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L’emploi, toujours àla dérive

jeudi 29 juillet 2010, par Journal de la Corse

Chomage L’emploi, toujours àla dérive Bien caché derrière des arbres gigantesques tels que le dossier des retraites, le financement des partis et l’affaire Bettencourt, et avant cela le Mondial et le fiasco de l’équipe de France, et encore la burqua et l’identité nationale, la forêt que représente le gros morceau de l’emploi n’en reste pas moins bien présente et visible. Presque plus que le trou de la Sécu. C’est dire. Baromètre au plus bas Les chiffres n’en finissent pas de plomber les statistiques… et le moral ! Le taux de chômage en Corse pour le premier trimestre 2010 s’élève à9,3% (9,5 % pour la France), contre 8,2% l’an passé (8,7% pour la France), et ce malgré les variations saisonnières. Pas de baisse annoncée, la stabilisation haute est désormais l’actualité. Ce qui n’est pas pour rassurer eut égard au taux élevé, toutes catégories confondues, avec pour mai : 11 870 chômeurs (cat. ABC, c’est-à-dire les demandeurs d’emploi inscrits àPôle emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi), soit une hausse de 15,4 % sur un an (1 580 chômeurs de plus par rapport à2009) ; 2 820 chômeurs de longue durée, soit une hausse de 22,6 % sur un an ;1 680 chômeurs de - de 25 ans, soit une hausse de 24,4 %. Même si on reste dans des proportions nettement inférieures àla flambée de 2009, les statistiques attestent de la persistance de fortes hausses pour les chômeurs de longue durée, les plus de 50 ans et les jeunes. En dépit du nombre des offres d’emploi qui progresse, la Corse est dans une situation inquiétante, pire que celle que durant les années 1993-1997, loin de la reprise du marché du travail. Et ces chiffres sont mauvais, quelles que soient les méthodes de calculs. Car même si la bataille fait rage depuis un bout de temps sur les manières de calculer le chômage, la situation n’en reste pas moins catastrophique sur l’ensemble du territoire puisque les estimations pour l’année 2010 sont de 10,2%. Retour des deux chiffres… Pôle emploi en souffrance Le gouvernement en est conscient. La mesure ayant regroupé Assedic et ANPE en un unique Pôle Emploi n’a pas montré son efficacité. Au contraire, réduire les demandeurs d’emploi en données chiffrées a déshumanisé ce service public, durcissant les conditions de travail des agents de Pôle Emploi, déjàbien en peine de pouvoir répondre àtoutes les sollicitations en période de crise. Si les suicides au sein d’une entreprise sont devenus le nouveau baromètre, Pôle Emploi ne talonne pas encore France Télécom, mais les tentatives sont là. En février dernier, un cadre du Pôle Emploi d’Ajaccio avait tenté de se taillader les veines, stigmatisant un malaise profond, sur fond de « Â harcèlement  » et de « Â discrimination  », ainsi qu’il l’avait inscrit en lettres de sang. Sordide, mais pas moins révélateur de la pression que l’emploi, et son absence, peut faire peser. Les dysfonctionnements de ce service rendu unique provoquent la surchauffe, révélée par un questionnaire antistress envoyé à25 000 agents (plus de 51%). 88 % avouent ne pas être bien préparés àleur nouveau travail… Désaveu total de la toute jeune fusion qui ne peut rien contre la violence physique et verbale que subissent les agents au quotidien. Polémiques en tout genre Mi-janvier, la question des chômeurs en fin de droit avait créé la polémique. La casse sociale, pour ne pas dire la fracture, allait être sans précédent. D’autant que l’Observatoire français des conjonctures économiques a établi que même une croissance de 1,25% ne permettra pas de stabiliser le chômage. Alors, lorsque l’on apprend que Pôle emploi passe par des sociétés d’intérim pour embaucher des CDD – malgré une CV thèque de plus de 4 millions de chômeurs – le scandale est énorme, attestant du chemin de la libéralisation, pour ne pas dire la marchandisation, du retour àl’emploi des chômeurs. À cela vient s’ajouter une autre aggravation de la situation, par l’appauvrissement des ressources et moyens alloués àl’Afpa. La formation des chômeurs est amputée, car l’Afpa est devenu progressivement un acteur commercial sur le marché de la formation, en concurrence avec des entreprises privées… En somme, en période de crise, la solution est de tout transformer en marchandise, même le chômage. Un nouveau concept pour relancer la croissance, la rentabilité du chômage ? Maria Mariana  

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