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La Grèce au bord du gouffre

jeudi 17 mai 2012, par Journal de la Corse

Les nazis ont fait une entrée fracassante au parlement grec avec vingt-trois députés. L’extrême gauche est devenu le troisième parti de Grèce plongeant ainsi le pays dans une crise dont on voit mal comment il va parvenir à s’en sortir.

La responsabilité écrasante des clans grecs et de l’Europe

Il est vrai que les Grecs paient très peu d’impôts. Il est tout aussi exact que tous les Grecs ont largement profité de la manne européenne sous la forme d’un surendettement démentiel. Mais la première responsabilité en revient à une classe politique, droite et gauche confondue, divisée de manière très méditerranéenne en clans qui se partagent et se disputent le pouvoir depuis des décennies. Ces hiérarques ont laissé filer un système qui les maintenait en place se moquant des conséquences à venir qui ne pouvaient manquer d’arriver. La deuxième responsabilité incombe aux autorités européennes qui ont souscrit à l’adhésion de la Grèce qui fut le dixième membre à adhérer à la Communauté économique européenne (CEE) le 1er juillet 1981, après un long processus initié en 1961 avec la signature de l’accord d’association d’Athènes et ratifié en 1979. Cet accord fut le premier signé par la nouvelle CEE avec un pays non-membre. Or les institutions européennes ont eu le temps d’observer ce pays privé d’un véritable état. Elles ne pouvaient ignorer les fausses déclarations et la course à l’abîme poursuivie par la Grèce. Elles n’ont rien fait pour des raisons bêtement idéologiques : il ne fallait pas donner l’impression que l’Europe faisait machine arrière et il s’agissait de faire face à une Turquie soutenue par les États-Unis et très agressive à Chypre.

Un bilan catastrophique

Le résultat de ces laisser-aller est catastrophique. Les extrêmes sont désormais en position de force et proposent tout simplement d’affronter l’Europe. Symboliquement l’un des représentants de la coalition de la gauche radicale Syriza est Manolis Glezos, âgé de 90 ans, militant communiste qui eut le courage de décrocher le drapeau nazi de l’Acropole en 1939 et entra ainsi dans l’histoire de la Résistance. Il a en face de lui le Chryssi Avyi, l’Aube dorée qui cache à peine ses sympathies hitlériennes. Cette radicalisation de la situation grecque témoigne de l’exaspération d’une situation de misère grandissante. Le malheur est que les étrangers sont devenus des boucs émissaires et chaque nuit à Athènes les néo-nazis se livrent à de véritables ratonnades. L’Europe est de son côté pris au piège grec. Si elle laisse la Grèce sortir de l’ensemble européen elle enverra un signal désastreux aux financiers qui prêtent de l’argent aux états endettés : car derrière la Grèce se profile la chute du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie.

Une rude tâche pour François Hollande

La gauche française est partisane de réviser le pacte européen de stabilité qui exige des mesures d’austérité particulièrement drastiques pour les pays où prédominaient jusqu’à maintenant l’état providence c’est-à-dire en grande partie les états de l’arc méditerranéen auquel appartient la France. Les pays septentrionaux et notamment l’Allemagne refusent de réviser le pacte. Ils sont désormais soutenus par l’Italie dirigée par Mario Monti. Ce dernier qui a imposé à son pays une austérité terrible ne veut pas céder persuadé qu’il est que toute faiblesse mènerait au dépôt de bilan de l’Europe. Toutefois, conscient que l’austérité est l’ennemie d’une reprise de la croissance, il s’est proposé de coaliser les "bonnes volontés" pour que l’Europe mette au point des mesures favorisant une croissance "compatible" avec les engagements de rigueur budgétaire voulus par l’Allemagne. L’attitude de la France sera, dans un tel contexte, décisive, sachant que la seule alternative qui reste est celle de la planche à billets c’est-à-dire de faire le pari d’une croissance dopée par l’inflation. La tâche s’annonce rude pour François Hollande d’autant que les grandes entreprises ont décidé de briser la trêve des plans sociaux observée durant les élections présidentielles. Des milliers de licenciements sont annoncés dès juin alors même que va se jouer le sort du prochain parlement français qui, selon toutes vraisemblances, sera dominé par les partisans du président de la République. La gauche, détentrice de tous les pouvoirs locaux et nationaux, ne connaîtra pas d’état de grâce.

GXC

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