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Le front de l’emploi

mercredi 9 mars 2011, par Journal de la Corse

Emploi

Le millésime 2011 pour l’emploi s’annonce meilleur. Certes, le nombre d’embauches a progressé sur le quatrième trimestre, mais leur niveau reste inférieur à celui d’avant la crise. Les optimistes estiment que les entreprises, parce que leur productivité est en baisse, ne vont pas poursuivre la destruction des emplois. Reste que la précarité est de mise et que le marché de l’emploi n’est pas euphorique. D’ailleurs, selon le Conseil d’Analyse Stratégique, l’emploi ne devrait pas retrouver ses niveaux d’avant-crise avant 2015. Patience et longueur de temps…

Un marché de l’emploi qui peine

Malgré les mesures incitatives, le chômage reste important. Certes, beaucoup d’initiatives ont été prises pour favoriser l’entreprenariat, mais la création d’entreprise peut aussi cacher une autre réalité, celle du chômage longue durée qui finit par pousser à devenir son propre employeur. Cela tendrait à faire dire que les temps de récession sont favorables à la créativité… Pourtant, le marché de l’emploi reste un indicateur fort sur la santé économique. Et on ne peut pas dire qu’il soit au top. En Corse, rien de nouveau sous le soleil : le marché de l’emploi est fortement saisonnier, cela concerne près de 7 embauches sur 10. La saisonnalité est donc très forte : entre le plus bas, au premier trimestre et le plus haut, au troisième trimestre, l’emploi varie d’environ 10 500 postes, et le nombre de chômeurs augmente fortement entre le point bas de juin et le mois de décembre (+76 % ou 6 000 personnes en 2009). Cette particularité insulaire dure depuis près de vingt ans. Donc, en dehors de ces promesses saisonnières, les intentions d’embauches, recueillies tous les ans en décembre, ne s’élèvent qu’à plus de 6 000 postes, tout type de contrat confondu.

Chômage toujours

Si la Corse avait enregistré une légère accalmie en septembre, le nombre de demandeurs d’emploi a retrouvé une progression dès octobre, touchant en premier les jeunes et les seniors. Le taux du chômage s’élève à + 11,5% sur un an. Le secteur du BTP, moteur de l’économie de l’île, reste en berne malgré l’allongement de la saison touristique. Il faut dire que les métiers les plus demandés sont d’abord ceux de l’hôtellerie-restauration, même si la saisonnalité touche aussi les secteurs du commerce, des services, de l’agro-alimentaire. Les statistiques indiquent aussi une hausse des contrats de travail à durée courte ou très courte. Selon une autre étude Insee, la Haute-Corse fait partie des départements français où la population est la moins présente sur le marché du travail, notamment les femmes (seulement 47 % des femmes âgées de 15 à 64 ans travaillent), avec pour autres caractéristiques d’avoir peu de cadres, beaucoup d’employés et de seniors, ces derniers étant surtout représentés par les chefs d’entreprise non salariés. La Corse-du-Sud dépasse la Haute-Corse de trois points, mais les deux départements restent loin derrière l’objectif de Lisbonne fixé à 70 % en 2010.

Priorités à l’emploi

Selon l’Unedic, l’économie aura créé en 2010, 93 000 emplois (après en avoir détruit 3,4 fois plus en 2009) et le nombre de demandeurs d’emplois n’aura progressé que de 24 000 en catégorie A ou de 87 000 si l’on tient compte des « activités réduites ». Ce qui pousse le gouvernement à proclamer que « Ça va mieux sur le front de l’emploi ». Certes, les entreprises recommencent à embaucher. Une étude de l’Acoss (banque de la sécurité sociale) rapporte en effet que le nombre d’embauches en contrat de plus d’un mois, réalisées par les entreprises du secteur privé hors intérim, a progressé de 2,8%, au quatrième trimestre 2010, période durant laquelle la progression des déclarations d’embauche en CDD a particulièrement soutenu la tendance. Ces dernières s’élèvent en effet à 4,1% et 3,1% pour celles de moins d’un mois alors que celles en CDI sont restées stables (+0,1%). Conclusion, les contrats de courte durée ont le vent en poupe. Vive la précarité ? Quid également de l’emploi des jeunes et des seniors, et des autres ? Parce que le monde du travail est impitoyable et que certains ont l’air d’avoir des profils de « chair à chômage » ou de « génération sacrifiée », dont l’alternative semble d’accepter quelques années de précarité, voire de galère, ou de s’expatrier.

Maria Mariana

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