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La France à la remorque des Etats-Unis

jeudi 14 avril 2011, par Journal de la Corse

L’offensive française sur la Côte d’Ivoire rappelle par bien des côtés les opérations coloniales du bon vieux temps. Mais en arrière-fond se profile un autre scénario : la France incarnée par un président en mal de reconnaissance nationale se met au service de la puissance américaine afin de lui éviter une nième guerre désastreuse au risque de réveiller le sentiment anti-français sur le continent africain quand bien même quelques centaines d’insurgés crieraient « vive Sarkozy ».

Les nostalgiques de l’empire colonial français

Pour justifier l’attitude de neutralité pratiquée en Tunisie, Nicolas Sarkozy expliquait doctement que la France n’avait pas à s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays souverain. En Libye et en Côte d’Ivoire cette doctrine n’est visiblement plus de mise. En Libye, la situation va progressivement vers l’exigence une intervention terrestre tournant ainsi le dos à la décision de l’OTAN et dessinant le spectre d’un enlisement durable. En Côte d’Ivoire, la France feint de n’être présente que pour des raisons humanitaires et démocratiques, alors que les forces de Ouattara commettent des massacres tout comme les troupes de son adversaire Gbagbo. À moins de considérer que l’humanitaire est à sens unique, il faut se rendre à l’évidence : la Côte d’Ivoire (dont la seule désignation est coloniale) est un pays divisé en ethnies qui n’ont guère envie de vivre ensemble. La démocratie n’est pas plus d’un côté que de l’autre et sauf à penser que sa seule garantie est la menace d’une intervention occidentale. Nous allons devoir nous résigner à ce que les peuples résolvent eux-mêmes leurs propres difficultés quitte à ce que cela soit au prix de la souffrance et du malheur. Il me semble que le seul et efficace outil pour aider la démocratie serait de cesser toute vente d’armes aux belligérants. Pour l’heure, l’intervention française, même commandée par l’Onusie, apparaît de plus en plus comme une réédition des guerres coloniales, l’envahisseur prenant toujours le parti de l’un des adversaires évidemment en prétextant la diffusion des valeurs universelles distillées par la France.

La curieuse attitude des Etats-Unis

Nicolas Sarkozy a toujours montré une grande admiration pour l’empire américain s’opposant ainsi à la doctrine gaulliste basée sur l’indépendance nationale. Désormais, il n’est plus que le chien courant du grand frère américain. Barak Obama a annoncé être candidat pour les présidentielles de 2012. Il sait que ses opérations guerrières sont très mal perçues dans un pays aux tendances protectionnistes. Il presse donc ses alliés britanniques et français d’accomplir le sale boulot à sa place. Et Nicolas Sarkozy obéit tout heureux de paraître important à l’étranger à défaut de ne plus l’être dans son pays. Cet homme est une girouette qui donne le tournis. N’était-ce pas lui qui annonçait la fin de la Françafrique et qui demandait à l’homme africain de s’inscrire dans l’histoire ? Quelle curieuse façon de l’y aider. Mais c’est surtout la manière la plus maladroite qui soit de vouloir continuer d’exister sur un continent africain où s’installent Américains, Russes et Chinois, richesses naturelles obligent. Ces aventures guerrières sans grande gloire ressemblent à celle menée par Napoléon III en pays zoulou ou au Mexique. Tout cela s’est payé à Sedan par une défaite majeure de l’Empereur. Nicolas Sarkozy est un homme qui pense que vouloir c’est pouvoir. Or le monde s’est complexifié et désormais pouvoir c’est aussi savoir mesurer ses propres limites. Et celles de la France ont considérablement rétréci depuis les années 70. Il serait bon de l’intégrer et de penser à son propre territoire, à son propre peuple bref de se mesurer à sa juste taille plutôt que de se prendre pour un géant.

GXC

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