Accueil du site > Societe > Le 5e risque aux oubliettes ?
 

Le 5e risque aux oubliettes ?

jeudi 24 novembre 2011, par Journal de la Corse

En début de campagne, ou même de mandat, des promesses sont faites. C’est le jeu auquel nous allons assister, et qui se profile déjà. C’est le temps des bilans aussi. Et en la matière, la guerre du chiffre risque d’être sanglante, ainsi que le ping-pong des responsabilités. Mais tel est le combat électoral. Certaines promesses sont sacrifiées sur l’autel de la rentabilité et de la crise. D’autres sont comme de la poussière glissée sous le tapis. La Sécu et le débat sur le 5e risque ont tout l’air d’un cadavre laissé dans le placard. Seul constat imparable : à moins de mourir jeune, nous allons tous devenir vieux, reste à savoir dans quelles conditions et à quelle sauce sera accommodée la dépendance.

Débat, plan et projets

Le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale avait été chargé de cet épineux dossier de la dépendance. Une sorte de road show de débats interdépartementaux et interrégionaux a été organisé sur tout le territoire, celui qui devait avoir lieu à Ajaccio le 20 juin a été annulé, mais figurait dans le calendrier. Depuis la remise du rapport cet été, sœur Anne ne voit plus rien venir. La faute à la satanée crise, sans doute, la dépendance n’ayant plus la priorité dans les agendas des élus. Enfin, des plans ont bien été établis, parce que l’accompagnement des personnes âgées figure dans le champ des compétences des départements. D’où des plans, comme celui que le Conseil général de la Corse-du-Sud a établi « schéma départemental d’accompagnement de la perte d’autonomie et du handicap » pour la période 2011-2015. Ces plans soulignent la conscience nationale de la nécessité de « positionner les personnes dépendantes comme parties prenantes des acteurs de la politique des territoires ». Quoiqu’il en soit, chaque région a sa stratégie et ses moyens, mais tout cela manque de vision d’ensemble et de cohérence nationale.

Vieillissement programmé

Avec les projections de l’Insee, personne ne peut ignorer que la courbe démographique de la France tend plus vers une hausse de têtes grises que de nourrissons. D’après l’Insee, en 2020, plus de 26% de la population aura 60 ans et 35% en 2050. Toutes les régions françaises auront à faire face au vieillissement accru de sa population, et fatalement, du nombre de personnes dépendantes et de l’augmentation des dépenses de soin. La Corse a à y faire face de manière encore plus accentuée compte tenu de la particularité de son contexte sociodémographique : une région faiblement peuplée, avec une forte croissance démographique, un vieillissement important de sa population (allongement de l’espérance de vie, immigration des retraités). D’ici 20 ans en Corse, plus d’un tiers de la population aura plus de 65 ans. Face à cette augmentation, la question du développement des services d’aide à la personne pour le maintien à domicile et de la création de nouvelles places en institution prend de plus en plus d’importance. Le Conseil général de la Haute-Corse, avec son service d’aide sociale aux adultes est un service complexe qui diffuse de l’information sur le Comité départemental des Retraités et des Personnes âgées CODERPA) et regroupe de multiples aides pour le maintien à domicile ou la vie en établissement. Les dépenses consacrées à la dépendance sont évaluées à 22 milliards d’euros.

Réforme de la dépendance

Selon une étude de l’Insee de 2006, 1 200 000 personnes seront dépendantes en 2040. Cette étude fait aussi le point sur la manière dont cette dépendance est prise en charge : combinaison de la solidarité familiale et de la solidarité collective. Sauf que le contexte économique n’est pas favorable à ce que les aidants puissent rester disponibles et que les aides aillent crescendo. En 2015, il y aura plus de 2 millions de personnes de plus de 85 ans. Face à ce défi démographique, les réponses ne sont pas simples, d’où cette idée de créer un « 5e risque » à la Sécu qui combinerait un financement public au titre de la solidarité et la mise en place d’une assurance individuelle encouragée par des incitations fiscales. Mais ce chantier, pourtant annoncé tambour battant en début de mandat, est sans cesse reporté parce que « traiter ce dossier dans le contexte actuel n’est pas raisonnable ». Pourtant, le temps ne suspend pas son vol, lui, et n’est pas atteint d’anosognosie non plus d’ailleurs.

Maria Mariana

Répondre à cet article