François Alfonsi, a fait une escale en Corse pour faire un point d’étape de son mandat au Parlement européen. Premier élu insulaire à siéger sur les bancs de l’institution, il a souhaité expliquer son action et interpeller les élus comme l’opinion publique sur la nécessité pour la Corse de considérer l’Union Européenne (UE) comme un partenaire incontournable de son développement économique.
« Si je n’avais pas eu mon avion, les consommateurs européens auraient des steaks fabriqués avec la trombine dans leur assiette », s’esclaffe François Alfonsi. La trombine est une machine qui recueille divers morceaux des carcasses des bovins et les transforment en steaks. Les députés européens ont récemment eu à se prononcer sur ce mode de fabrication qui leur a été soumis par les industriels. Rejeté par 369 voix soit la majorité des 736 députés élus plus une voix, exactement ce que réclame le règlement. « Dans ces moments-là, on a l’impression que c’est sa voix qui a compté et qui a permis de remporter le vote, négatif pour ce cas, et on oublie les 368 autres députés », poursuit-il dans un large sourire.
Pour une politique régionale ambitieuse et adaptée
Elu en juin 2009 au Parlement européen pour le groupe Les Verts – Alliance Libre Européenne (ALE), il est venu présenter un premier bilan de son expérience bruxelloise lors d’une réunion publique organisée le 9 juin au Palais des Congrès d’Ajaccio. Dans la salle, une soixantaine de personne avaient pris place : des militants écologiques, quelques élus dont Nadine Nivaggioni, conseillère exécutive Femu a Corsica et deux conseillers municipaux d’Ajaccio, Simone Guerrini pour l’opposition et François Casasoprano pour la majorité. Le président de la Chambre d’agriculture de Corse-du-Sud, Jean-Dominique Musso, écoutait attentivement les explications du député vert. Car l’agriculture figure parmi les nombreuses compétences de l’UE et à partir de 2014 il s’agira de réétudier la Politique agricole commune (PAC). Les représentants des associations de protection de l’environnement, Jean-Nicolas Antoniotti pour Aria Linda et Dominique Lanfranchi pour A Sentinella, figuraient également parmi le public et ont interpellé le parlementaire européen sur les questions d’énergie, autre domaine délégué par les Etats membres à l’Union Européenne. De la Corse, le fonctionnement de l’institution européenne est perçu comme abscons et pourtant les directives votées ont des incidences concrètes sur la vie quotidienne des citoyens des 27 Etats membres. François Alfonsi siège dans deux commissions : le développement régional et le budget. Depuis juin 2009, il œuvre en faveur du développement régional « pour faire en sorte que les futures orientations de l’Union soient ambitieuses, réellement régionales et non déléguées aux Etats, et adaptées aux besoins des Régions qui ont le plus difficultés, et dont la Corse fait partie ». Récemment, il a été question que la Corse subissent des dégagements d’office pour avoir consommé une quantité insuffisante des crédits européens qui lui étaient alloués. François Alfonsi reconnaît à la fois les errements de l’administration insulaire et l’inadaptation des projets européens.
Promotion des langues non officielles
L’autre priorité du mandat de François Alfonsi, ce sont le devenir des langues minoritaires. Compétence des Etats, ce sujet souffre d’une constante régression des crédits et d’un « retrait ostensible de la Commission ». Les députés ALE ont pour ambition de faire adopter par le Parlement européen le projet de résolution, rédigé à l’issue d’un colloque l’an dernier en présence de délégations du réseau Régions & Peuples solidaires. « L’objectif est de cadrer sur ces questions les débats à venir sur les orientations de l’Union européenne d’ici 2020 » et d’obtenir le soutien de la Commission, explique François Alfonsi. Des amendements ont également été déposés au budget « en faveur de langues non officielles d’Europe ». Obtenir des crédits pour la promotion des langues régionales permettrait notamment à la CTC de renforcer ses actions en faveur de la langue corse. Et cet accompagnement de l’UE pourrait aboutir à une forme de reconnaissance des langues régionales qui ne bénéficient pas de statut spécifique au sein de leur Etat. Le député européen a insisté sur « une donne politique dont il faut avoir conscience : en 2014, quand le prochain exécutif de la Collectivité territoriale de Corse prendra ses fonctions, les jeux seront faits pour ce qui est de l’essentiel des politiques européennes d’ici 2020. Aussi, j’ai proposé de renforcer nos collaborations avec ceux qui ont aujourd’hui la responsabilité des affaires de la Corse. La réponse que j’ai reçue a été favorable et les choses se mettent en place, tant avec l’Assemblée de Corse qu’avec les autres organismes concernés : chambres d’agriculture, associations pour la langue corse,.. ». L’avenir de la Corse passe par l’Europe, selon lui.
M.K