La vraie mafia est à l’œuvre en Europe et la presse française se gargarise avec le crime corse. Une enquête révèle qu’alors que les responsables européens s’empaillent sur un introuvable budget, des sommes de plus en plus colossales finissent entre les mains du crime organisé mondial à commencer par les organisations criminelles italiennes. Pour la seule année 2010, les groupes mafieux auraient réussi à détourner 617 millions d’euros des fonds d’aide européens et des ressources propres de l’Union. C’est une étude présentée au parlement européen à Bruxelles qui l’affirme.
Des mafias multicartes
« Ce ne sont pas seulement les États membres les plus pauvres, du sud de l’Europe, qui sont concernés », écrit Barbara Weiler, une eurodéputée allemande, responsable du rapport, en s’appuyant sur les chiffres publiés par l’Olaf, l’office européen de lutte antifraude. La socialiste Barbara Weiler fait partie d’une commission parlementaire sur le crime organisé, la corruption et le blanchiment d’argent en Europe qui rendra ses conclusions dans quelques mois. Barbara Weiler cite comme exemple caractéristique celui de Vito Nicastri, un homme d’affaires sicilien, qui a fait fortune grâce au boom de l’éolien, jusqu’à développer 43 sociétés dans le secteur. Il a ainsi monté des champs d’éoliennes, construits avec des subventions publiques italiennes et européennes. Ces sociétés lui ont permis de blanchir l’argent de Cosa Nostra. « Le seigneur du vent » a été arrêté en septembre 2010, avec une dizaine de complices, pour certains hommes politiques locaux. Le rapport précise que la mafia est omniprésente au sud comme au nord de l’Italie. Elle profite de l’exode rural pour racheter à bas prix les terrains qu’ensuite elle utilise pour toucher des aides européennes pour l’utilisation de ces terrains. » Autre cas cité : celui de l’homme d’affaires bulgare Mario Nikolov qui a été condamné en 2010 à 12 ans de prison, pour avoir détourné 7,5 millions d’euros du fonds européen « Sapard » d’aide à l’agriculture. Avec des complices, il blanchissait de l’argent sous couvert de développement d’activités d’élevage en Bulgarie.
Une chaîne d’activités mafieuses
Dans presque tous les cas de figure, la fraude qui touche des fonds de l’UE est liée à d’autres activités criminelles, qui diffèrent selon les cas ce qui rend les politiques de prévention plus difficiles à mettre en place. L’Olaf a dénoncé 13.631 d’usage frauduleux de fonds européens sur l’année 2010 soit environ deux milliards d’euros de fonds publics dont un tiers serait directement capté par le crime organisé. Ces estimations ne prennent pas en compte les fraudes à la TVA, un éventail de techniques qui permettent à des entreprises, souvent au travers de l’ouverture de sociétés écran dans d’autres États membres à la fiscalité plus avantageuse, de contourner ces impôts coûtant plusieurs autres milliards à la Communauté européenne. En attendant, ces chiffres posent le problème de l’utilisation des fonds européens parfois distribués avec parcimonie parfois sans véritables contrôles
GXC