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La guerre des sexes n’aura pas lieu

jeudi 10 mai 2012, par Journal de la Corse

L’égalité hommes-femmes n’en finit pas… de diviser. Les études et rapports qui sont produits par divers observatoires et groupes de réflexion s’accordent sur les avancées obtenues, mais aussi sur le chemin qui reste à parcourir. Si les lois existent et attestent de ces améliorations, les mentalités ont encore quelques réflexes archaïques bien ancrés… Loin d’être une norme sociale réelle, ce sont des vieilles habitudes, qui arrangent. Alors les modifier, ça dérange, forcément.

Parité, vous avez dit parité ?

Olympe de Gouges rédige en 1789 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, réclamant l’égalité en matière politique : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud. Elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » Hélas, Olympe de Gouges mourra sur l’échafaud, sans obtenir la citoyenneté. Ce n’est qu’en 1945 que les Françaises obtiennent le droit de vote et accèdent à la citoyenneté. Pourtant, l’accès à la citoyenneté n’est pas suffisant pour accéder à la parité. Et en politique, les femmes sont toujours sous-représentées. La question des quotas est loin d’être idéale, car cela remet en cause le principe d’universalité du citoyen, et beaucoup de femmes s’en inquiètent car le choix des femmes « se ferait non pas en fonction de leurs qualités, mais de leur sexe ». Mais les législateurs ont voulu accélérer le mouvement et contraindre. C’est ainsi que depuis 2000, tout scrutin de liste (élections municipales dans les communes de plus de 3500 habitant, régionales et européennes) doit comporter un nombre égal d’hommes et de femmes, à un près. Depuis la loi du 31 janvier 2007, la parité est également obligatoire dans les exécutifs locaux. La représentation des femmes sur la scène politique insulaire demeure malgré tout relativement faible, à l’exception de l’Assemblée de Corse.

Tabous à combattre

Cela n’empêche ni le sexisme, ni les attitudes machistes de s’inviter dans les débats. Et les traditions ont la vie dure. La dernière étude de l’Observatoire de la parité révèle que les hommes politiques ont une vision très conservatrice de la place de la femme dans la société. À droite, les politiques d’égalité s’inscrivent dans une grande tradition, celle de la figure maternelle. Dans son étude, l’Observatoire de la parité note que « les femmes sont d’abord des mères, ensuite des travailleuses et, enfin des citoyennes ». Autre exemple, malgré des diplômes et des carrières, le salaire des femmes reste inférieur (de l’ordre de 20 à 30%) à celui des hommes. Sans doute car le salaire des femmes est vécu comme un salaire d’appoint. Le proverbe corse en est une illustration Da e donne è da i boi cacciane quant’è tù poi (tire le plus grand profit du travail des femmes et de celui des bœufs). La vie de labeur des femmes ne s’est pas arrêtée avec l’accès au travail salarié… Loin s’en faut ! Et souvent, pour une femme, il faut choisir entre « produire ou se reproduire »… Célibattante, mais pas toujours par choix.

Le nouveau féminisme

Dans une lettre ouverte adressée aux candidats des élections présidentielles, le collectif « les Féministes en mouvement » (regroupant plus de 40 associations féministes) présente ses dix mesures phares en matière d’égalité hommes femmes : remboursement total de l’IVG, ouverture de 500.000 places en crèche et de 4.500 places d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, création d’un ministère des Droits des Femmes, revalorisation des métiers dits féminins, majoration des cotisations sur les temps-partiels. Des questions toujours en suspens. Preuve en est, le tollé suscité par les propos de Nicolas Sarkozy sur la contraception des mineurs. Les féministes ont violemment réagi, critiquant un recul du droit des femmes. Indignation des féministes, qui osent de plus en plus s’afficher, dans tous les pays, usant parfois de la provocation pour utiliser leur corps-objet à leurs avantages. Parce que le féminisme, c’est avant tout une manière de repenser totalement les règles sociales, pour les deux sexes. Et pour que le féminisme ne se transforme pas en machisme à l’envers, il faut que les deux sexes gagnent. Que cela ne soit pas testostérone contre progestérone, la guerre des genres. Un peu comme l’image de la femme, qui ne cesse de balancer entre esclave et maîtresse-femme. Stéréotype, quand tu nous tiens…

Maria Mariana

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