Curieux comme le terme même de Galsi a disparu du vocabulaire en Corse. Il n’y a pourtant pas si longtemps qu’élus et ministres se succédaient pour jurer les grands dieux que ceux qui prétendaient le Galsi fini n’étaient que de mauvais esprits et des menteurs.
De la Libye à l’Algérie…
Il faut dire que les Dieux eux-mêmes se sont ligués en une sainte clique pour enterrer ce projet qui, au demeurant, n’avait jamais vu le jour. L’effet domino initié par la révolution tunisienne joue en effet contre le Galsi. L’intervention alliée en Libye, menée par un Nicolas Sarkozy belliqueux n’a guère plu à Alger qui, depuis belle lurette, considère le fou du désert comme un allié de premier ordre. Il est vrai que Kadhafi, aidé en cela par les services secrets britanniques et américains, était devenu un combattant anti-terroriste hors pair après avoir été lui-même le responsable de nombreux attentats anti-occidentaux. C’était donc du pain bénit pour les généraux algériens qui s’appuyaient sur l’armée libyenne pour combattre Al Qaida Maghreb sur son front sud. On voudrait au passage être certain que le jeu en valait la chandelle car un nombre important dirigeants du conseil national de transition libyens sont des anciens ministres de Kadhafi (dont celui de la justice notamment responsable du calvaire des infirmières bulgares) ou d’anciens alliés d’Al Qaida. Il est donc peu probable qu’Alger facilite l’arrivée du Galsi en Corse en admettant toutefois l’invraisemblable à savoir la construction du Galsi qui en est toujours au stade imaginaire.
Une Italie en vrac et une Russie efficace
Le deuxième facteur négatif est assurément l’état financier de l’Italie qui, semaine après semaine, rejoint celui de l’Espagne ou du Portugal. On peut sincèrement douter qu’à la veille d’une catastrophe financière l’Italie investisse des milliards d’euros dans la construction d’un gazoduc qui, au demeurant, n’est pas vital pour l’approvisionnement énergétique du pays. Le 12 juillet dernier, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, effectuait une visite officielle en Algérie à l’invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci. Nous autres Corses, obsédés par notre indépendance énergétique (belle indépendance en vérité que celle qui dépend de l’Algérie) nous espérions qu’il serait au moins fait allusion au Galsi. Que nenni ! Rien n’a transpiré en tous les cas de ce qui s’avère être une véritable usine à gaz. On peut imaginer que Silvio Berlusconi, qui n’a pas hésité à traiter l’Italie de « paese di merda », se contrefout de ce foutu gazoduc auquel seul les nigauds et les sots croient encore.
Une énergie venue du nord
Et voilà que la Russie s’y met. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a inauguré le 6 septembre le gazoduc Nord Stream, un projet stratégique visant à approvisionner directement l’Europe occidentale en passant par la Baltique et contournant l’Ukraine, principal pays de transit. M. Poutine a lancé le processus de mise en service à la station de compression de Portovaïa, près de Vyborg, sur les bords de la mer Baltique, en compagnie de l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, qui préside le consortium Nord Stream. "Le volume de gaz fourni (sera) comparable à l’énergie produite par onze centrales nucléaires", a déclaré M. Poutine. Nord Stream, d’une longueur de 1.224 km, transportera 55 milliards de mètres cubes de gaz par an jusqu’à la ville allemande de Greifswald en traversant les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l’Allemagne. La première conduite, d’une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes, avait été achevée en mai. Une deuxième est en cours de construction et doit être achevée fin 2012, doublant la capacité du gazoduc. Et cela est une réalité et non pas un fantasme. Cela réduit évidemment l’utilité du Galsi puisque l’énergie une fois arrivée en Allemagne sera transformée en électricité et injectée dans le réseau allemand. La seule question qui vaille encore concernant le Galsi est donc : pourquoi et comment faisons-nous pour croire avec autant de naïveté aux billevesées des hommes politiques qui se contrefoutent de leurs promesses aussitôt qu’ils les ont prononcées. À propos que pense du Galsi le ci-devant ministre Borloo qui se montrait si péremptoire en Corse. C’est également une question à poser à nos propres élus qui n’ont jamais douté. Vont-ils se satisfaire du fuel lourd ou entamer d’ici peu une croisade pour une énergie moins polluante ? À moins que le Galsi ne soit comme la prison d’Ajaccio une vaste pantalonnade destinée à amuser le bon peuple lorsque ce dernier rue un peu trop dans les brancards ?
GXC