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Le pourtour méditerranéen en plein bouleversement

jeudi 8 septembre 2011, par Journal de la Corse

La chute du régime Kadhafi ne fera pleurer personne. Mais l’offensive menée quasi exclusivement par l’alliance occidentale ne règle rien dans une région où les anciennes frontières coloniales recouvrent le plus souvent une réalité tribale éminemment complexe. Pourtant si on inclut le mouvement libyen dans le séisme méditerranéen, on se rend compte que le pourtour du Mare Nostrum est en train de se modifier avec autant d’intensité qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, prélude de la décolonisation.

Les raisons d’une intervention

Qui peut croire que l’alliance occidentale est intervenue en Libye pour des raisons humanitaires ? Le président Sarkozy accueillait il n’y a pas si longtemps le dictateur libyen à Paris espérant lui vendre des avions de chasse et un armement sophistiqué qui aurait servi, si la transaction avait fonctionné, contre les insurgés. La vérité est vraisemblablement plus prosaïque : depuis 1991, date de la première intervention américaine en Irak, la chasse à l’énergie est lancée. Chacun espère assurer les quelques décennies à venir en mettant la main sur les sources pétrolifères ou gazières. Qui peut oublier que le colonel Kadhafi a massacré des dizaines de milliers des siens pour des raisons idéologiques (des communistes ont ainsi été livrés au Soudan) ou religieuses (des milliers de musulmans ont disparu lors d’offensives du régime). Mais Kadhafi fut aussi un allié des Occidentaux dans la lutte contre Al Qaida. Personne ne conteste l’importance du pétrole libyen, dont les débouchés sont conséquents, principalement en Europe, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Une évolution démocratique et démographique

Cependant, toute les Chancelleries d’Europe et des États-Unis se montrent inquiètes des mouvements de rébellion dans les pays arabes et musulmans du Sud de la Méditerranée : la Tunisie et Égypte, puis la Libye et la Syrie sans oublier les États de l’arrière-pays, comme le Yémen, le Soudan ou le Bahreïn.
 Les pays directement riverains du Sud de la Méditerranée, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, l’Égypte, la Libye, représentent aujourd’hui une population de 231 millions d’habitants.
 Les pays de la côte orientale, c’est-à-dire la Syrie, la Turquie, la Palestine, sont habités par plus de 100 millions d’individus. En 2050, ils seront 139 millions alors que la population occidentale serait plutôt sur le déclin. En comptant celle des territoires proches, cette population passera de 270 millions à 370 millions en 2050.
Quant aux États de l’arrière-pays, ils connaîtront la même évolution : le Soudan passera de 44 millions à 91 millions habitants ; l’Irak de 32 millions 700.000 à 83 millions à l’horizon 2050 !
 C’est vraisemblablement cet essor humain qui explique en partie les mouvements des pays arabes. La jeunesse dominante ne porte pas en elle le fatalisme des générations précédentes marquées par des systèmes sociaux archaïques et le poids de la post-colonisation. Elle exige sa part du gâteau et utilise des réseaux modernes créés par les nouvelles technologies. Les barrières géographiques mais aussi sociales sont détruites par twitter ou facebook. Il est de plus en plus difficile pour les dictateurs de maîtriser ces filets qui se tissent par-delà les distances, la peur.

L’exigence de plus de justice dans un monde toujours aussi féroce

On a beaucoup insisté sur l’importance des révélations de Wikileaks dans la prise de conscience des jeunes Tunisiens. C’est aussi que le terrain a été amendé par les terribles paradoxes d’un système capitaliste inique. D’un côté, les riches s’enrichissent tandis que le nombre de pauvres augmente. En Afrique, les grandes compagnies occidentales telles que Total accumulent des bénéfices inespérés tandis que 12 millions de personnes en Somalie, dans le nord du Kenya, à Djibouti et en Éthiopie, sont victimes d’une famine sans précédent. Parfois la situation est aggravée par des conflits armés et militaires locaux mais les armes sont vendues par les états européens ou la Chine.
 La Méditerranée, matrice des plus grandes civilisations de l’humanité change au moins sur sa rive sud. Il faudrait que la rive nord suive le mouvement permettant ainsi à des dizaines de peuples d’espérer en un avenir meilleur.

GXC

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