Mohamed Merah, le tireur du sud-ouest, a donc été abattu par la police en combattant et son action a été revendiquée par une organisation proche d’Al Qaida. Il va donc devenir aux yeux de milliers de personnes un martyr et il risque fort de créer des émules. Mais, en amont de sa disparition, l’action de la police et des services de renseignement sont sujets à discussion surtout si on compare leur action avec celles menées en Corse.
Des services de renseignements peu efficaces
Chez nous, le moindre soupçon de relation avec le monde de la voyoucratie entraîne tout aussitôt une intervention de policiers cagoulés qui, sur commission rogatoire, brisent les portes des demeures et en ruinent l’intérieur. Dans le cas de Mohamed Merah, la police et les services de renseignement ont sérieusement cafouillé n’en déplaise aux laudateurs de leur action finale. Voilà un jeune homme repéré lors de ses voyages en Afghanistan, désigné parles autorités afghanes comme un poseur de bombes au service des Talibans, information transmise à toutes les polices du monde. Il avait participé à une réunion de salafistes en Espagne où vraisemblablement les "loups solitaires" ont appris leurs "missions". Enfin il avait été fiché après la plainte d’une mère qui l’avait dénoncé comme recruteur islamiste. Et, cerise sur le gâteau, son frère était également connu pour des idées similaires. Il faisait donc partie des quinze personnes potentiellement dangereuses tout spécialement surveillées par les agents de la DCRI dans le Sud-Ouest. Il n’avait pas changé de domicile depuis sa tendre enfance. Comment expliquer que parmi les cinq cents et quelques adresses IP repérée sur Internet par les policiers après l’assassinat d’un des militaires, il n’ait pas pu être situé en quelques heures ?
De terribles défaillances
Il n’est pas question ici de tomber dans un propos conspirationniste qui serait totalement déplacé mais de noter ces terribles défaillances qui ont permis la tuerie des enfants juifs. Une fois passée l’exaltation de cette médiocre victoire, il faudra bien examiner les brèches dans le dispositif policier. Et l’horreur suscitée par les assassinats Mohamed Merah ne doit pas autoriser Nicolas Sarkozy a rogner encore sur les libertés publiques en prétendant interdire la consultation de sites internet au titre qu’il serait porteur de propagande terroriste. De telles mesures ouvrent la porte à un contrôle scandaleux des comportements puisque seront pénalisés non les actes mais les éventuelles intentions qui seront traitées par l’anti-terrorisme au même titre qu’un attentat. Voilà des futures lois qui remettent à l’ordre du jour le procès d’opinion.
La Corse et les autres
Qu’une société se défende contre les agressions dont elle est la victime est légitime. Je remarque simplement qu’en Corse le moindre soupçon de complicité avec la voyoucratie vaut un traitement d’une brutalité inouïe tout comme dans les cités des banlieues continentales. Les errements des autorités vis-à-vis de Mohamed Merah, laissent donc dubitatifs. Pour le moins… Et il est regrettable que la gauche, dans un unanimisme craintif, n’ait pas osé soulever de telles questions qui sont en définitive des questions fondamentales pour notre futur. Il serait tout simplement désastreux de penser que la seule répression suffira à empêcher la multiplication des Mohamed Merah. Le plus efficace sera que la France retrouve une légitimité dans les cités où de jeunes gens seraient tentés par de pareilles aventures. Il faut réimplanter les services publics, la police de proximité et offrir un avenir à une jeunesse désemparée et désespérée.
GXC