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Le prix de l’énergie

jeudi 21 juillet 2011, par Journal de la Corse

Alors que les pays membres de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) ont décidé de remettre sur le marché 60 millions de barils de pétrole et de produits pétroliers, le gouvernement demande des comptes aux distributeurs de carburant. En outre, Eric Besson, ministre de l’énergie, déclarait en février dernier que « la hausse de l’électricité est inéluctable en France » en raison des investissements dans le parc nucléaire et le développement des énergies renouvelables. L’énergie, indispensable, est un enjeu multiple, tant socialement qu’économiquement, mais la facture reste salée.

Le prix qui inquiète

Même si la facture d’électricité des Français est une des plus basses d’Europe, elle a connu deux augmentations successives de 3% le 15 août 2010 et le 1er janvier 2011. Les prix de l’électricité et du gaz naturel chez EDF Bleu ciel ont évolué, avec deux options de prix pour l’électricité. Toutefois ces hausses ne déstabilisent pas moins le pouvoir d’achat, déjà bien érodé, a fortiori en Corse, une des régions françaises où le taux de pauvreté est le plus élevé. En raison de la péréquation tarifaire, le prix de vente de l’énergie en Corse reste inférieur aux coûts de production et de distribution. Ce qui ne fait pas moins redouter toute hausse tarifaire, la Corse restant fragile pour ce qui concerne son alimentation énergétique.

Des problèmes structurels

La nécessité de moderniser les équipements entraîne des hausses des tarifs. Il est un fait qu’EDF est confrontée au vieillissement de son parc de centrales, qui ont plus près de 25 ans, alors que la durée d’exploitation des réacteurs doit être prolongée au-delà de quarante ans. Le coût de cette modernisation a été chiffré par EDF à plus de 30 milliards d’euros. Mais le réseau de distribution est également vétuste et a besoin d’être renouvelé. Au final, entre 2008 et 2009, les investissements d’EDF dans l’Hexagone sont passés de 5,2 à 7,2 milliards, avant d’atteindre 8 milliards en 2010. Outre les investissements d’EDF, on assiste aussi à la mise en place d’un plan d’action national pour le raffinage, une filière qui connaît aussi des difficultés structurelles. Rien ne va plus dans le secteur de l’énergie…

Les énergies renouvelables

Si les espoirs résidaient dans les énergies renouvelables, le conseil de l’énergie, de l’air et du climat de Corse, installé en mai, a clairement mis en évidence que la filière photovoltaïque ne sera pas aussi productive que prévu, puisque « à la faveur d’un moratoire* le prix de l’électricité vendu pourrait être revu très nettement à la baisse ». La pérennité du secteur est ainsi en ballottement, à la merci de décisions parlementaires. Pourtant, compte tenu de la qualité de l’environnement en Corse, et des problèmes structurels qui entraînent régulièrement des défaillances du réseau, on pourrait attendre que les énergies renouvelables soient plébiscitées. Le « patrimoine solaire » de l’île reste à exploiter, de même que l’éolien. Avec le bémol de l’impossibilité de prévoir la puissance, compte tenu des variations climatiques.

Politique énergétique

Patrick Strzoda, préfet de Corse, a rappelé la stratégie énergétique de l’île : « La stratégie repose sur le trépied interconnexions (achat de courant pour 31 % de l’énergie distribuée), ENR (hydraulique, solaire, éolien, biomasse… pour 28 %), thermique avec deux nouvelles centrales qui seront alimentées en gaz naturel pour 41 % ». Mais l’énergie, c’est aussi le carburant. Et là, de nouvelles déclarations annonçant une hausse des prix de l’essence ont fait réagir Bercy, qui souhaite faire le point sur l’évolution des prix des carburants, pour que les hausses ne soient pas répercutées plus vite que les baisses. Si les conséquences macroéconomiques sont difficiles à évaluer, la hausse du pétrole se fait toujours sentir sur le pouvoir d’achat. Selon l’Observatoire de la précarité énergétique, environ 3,4 millions de ménages consacrent plus de 10% de leurs ressources à leurs factures d’énergie, ce qui a des conséquences sociales et sanitaires. Sans compter que lorsque les prix des matières premières s’envolent, les prix alimentaires sont immédiatement touchés, alourdissant le fameux panier de la ménagère et préparant l’inflation masquée.

Maria Mariana

* Le moratoire concerne un décret du 9/12/2010 qui a suspendu pendant 3 mois l’obligation pour EDF de conclure un contrat d’achat de l’électricité photovoltaïque aux conditions tarifaires précédemment applicables.

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