Lisbonne, Iéna, Turin, Bucarest, Glasgow… se déplacera cette fois dans la France profonde : Luzenac, Plabennec, Gueugnon, Alfortville… Les débuts sont hésitants : petite victoire à Furiani contre Amiens 1 à 0, match nul à Rodez, 0-0, match nul 0-0 contre Rouen à Armand Cesari. Mais peu à peu les hommes de Frédéric Hantz prennent leurs marques et s’imposent. Le 22 avril 2011, en déplacement à Fréjus, le Sporting Club de Bastia gagne officiellement sa place en Ligue 2 en obtenant le partage des points, 1 – 1. Le 7 mai 2011 il est sacré champion de National, après sa victoire face à Créteil 2 à 1 et un but de Idrissa Sylla dans les arrêts de jeu qui plonge Furiani dans le bonheur.

Retour dans le giron pro

A l’issue de cette saison 2010-2011, les bleus retrouvent donc le giron professionnel. Mais le club ne baigne pas dans l’opulence et son recrutement est contrôlé par la DNCG. Les dirigeants la joueront donc « malin ». L’ossature de la précédente saison est bien évidemment conservée. Mais l’équipe doit être étoffée et renforcée. Geronimi et ses amis réussissent alors le pari de faire signer des pointures, à charge de revanche : Jérôme Rothen et Toifilou Maoulida. Ludovic Genest, qui avait déjà évolué au Sporting, revient lui aussi. Ils seront les cadres servant de guide aux plus jeunes. Et la mayonnaise prendra. Le SCB ouvre le bal le 29 juillet 2011 et domine Istres, solide formation de L2, 3 à 1. Puis le 5 août il s’offre Nantes à La Beaujoire, 2 à 0 et Le Mans à Furiani 1 à 0. L’entame est idéale ! La suite sera un peu plus dure puisque le club n’engrangera que 2 points en 5 rencontres. Il se réveille contre Angers et enchaîne 5 matchs sans défaite ! Les joueurs se libèrent et le coaching de Frédéric Hantz, parfois étrange, se révèle payant. Il faut dire que l’entraîneur et ses adjoints ne partent jamais dans l’inconnu. Leur adversaire d’un soir est décortiqué, son jeu analysé, disséqué. Un travail énorme qui porte ses fruits. Les Bastiais retrouvent vite le haut du tableau et s’envolent ! 10 points d’avance sur le second à 4 journées de la fin de la compétition. Dans les tribunes on revit le bonheur de la saison passée : l’accession, le titre…. Armand Cesari, Bastia et ses environs sont colorés de bleu. Au beau milieu de la place St Nicolas, la statue de Napoléon est couverte de drapeaux aux couleurs du club.

Ma plus belle montée !

Avril 2012, le Sporting retrouve la Ligue 1, 7 ans après l’avoir quittée. Et le bonheur ! « C’est ma troisième montée en L1, c’est la plus belle. Des moments comme ça j’en ai rarement vécu ! C’est incroyable ! C’est tout un peuple, toute une île qui est derrière nous. Le club, le public de Bastia méritent ça » explose le buteur Toifilou Maoulida. Jérôme Rothen savoure aussi : « C’est beau, c’est fabuleux. C’est une aventure humaine extraordinaire ! C’est l’aboutissement de tant d’efforts. J’ai pris énormément de plaisir tout au long de la saison, je me suis vraiment épanoui dans ce club qui me correspond parfaitement. A 33 ans, quand j’ai signé je m’attendais à vivre de belles choses, mais peut-être pas autant. J’ai gagné des trophées déjà, mais celui-là, avec ce club qui a toute une histoire, avec ce groupe, avec ce fabuleux public, il a un parfum particulier ». Frédéric Hantz, même s’il assure vouloir rester la tête dans la fin du championnat (le 18 mai à Istres) ne peut lui aussi qu’exprimer sa joie : « On a gravi trois échelons en deux ans. Au fond de moi, il y a une fierté extraordinaire. Un entraîneur dépend surtout d’un contexte, de la confiance de ses dirigeants, de la qualité de ses joueurs. Nous avons la chance d’avoir eu sur le terrain des gars à l’état d’esprit irréprochable. Mon seul mérite est d’avoir su faire prendre la mayonnaise entre toutes les composantes du club. Pour le reste, il y a trop d’éléments qu’un entraîneur ne maîtrise pas pour pouvoir se glorifier, mais je suis aussi très fier des supporters. Depuis quelques années, certains médias parisiens qui ne viennent jamais en Corse colportent des choses totalement fausses sur eux. Je suis fier d’appartenir à ce club. Il est différent des autres de par son histoire, ses supporters et ses valeurs. Nous les partageons tous ces valeurs : fierté, solidarité, insoumission. Après, je suis heureux d’avoir pu mettre en place ma vision du football ». Le président Pierre-Marie Geronimi salue lui aussi le travail des supporters : « Cette montée, on ne la doit qu’à nous, aux joueurs et aux supporters. Le club on le construit avec eux. Il y a deux ans de ça, on était portés disparu pour le football professionnel. C’est une belle récompense ». Si déjà en National, l’affluence était hors-norme, en moyenne 6 à 8.000 spectateurs, en Ligue 2, cette saison, elle a atteint en moyenne 10.000 supporteurs, 15.000 contre Chateauroux ! C’est tout simplement ÉNORME !

Philippe Jammes

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