Devant porter les couleurs de l’UMP lors des élections législatives de juin 2012, Laurent Marcangeli s’apprête à franchir un nouveau palier.
La tentative de Joselyne Mattei-Fazi d’arracher l’investiture UMP dans la première circonscription de la Corse du Sud était vouée à l’échec. Laurent Marcangeli a eu gain de cause. En réalité, pour le maire de Renno, comme pour bien d’autres, les plats sont passés. Ayant occupé durant plus de trente ans le haut de la scène politique, ils vont devoir s’accoutumer à ne plus jouer les premiers rôles. Une nouvelle génération politique prend son envol, Laurent Marcangeli en est une des figures les plus marquantes. Rien ne semblait pourtant l’y prédestiner car il n’est pas issu d’une lignée politique. En effet, son ascension ne doit rien à l’environnement familial. Se reconnaissant dans le gaullisme, il a adhéré au RPR de la Corse du sud en 1997. Il avait alors 16 ans. Militant très investi, il a été repéré et soutenu par Roland Francisci. En 2003, il est devenu un des membres élus de l’UMP de Corse-du-Sud. Ses premiers combats de candidat, il les a menés comme colistier sur les listes CCB / RPR conduites par Marc Marcangeli aux municipales d’Ajaccio de septembre 2000 et mars 2001. En mars 2008, à l’occasion des élections municipales d’Ajaccio, il a été élu conseiller municipal et, très vite, s’est révélé être un opposant talentueux de la majorité de gauche siégeant à la Maison carrée. Cette réussite ainsi que son sens du terrain et de l’organisation, lui ont valu, en mars 2011, d’être élu conseiller général du premier canton d’Ajaccio. Ce qui lui a permis d’accéder à la très influente et enviée présidence de la commission Cohésion Sociale et Santé du département de la Corse du Sud ainsi qu’à la présidence de la commission Ajaccio. Devant porter les couleurs de l’UMP lors des élections législatives de juin 2012, Laurent Marcangeli s’apprête à franchir un nouveau palier et son ascension pourrait bien prendre un tour irrésistible. En effet, son engagement militant, ses soutiens, ses succès, les valeurs humaniste et sociale dont il se réclame ainsi que son attachement revendiqué à la cité impériale, en font un adversaire avec lequel Simon Renucci devra compter. L’actuel député-maire d’Ajaccio aurait tort de négliger celui qui lui disputant aujourd’hui son siège au Palais Bourbon, pourrait demain être un fer de lance ou, mieux encore, le leader de la reconquête de la Maison carrée par la droite. Certes « Tonton Simon » est encore en bonne position pour conserver ses mandats de parlementaire et de maire. Il reste populaire, peut se prévaloir de réalisations et de projets, bénéficie du soutien de la Collectivité territoriale et aura peut-être aussi comme atout d’être le candidat d’une toute nouvelle majorité présidentielle. Mais un succès étriqué en juin prochain, surtout s’il ne creuse pas l’écart à Ajaccio, serait annonciateur d’un scrutin municipal à haut risque pour la gauche ajaccienne.
Tonton Simon devra souquer ferme
Or, Laurent Marcangeli part à la bataille avec un esprit de gagnant et escompte, au minimum, faire vaciller la suprématie de Simon Renucci. Les atouts ne lui manquent pas. Dans le rural, il a déjà érodé le pouvoir de nuisance que pourrait avoir Joselyne Mattei-Fazi si, durablement dépitée de n’avoir pas été investie comme candidate de l’UMP à la députation, elle s’entêtait à le combattre. Il dispose des soutiens de François Colonna (conseiller général des Deux Sorru, maire de Vico) et de Michel PinellI (conseiller général du Cruzzini / Cinarca, maire de Sari d’Orcino). Sur l’ensemble de la circonscription, il s’impose comme étant capable de fédérer. Se présentant comme un enfant d’Ajaccio et affirmant que la reconquête de la Corse par la droite doit partir de cette ville, il incarne la tradition bonapartiste et la fierté ajaccienne. Etant très à l’aise dans les structures de l’UMP, il bénéficie de la polarisation de la droite autour ou au sein de ce parti. Laurent Marcangeli sait aussi mener de front l’action de terrain et celle d’élu influent. On l’a vu se déplacer de nuit pour constater l’état d’avancement d’un chantier routier sur la route des Sanguinaires, dont il avait promis la réalisation quand il n’était encore que candidat aux élections cantonales. Respectant un autre engagement électoral, il va au contact des habitants de son canton lors de réunions citoyennes. On le retrouve en pointe dans la contestation des dispositions concernant le stationnement à Ajaccio. Enfin, lors des réunions du conseil municipal d’Ajaccio, il continue d’apparaître comme un opposant déterminé. Quant à son influence, il l’exerce à la présidence de la commission Cohésion Sociale et Santé du département de la Corse du Sud. Cette responsabilité le met en position d’être un acteur majeur et reconnu des politiques de protection de l’enfance, d’insertion des personnes en difficulté, d’attribution du RSA, d’aide aux personnes handicapées et âgées. Elle lui permet aussi d’avoir prise sur les interventions du Département dans les domaines de la voirie, de l’éducation, de la culture, de l’insertion par l’emploi et du logement social. Même assis sur le pédalo d’un François Hollande qui l’emporterait dans la course à l’Elysée, Simon Renucci devra souquer ferme.
Pierre Corsi