Malgré les rumeurs, la Grèce ne sortira pas de l’euro, ne reviendra pas à une monnaie locale dévaluée et ne demandera pas la restructuration de sa dette colossale (environ 335 milliards €) ! Cependant pendant quelques jours, le système a vacillé. Car, dans le monde capitaliste, tout le monde tient tout le monde par la barbichette mais ce sont les peuples qui paient les banques et pour les erreurs commises par celles-ci. Une sorte de double peine les plus pauvres étant les plus pénalisés tandis que les plus riches s’enrichissent un peu plus.
Le système dans l’impasse
Athènes ne pourra pas faire face à ses obligations. Sur les 110 milliards promis l’an dernier par les Européens et le FMI pour aider le pays à sortir de la crise, la moitié environ a été versée. La contrepartie a été un plan d’austérité qui met le pays à genoux lui interdisant toute reprise économique et aggravant donc le mal plutôt que de le combattre. Les privatisations n’ont pas donné de grands résultats et les impôts rentrent encore moins qu’auparavant. En fait de remède, nous assistons à une récession encore aggravée par l’austérité, de l’ordre de -3% ou -4%, qui est attendue en 2011. Et cerise sur le gâteau, le plan d’austérité a provoqué l’évasion des capitaux ailleurs dans l’Euroland, par peur d’un retour à la drachme. L’opération FMI est donc une catastrophe absolue.
L’Europe sans solution
Le retour à un drachme dévalué d’au moins 50% par rapport à celui d’avant l’euro, est une source d’angoisse pour la finance internationale car elle pourrait faire tâche d’huile. Aujourd’hui, la Grèce gagnerait largement à se déclarer en faillite. Une nouvelle restructuration accordée par l’Europe reviendrait à passer 50% de la dette aux pertes et profits plongeant le système bancaire européen dans une nouvelle tourmente car toutes les banques ont prêté à la Grèce en espérant faire une bonne affaire. Les instituts financiers en difficulté demanderaient à nouveau aux États, c’est-à-dire aux contribuables d’accorder de nouveaux prêts risquant ainsi de provoquer une vague de rébellion sans précédent.
Le dépeçage d’un pays et d’un peuple
Le déficit grec a certes baissé de cinq points, grâce aux baisses de salaires et à l’augmentation de la TVA. Mais les chiffres du chômage explosent (plus de 15%), les prix grimpent et la croissance n’est évidemment pas au rendez-vous puisque la consommation diminue. Les salaires ont baissé de 14% en moyenne les ramenant au niveau de 2003. Que va pouvoir faire l’Europe confrontée à un pareil dilemme. En attendant, le gouvernement grec brade les bijoux de famille en espérant récupérer 50 milliards d’euros. Le port du Pirée a été cédé aux Chinois en 2008. Abu Dhabi veut racheter des sites olympiques pour en faire des casinos. Les Allemands convoitent la compagnie de téléphone et le PMU français négocie avec l’organisme grec des paris hippiques. Ce sont donc toutes les entreprises rentables qui vont être bradées alors que ce sont elles qu’il faudrait conserver. Et les 50 milliards rapportés iront directement dans la poche des spéculateurs puisque le nouvel abaissement de la note grecque par les institutions de notation fait que le pays emprunte à un taux toujours plus élevé. L’Allemagne à la remorque La demande d’une nouvelle aide formulée par la Grèce s’est heurtée aux réticences allemandes. L’aide conjointe des Européens et du FMI est constituée d’un prêt d’environ 45 milliards d’euros à un taux de l’ordre de 5%, dont 30 milliards des pays membres de l’Union européenne et environ 15 milliards du FMI. Les pays de la zone prennent actuellement leurs dispositions législatives pour débloquer les fonds. La Chancelière allemande semble avoir posé de nouvelles conditions pour accorder une aide à la Grèce. Celle-ci ne sera versée seulement « si la stabilité de l’euro dans son ensemble » est menacée et si Athènes présente « un programme d’économies crédible ». Les marchés ont réagi positivement dans un premier temps. Mais jusqu’à quand l’avenir des peuples sera-t-il soumis aux aléas d’une spéculation de plus en plus agressive ?
GXC