Guerre larvée entre la Turquie et la Syrie… Chypre qui déclare son état de quasi-faillite… La principale banque italienne qui demande de l’aide à l’état… L’Espagne qui part à vau l’eau. Bref, le Mare Nostrum vit une crise historique.
La salade méditerranéenne
On parlait autrefois de salade macédonienne pour caractériser la complexité de la situation dans les Balkans. C’est désormais le pourtour méditerranéen dans son ensemble qui est devenu une salade aux composants tellement divers qu’il est difficile de prévoir l’issue de la crise majeure et multiforme qui frappe toutes les sociétés méditerranéennes. Au plus près de nous, c’est d’abord une crise économique et sociale qui met à genoux tous les pays de l’Europe méridionale. Tout récemment, la principale banque italienne a demandé l’aide de l’état qui, à terme, va s’adresser à l’Europe. Chypre a fait savoir qu’elle ne parvenait plus à faire face à ses remboursements et se tourne, elle aussi vers la communauté européenne. Dans un même temps, on apprend que la Grèce a menti une fois encore sur l’embauche des fonctionnaires. Prétendant en réduire le nombre, elle a continué d’embaucher, confortant ainsi les pays du nord européen que méditerranéen et escrocs allaient de concert. Les agences de notation ne cessent de s’acharner sur l’Espagne qui se trouve au bord du coma économique. Quant à la partie orientale de la Méditerranée, elle explose du fait d’une double guerre larvée : celle qui déchire le monde sunnite et le monde chiite mais aussi le retour à une guerre froide qui ne veut pas dire son nom.
Une crise mondiale
Aujourd’hui la véritable richesse est la possession des sources d’énergie. Les émirats, forts de leur pétrole, arment et soutiennent dans l’ombre les sunnites et notamment les frères musulmans qui remportent des victoires dans tous les pays qui ont secoué leurs dictatures. Ainsi en Tunisie, la démocratie vire à l’aigre tout comme en Égypte. En Syrie, les Alaouites, minorité chiite, ne peuvent plus compter que sur le soutien du Hetzbollah libanais et de l’Iran tandis que les insurgés reçoivent des armes des émirats. Les États-Unis, Israël et les pays occidentaux tout en hurlant à la violation des droits de l’homme, restent tempérés, craignant qu’en cas de chute du Baas syrien, la région entière ne soit submergée par une vague islamiste sunnite sans précédent. Les incidents aériens entre la Turquie et la Syrie témoignent de cette tension à peine voilée qui, désormais met aux prises les alliés plus ou moins proches de l’OTAN et les anciennes puissances communistes. La Russie ne cache pas que la Syrie est un pion essentiel dans son échiquier géopolitique et la Chine craint désormais que l’islamisme ne pousse sa minorité Ouigour à la révolte. Le feu est en train de prendre en Méditerranée et menace la planète entière.
La dure loi de la démocratie
La position occidentale est intenable. D’une part, notre intérêt égoïste est un maintien du statu quo et un arrêt au moins momentané de la progression islamiste, tellement rapide qu’elle a interdit une émergence des classes moyennes éclairées. Mais, au nom des grands principes, nous sommes obligés de soutenir (au moins officiellement) l’aspiration à la démocratie (au moins momentanée) des masses arabes. Nous savons qu’à terme cela va se retourner contre nous et que les islamistes orientaux vont trouver dans nos sociétés injustes et en crise des relais qui vont porter le feu au sein même de l’Europe. Il va arriver le moment où il faudra choisir entre deux maux. Il n’est pas certain que la morale et la raison d’état fassent bon ménage. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les protestations contre l’attitude du régime syrien sont tellement molles. Avec cependant à la clef une conséquence assurée : plus les Occidentaux tarderont à intervenir contre le régime d’Assad plus les insurgés se tourneront vers les émirats et les islamistes. Inch Allah…
GXC