Accueil du site > Societe > Le mythe de la mère parfaite
 

Le mythe de la mère parfaite

jeudi 19 mai 2011, par Journal de la Corse

Mère parfaite

Alors que le 29 mai, les mères sont célébrées, on ne peut que constater qu’être une super-maman, ça n’est pas une sinécure. Les temps ont changé plus vite que les mentalités et aujourd’hui, il faut tout assumer au top : maternité, boulot, féminité… S’il n’y a pas d’homme parfait, il n’y a pas plus de femme parfaite… Il faut dire que le système fait beaucoup pour faire culpabiliser : cuisiner de bons produits, assurer un suivi personnel de ses bambins, leur donner attention, ouverture sur le monde, etc. Depuis Françoise Dolto, ils sont légion ceux qui veulent conseiller les parents dans leur rôle. Et s’il suffisait de faire de son mieux ?

La mère parfaite, mode d’emploi

La maternité, c’est épanouissant. Un point c’est tout. Alors même si la nuit a été courte et que l’on n’a plus le temps de s’occuper de soi, il faut afficher un beau sourire épanoui, tout le temps, et ne pas se plaindre, ne pas s’énerver. Evidemment, les châtiments corporels sont à proscrire, même quand les chers petits s’évertuent à nous faire sortir de nos gonds à grands renforts de bêtises d’enfant : la fessée, ça n’est pas la réponse adaptée. Cette règle s’associe très bien avec le fait de ne jamais utiliser de langage ordurier devant lesdits angelots, même si ceux-ci connaissent bien plus ce vocabulaire que les alexandrins de Molière. La patience et l’écoute permanente sont aussi au rendez-vous face aux moult interrogations, qui peuvent aller du simple besoin de connaître l’origine de la vie, à la question sur la physique quantique ou toute autre souhait de comprendre le monde. Wikipédia est devenu le meilleur allié de la mère parfaite, toujours prompte à dégainer une réponse pédagogique à son bambin en mal de connaissances. Côté alimentation, la malbouffe ne passera pas par les artères de la progéniture. Les produits frais et de saison sont cuisinés et consommés rapidement, le surgelé n’est pas dans la panoplie de la mère parfaite. Côté activités, la mère parfaite est impliquée dans la vie de l’école de ses enfants, n’allume jamais la télé pour avoir la paix, mais va plutôt prendre l’air avec eux, et fera toujours en sorte de respecter les horaires de ses oisillons pour qu’ils soient en pleine forme. Grosso modo, la mère parfaite, c’est une « working mum » et un croisement entre un cordon bleu, une animatrice née et une encyclopédie sur pattes, bref une superwoman.

Maternité rime avec natalité

C’est le 25 mai 1941, alors que la France est sous l’occupation allemande, que le Maréchal Pétain institue de manière définitive la « journée nationale des mères », dans le cadre plus général d’une politique nataliste. Depuis, chaque dernier dimanche du mois de mai on célèbre la mère… Cette ode à la natalité existait déjà au XIXe siècle, sous Napoléon, qui avait instauré des festivités sur ce thème. En 2010, la France a confirmé son dynamisme démographique en matière de fécondité et de natalité (2,01 enfants par femme, un record depuis le baby-boom). La Corse n’a pas suivi cet élan nataliste, puisqu’elle est, avec le Limousin, la région française où la fécondité est la plus basse. Selon les statistiques et les estimations, compte tenu du taux brut de reproduction de la Corse, (+/- 0,74%), la population corse est appelée à baisser de 26 % en 30 ans. Enfin, être mère ne saurait se réduire à être une… poule pondeuse. Mère poule, peut-être, et encore !

Etre mère aujourd’hui

Les évolutions de la société, avec la contraception, l’avortement, l’allongement du congé paternité, la multiplicité des modèles familiaux, l’implication des femmes dans le monde du travail, etc. font qu’être parents est devenu un métier très exigeant. En particulier pour les mères sur lesquelles repose l’essentiel de l’éducation. D’où la culpabilisation de ces mères, indignes, car pas assez disponibles pour leurs enfants. Difficile d’être une femme émancipée et une « mère idéale » dans ce contexte. L’héritage de Françoise Dolto, qui voulait rompre avec une autorité parentale rigide, est lourd à porter. L’équilibre entre vie de famille et vie professionnelle est précaire, c’est un combat pour les femmes dans une société patriarcale, limite macho. Tant que l’enfant restera symbole de la réussite et d’accomplissement de soi, être femme sera indissociable de maternité, et vice versa.

Maria Mariana

  • delicious
  • facebook
  • google
  • twitter

Répondre à cet article