Les déclarations de Paul Sollacaro affirmant que certains policiers et magistrats avaient une responsabilité morale dans l’assassinat de son père ont ouvert le bal des hypocrites à la langue de bois. Le procureur Dallest a aussitôt protesté comme le représentant d’un syndicat de commissaires entonnant l’air bien connu : policiers et magistrats sont tous exemplaires.
Du grotesque tragique
Si nous n’étions plongés dans le drame, les déclarations du procureur de Marseille et d’un représentant d’un syndicat de commissaire provoqueraient l’hilarité. La déclaration de Paul Sollacaro peut se résumer ainsi "On a présenté les avocats comme complices de leurs clients". Il dénonçait au passage la JIRS, juridiction d’exception. Paul Sollacaro aurait pu ajouter que certains journalistes ont joué également un rôle très trouble se contentant de répercuter les rumeurs lancées par les uns et par les autres et contribuant ainsi à un climat qui a préparé l’assassinat de Paul Sollacaro. Il aurait également pu citer certains de nos compatriotes parmi lesquels des confrères avocats qui ne sont pas privés de jeter de l’huile sur le feu. Or que répond le procureur de Marseille : Il rappelle que ses magistrats « tiennent leurs pouvoirs de la loi de la République » et « ne sont animés que par le seul souci de la manifestation de la vérité dans le strict respect du droit et de la procédure ». En écho, le syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) a demandé au ministre de l’Intérieur Manuel Valls d’engager des poursuites contre le fils d’Antoine Sollacaro afin que "l’honneur des policiers et des magistrats soit restauré". Voilà donc face à face, un avocat fils d’un autre avocat assassiné qui, selon les dires du procureur, égaré par la douleur met en cause des hommes et des femmes à qui rien ne saurait être reproché. Paul Sollacaro a bien insisté sur le fait que son accusation n’était pas globalisante mais visait certains individus.
Des aveugles et des sourds
Le même jour la presse relate que La famille d’un indic assassiné en septembre 2008 vient de porter plainte pour complicité d’assassinat auprès du procureur d’Aix-en-Provence. Une affaire particulièrement crapoteuse qui a pour origine les déclarations de policiers. Il ne s’agit donc pas là d’un fils rendu fou de douleur mais d’un policier témoignant sur des équipes gangrenées par la pourriture à savoir la BAC nord. Si on en croit, les enquêteurs l’affaire durait depuis 2003 sans que notre sémillant procureur ait jamais reniflé l’odeur de la pourriture. Et entre-temps d’autres policiers marseillais et non des moindres sont tombés pour avoir entretenu des rapports coupables avec les grands voyous. Pour être plus précis, le monde parfait que nous décrit M. Dallest n’existe que dans le livre des contes et légendes de la République française. Quant à ses déclarations et celles du commissaire elles relèvent soit du déni pathologique soit de l’incompétence. Et si nous élargissons le cercle magistrat-policiers que dire des mésaventures du commissaire Neyret et de son collègue de Grenoble. Il ne s’agit tout de même pas d’un gardien de la paix qui dérobe son pain au chocolat (c’est à la mode) à des écoliers.
Et en Corse…
Mais revenons-en à l’assassinat d’Antoine Sollacaro. Si la curiosité des journalistes continentaux les poussait à aller au-delà des rapports et rumeurs qu’ils trouvent aisément dans les bureaux des enquêteurs, ils se seraient rendu compte d’un fait majeur. La JIRS, contrairement aux déclarations lénifiantes des préfets et directeurs de police, n’a malheureusement élucidé aucun assassinat survenu sur le sol corse. Aucun… En second lieu, de nombreuses rumeurs provenant souvent des alentours (mais peut-être est un hasard) des alentours de la JIRS, faisaient état de fuites cernant une construction policière mettant au centre d’un complot Alain Orsoni et Maître Sollacaro. On peut donc affirmer que certains leur ont accroché une cible dans le dos espérant (peut-être) qu’ainsi habillés ils seraient dégagés. Ce ne sont là que conjectures mais qui malheureusement sont étayées par les faits. On peut d’ailleurs supposer qu’un travail symétrique est accompli dans l’autre "camp" de manière à éventuellement provoquer une auto élimination des supposés criminels. Ce ne serait pas la première fois que des policiers (et non la police) agiraient ainsi. Je renvoie aux égouts de Marseille. Un haut fonctionnaire de l’intérieur interrogé par le Figaro à propos de l’assassinat de l’indic sur informations données par des policiers répond : « S’il est vrai qu’ils ont trafiqué des stupéfiants comme on le dit. S’il est vrai qu’ils ont embourbé les sommes que l’on avance. S’il est vrai qu’ils ont, comme nous cherchons à le vérifier, effectué des descentes à la batte de baseball chez certains trafiquants qu’ils terrorisaient littéralement. Si tout cela est vrai, alors tout est possible ». Voilà un homme prudent et conscient qui la joue modeste contrairement au procureur et au commissaire. Ainsi donc le système ripou mis en place par des policiers à Marseille et jamais détecté (ou dénoncé ?) par les services du procureur, n’indiquerait pas seulement un certain mépris pour la procédure judiciaire mais aussi pour la vie humaine ? On me concédera qu’il y a de quoi réfléchir et que les déclarations de Paul Sollacaro ne sont peut-être pas seulement suscitées par le seul désespoir d’un fils qui vient de perdre son père mais par un certain bon sens.
GXC