Journée de l’Europe paraît-il. Certainement pas festive en tout cas. Il n’y a pas eu profusion, sur les places et établissements publics, du drapeau bleu à la couronne d’étoiles. Il fut un temps où de Gaulle, hostile à toute réforme supra nationale ricanait :« L’Europe, l’Europe, l’Europe ».
C’était au cours d’une campagne présidentielle qui l’opposait au très européiste candidat Lecanuet. Aujourd’hui l’écho répond à la dérision gaullienne :« La Grèce, la Grèce, la Grèce ! » Eh oui. La Grèce, petit pays méditerranéen de cinq millions d’habitants, voué à l’agriculture, à ses vins et son huile d’olive et plus encore à son tourisme a failli sortir de l’euro. Folle rumeur a-t-on fait savoir. Véhiculée cependant par le grand magazine allemand Der Spiegel, réputé sérieux. On sait en outre que l’opinion publique en Allemagne est massivement opposée à toute aide à la Grèce. Aussitôt les ministres des finances de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne se sont réunis au Luxembourg avec le président de l’Euro groupe Jean-Claude Junker, avec Olli Rehn de la Commission européenne et le ministre des finances grec Georges Papaconstantinou. L’an passé la Grèce avait bénéficié d’un programme d’aide de 110 milliards d’euro provenant de l’Union européenne et du Fonds monétaire international. Un an après, le déficit du budget par rapport au Pib de la Grèce n’avait pas baissé. L’addition supplémentaire consentie au représentant d’Athènes serait de 20 milliards d’euro. Les participants de la réunion du Luxembourg ont craint la contagion d’une faillite grecque éventuelle. L’Etat grec espère récupérer dans les cinq prochaines années 50 milliards d’euro en provenance de la vente des actifs publics, c’est-à-dire des privatisations. La moitié de cette somme devra être déboursée en 2013. A quoi s’ajouteraient 4,5 milliards d’intérêts. Mais le chancelier de l’Echiquier anglais Georges Osborne a déclaré que la Grèce pourrait avoir besoin d’un soutien ultérieur de la zone euro. Dans cette éventualité la Grande Bretagne n’y participerait pas. On le voit, les nuages s’accumulent et la dette du Portugal assombrit encore l’horizon de l’Europe. Et qu’adviendrait-il de la Grèce détachée de l’euro, avec ses 110 milliards d’euro prêtés et non remboursés ? Elle ne trouverait plus de prêteurs. L’Europe elle-même serait discréditée. Un scénario de l’horreur s’enclencherait alors. Tout serait vendu. Les ports, les aéroports, les îles….. N’oublions pas que lorsque le Mur de Berlin est tombé la République Démocratique Allemande n’était plus en état de payer ses fonctionnaires. Voilà ce qu’il risque d’en coûter à la Grèce pour s’être « shootée » à l’euro. Et la situation du Portugal obligé de serrer, comme la Grèce, la vis fiscale et de vendre une partie de ses biens n’est pas enviable non plus. La leçon de la Grèce est que nous avons changé d’époque. Nos politiciens eux aussi ont tendance à promettre tout et n’importe quoi, sans se soucier du paiement. Mais les électeurs feraient mieux de se méfier des programmes de ceux qui n’indiqueront pas comment ils entendent les financer. Rappelons simplement que la Corse bénéficie, si l’on ose dire, des deux départements métropolitains les plus endettés. Et elle ne possède pas de joyaux de la couronne à vendre s’il le fallait.
Marc’Aureliu Pietrasanta