L’édito d’Aimé Pietri
Il y a quelques mois, un certain nombre d’économistes « distingués » se gargarisaient d’une sortie de crise dont la Corse – disaient-ils péremptoirement - était la seule en Europe à pouvoir se glorifier. On n’a jamais su sur quelles certitudes s’étaient basés les économistes en question et quelles statistiques les avaient amenés à pousser un tel cocorico. On a su très vite en revanche que cette île loin d’être exempte du mal dont souffrait le vieux continent le subissait de plein fouet. Les insulaires s’en étaient rendus compte avant même l’avis des optimistes à tout crin et leurs assertions pour le moins fantaisistes rien qu’en constatant que leur plein d’essence était plus cher ici qu’ailleurs, que la hausse des prix se vérifiait partout et même chez le boulanger qui ne se gênait pas pour afficher la baguette à un euro. Sans compter tout ce qui remplissait hier le panier de la ménagère et qui s’avère aujourd’hui pratiquement inabordable dés lors que le seuil de pauvreté se rapproche inexorablement du Corse moyen. Et ce ne sont pas les quelque 16.000 chômeurs recensés à la fin du mois d’août dernier qui pourraient l’en éloigner. Ceux-là flirtent avec le dénuement qu’ils ne tentent même plus de cacher tant leur détresse est paralysante. Et ce ne sont pas les moyens d’évasion, financièrement hors d’atteinte, qui peuvent la leur faire oublier. Pendant ce temps les élus territoriaux dissertent sur les avantages d’une évolution institutionnelle que certains qualifient de véritable panacée. Mais est-elle à même d’améliorer le sort des démunis, jeunes et vieux, de plus en plus envahissants ? On aimerait bien en être convaincus. Mais personne n’est en mesure de conforter nos éventuelles convictions. Sauf à nous donner l’espoir qui aide à vivre.