L’avenir immédiat du régime syrien se joue au sein de la Ligue arabe sur fond de redistribution de cartes au niveau moyen oriental. Face au refus de Damas d’appliquer son plan de sortie de crise, la Ligue arabe a décidé de se montrer ferme vis-à-vis du régime de Damas.
Le rôle grandissant de la Turquie
La Turquie a, par le passé, affirmé son rôle géostratégique en faveur des Palestiniens, en s’opposant à la politique israélienne. C’est pour Ankara une façon de s’éloigner de l’Europe qui a lui refusé son intégration. La Turquie, qui abrite une grande partie de l’opposition syrienne et qui a adopté, ces derniers temps, une attitude frontale vis-à-vis du régime de Bachar Al Assad a assisté à la réunion de la Ligue arabe. Le régime baasiste de Bachar el Assad joue là ses derniers atouts. Il a été lâché par les monarchies arabes du Golfe qui s’étaient fermement opposées à la tenue du sommet arabe extraordinaire réclamé par la Syrie. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) regroupe 6 pétromonarchies toutes en conflit avec la Syrie.
Une répression hors normes
L’isolement de la Syrie intervient alors même que la contestation interne connaît un succès grandissant mais aussi une répression terrible. Plus de 70 personnes (entre civils et militaires) ont été tuées en l’espace d’à peine de 24 heures. L’ONU évalue à 3 500 le nombre de personnes qui sont tombées sous les balles de l’armée syrienne depuis le mois de mars dernier. Un chiffre qui pourrait être plus terrible depuis qu’on sait que l’armée fidèle à la dictature cache désormais les blessés et les cadavres. Ajouté à cela, le pays sombre chaque jour un peu plus dans le chaos. Des militaires de plus en plus nombreux désertent pour rejoindre la résistance armée.
Un conflit interne qui s’internationalise
La crise syrienne s’internationalise et se durcit en même temps. Le temps joue, désormais, contre Bachar Al Assad qui a déjà perdu le contrôle de la situation à tous points de vue à commencer par le volet diplomatique de la crise. De son côté, la Turquie, dirigée par des islamistes modérés, joue la carte de la résistance et a quasiment reconnu le Conseil national syrien (CNS) qui rassemble une partie de l’opposition et qui a été formé au fil de plusieurs réunions sur son sol. Comme il fallait s’y attendre, les prises de position turques et arabes ont conforté Washington et Bruxelles qui, de leur côté, multiplient les sanctions pour asphyxier Damas. Ankara prépare de nouvelles mesures contre le régime syrien dans le cadre de cette concertation turco-arabe. Selon des sources diplomatiques, le gouvernement turc chercherait uniquement la couverture arabe pour donner le « coup de grâce » à son ancien allié.
La Chine et la Russie lâchent la Syrie
La Syrie n’a plus comme alliés que la Russie et la Chine, qui bloquent toujours toute action au Conseil de sécurité de l’ONU. Moscou et Damas sont liés par un traité de défense qui remonte à l’ère soviétique. Mais même Moscou – grande spécialiste du double jeu – paraît agir comme elle l’a fait en Libye en lâchant mine de rien le dictateur Kadhafi. Les Russes ont d’ailleurs commencé à établir des contacts avec l’opposition syrienne ? Autre élément qui dénote de l’évolution de la position russe : le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné, hier, « dans les termes les plus fermes », les attaques perpétrées contre plusieurs ambassades en Syrie. D’ordinaire divisé sur la Syrie et la répression sanglante des manifestations, le Conseil a exprimé « sa profonde inquiétude à propos de la répétition de telles attaques ». Or une telle condamnation n’aurait pas pu se faire sans l’aval de Moscou et de Pékin. La Syrie ne peut donc plus compter que… sur l’Iran. Les États-Unis sont en voie de gagner leur pari moyen-oriental quitte à imposer à Israël une limitation de sa politique de colonisation.
GXC