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Le père nouveau est arrivé !

jeudi 16 juin 2011, par Journal de la Corse

Nouveaux pere

On parle de plus en plus de parentalité, préférablement à maternité ou paternité. Ce changement sémantique n’est pas un effet de mode ou un caprice politique, cela intervient dans le champ des interventions en faveur de l’égalité des chances, et d’une plus grande équité entre les hommes et les femmes, tant sur le plan professionnel que sur le plan domestique. Car les enjeux de société se retrouvent également dans les foyers. Etre père aujourd’hui, c’est une vraie question que beaucoup se posent, car il faut donner une place à ce père moderne, qui doit aussi la revendiquer. Papas, soyez aussi poules !

Fin du Pater familias

Le temps du « Pater familias » est révolu. Le rôle du chef de famille n’est plus exclusivement détenu par le père, ne serait-ce que parce que la fonction « économique » est clairement partagée avec l’autre parent. Le Pater familias façon Antiquité, avec pouvoir absolu sur sa femme et sur son fils, droits de vie et de mort, d’expulsion, d’adopter, de vendre chaque membre de la famille et d’affranchir les esclaves, avait déjà perdu pas mal de ses prérogatives au fur et à mesure de l’avancée du Droit. La puissance paternelle telle qu’elle s’exerçait et telle qu’elle est caricaturée, c’est être à la fois autoritaire, protecteur, éducateur moral, nourricier, conservateur du patrimoine et des traditions, et bien sûr, géniteur qui donne son patronyme.

Figure paternelle

D’ailleurs, quel est l’adjectif employé lorsque l’on veut qualifier une personne (morale ou physique) qui a le pouvoir et qui assoit sa domination via un comportement autoritaire et bienveillant, tout en ayant l’air désintéressé ? Paternaliste… On assiste aujourd’hui à la remise en question socio-culturelle de la figure paternelle, tout comme les Etats d’ailleurs, les citoyens n’ayant plus envie d’être infantilisés (le chef de l’Etat n’est plus le père de la nation, il en est à la limite le « tonton »). Enfin, les mentalités sont en train de changer, la réalité restant conservatrice. Par exemple, si l’on considère les publicités, elles sont comme un miroir déformant, dans le sens où elles prennent en compte les évolutions (le papa est moderne, s’occupe de son enfant et des tâches ménagères) mais montrent les réticences au changement (les hommes le font quasi en cachette, ou parce que c’est design et cela ne remet pas en cause leur sacro-sainte virilité). Comme quoi les stéréotypes ont la vie dure, y compris dans combat fée du logis versus homme mâle limite super-héros.

Aider les pères à être pères

Un babbu pò mantena centu fiddoli, centu fiddoli ùn poni mantena un babbu (Un père peut faire vivre cent enfants, cent enfants ne peuvent faire vivre un père). Ce dicton corse donne la position traditionnelle du père : un pilier sur lequel la famille se construit, celui qui lui donne la sécurité et lui assure la survie. Aujourd’hui, les pères doivent partager « leur territoire » et accepter que la société en mutation exige de nouvelles fonctions paternelles, en corrélation avec le canevas égalitaire et paritaire. D’ailleurs, si l’on en croit le sondage commandité par l’ORSE (observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises) auprès de BVA, il apparaît que 81 % des Français considèrent que les femmes feraient plus facilement carrière si les hommes s‘investissaient davantage dans les activités domestiques et familiales. En outre, Si les Français croient à un changement possible, ils mettent en avant les discriminations auxquelles peuvent être confrontés les hommes dans leur vie familiale. D’où l’urgence de lutter contre les stéréotypes sexués, et de favoriser la prise en charge du foyer par les parents, quels qu’ils soient ! Si l’on en croit la définition du « nouveau père », dans le Petit Robert : « Père qui s’occupe beaucoup de ses enfants et prend part aux soins du ménage ». Cela ne semblait donc pas aller de soi… Que les femmes travaillent aussi à ne pas s’accrocher aux espaces qui leur sont culturellement réservés, et apprennent à laisser plus de place aux hommes… C’est tout l’intérêt du projet européen « Men equal, men different », porté par la Lettonie, le Danemark, la Bulgarie et la France qui travaillent ensemble pour trouver les solutions d’un meilleur équilibre vie professionnelle-vie privée entre les mères et les pères. Patriarcat, matriarcat, basta !

Maria Mariana

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