L’édito d’Aimé Pietri
Les partisans de la langue corse, les nationalistes surtout, s’évertuent à remettre le corse en selle. Par tous les moyens y compris les peu recommandables. Tout récemment, François Alfonsi, l’honorable député européen, de retour du pays de Galles où il était allé chercher le modèle linguistique applicable à la Corse a fait étalage des réussites, obtenues là-bas, en suivant la voie des antiques sources gaéliques. Il n’empêche qu’à y regarder de près on constate que les Gallois, tout comme les Irlandais ou la plupart des citoyens qui continent de faire, à travers le monde, allégeance à la reine d’Angleterre, parlent anglais sans l’ombre d’une hésitation et l’emploient dans le langage courant. Même si, de ci de là, ils se laissent aller, sans doute pour faire couleur locale, à l’emploi de quelques phonèmes identitaires. On ne voudrait quand même pas décourager les tenants du corse et leurs efforts pour l’imposer comme langue véhiculaire. D’autant que l’Etat, quoiqu’on en dise, les soutient financièrement et loin de leur mettre les bâtons dans les roues aide au rétablissement d’un idiome appelé à une inexorable disparition. En a-t-il fait assez ? Il lui reste sans doute encore à faire. A commencer par l’établissement d’une « prime au corse » qu’il verserait à tout locuteur particulièrement doué pour donner plus vigueur à la « lingua nustrale ». Une telle prime serait de nature à donner un coup de fouet à ce parler vernaculaire que l’on espère entendre de nouveau comme au début du siècle dernier. Mais l’Etat ira-t-il aussi loin dans la promotion du corse ? Et est-il seulement disposé à y laisser quelques plumes supplémentaires ? D’autant qu’au train où vont les choses, le corse comme le français ne semblent avoir aucun avenir face à l’omnipotence de l’anglais qui, chaque jour d’avantage, étend son « leadership ».