Les statistiques sont formelles : les allergies alimentaires ont doublé en quelques années, concernant près de 4% des adultes et 8% des enfants. Cela signifie une vigilance dans les assiettes et les rayonnages pour ne pas remplir le caddie avec des aliments qui pourraient s’avérer des poisons. Cela signifie également des campagnes de prévention, car l’allergie alimentaire peut s’avérer mortelle et ne doit pas être prise à la légère. En France, de 50 à 80 personnes meurent chaque année des suites d’une allergie alimentaire. Il s’agit d’un véritable problème de santé publique.
Au-delà de l’intolérance
Les allergies alimentaires sont une pathologie à ne pas prendre à la légère. En janvier 2002, l’Agence Française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dressait un état des lieux préoccupant. Enfants, adultes, tous sont concernés, les allergies alimentaires apparaissant avant l’âge de 4 ans. Mais il ne faut pas confondre allergie et intolérance. Certaines personnes ne digèrent pas des produits industriels qui contiennent des additifs alimentaires. Cela n’est pas de l’allergie. Celle-ci est une « réaction anormale de défense du corps à la suite de l’ingestion d’un aliment ». Les symptômes sont bien connus : picotements sur les lèvres, démangeaisons ou éruptions cutanées pour les plus légers, et crise d’asthme, œdème de Quincke... pour les plus sérieux. Dans tous les cas, dans la mesure où il n’existe pas de traitement curatif, la seule solution est de bannir l’aliment en cause et de prévoir des médicaments en cas de crise si absorption (ventoline, piqure d’adrénaline). Le risque majeur est la réaction anaphylactique, qui doit être traitée rapidement pour éviter le choc consécutif, menant à la chute de la tension artérielle, la perte de conscience et éventuellement le décès, en quelques minutes. D’où une attention accrue de la part des professionnels de la santé et des citoyens, car il n’y a pas d’explications territoriales ou génétiques.
Des pistes pour comprendre le boom
Les études sur les allergies alimentaires sont récentes et ne permettent pas d’avoir un recul suffisant, ni aucunes certitudes. Pourtant depuis le début des années 1980 dans les pays développés, les allergies alimentaires sont en augmentation. Selon le bilan de l’AFSSA, « en France, entre les années 1982 et 1995, le nombre de formes sévères aurait été multiplié par un facteur 5 ». Et si l’on en croit la dernière enquête épidémiologique à l’échelle nationale, 2,1 à 3,8% de la population générale souffre d’allergies alimentaires. Les spécialistes se posent des questions sur l’impact de l’environnement sur cette hausse de cette pathologie. Une progression qui s’explique en partie par une attention accrue sur cette maladie et aussi des modifications de comportements sociaux. Les enfants sont exposés de plus en plus tôt aux allergènes. Et les « allergènes masqués » (aliments protéiques tels que blanc d’œuf, poudre de lait, etc.) sont aussi de la partie du fait de la transformation industrielle des aliments et des contaminations survenues pendant les récoltes, le stockage, la fabrication ou le conditionnement des produits alimentaires. Pour autant manger bio ne prémunit pas contre les allergies.
Les aliments coupables
S’il l’on devait dresser un inventaire des aliments les plus allergènes, chez l’enfant, l’œuf occuperait la première place du podium (34% des cas), suivi par l’arachide (25%), le lait (8%) et le poisson (5%). Pour les adultes, les fruits du groupe latex (bananes, avocats, châtaignes, kiwis) sont grands vainqueurs (14%), puis viennent les rosacées (abricots, cerises, fraises, framboises, noisettes, pêches, poires, pommes, prunes) à 13%, enfin les fruits secs oléagineux et ombellifères (aneth, carottes, céleri, fenouil, persil, graines de carvi, graines d’anis, coriandre) à 9,5%. Être sujet d’une allergie alimentaire nécessite de prendre des précautions, d’autant que bannir certains aliments peut s’avérer plus problématique que d’autres comme les noix, le gluten, le lait, les œufs, les arachides présents dans de nombreux produits de manière plus ou moins annoncée, même si la réglementation évolue obligeant un étiquetage plus approprié. Un marché dont commencent à se saisir certains artisans, proposant des aliments sans ces allergènes à des consommateurs de plus en plus prudents et avisés.
Maria Mariana