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La démocratie dans le collimateur

jeudi 27 septembre 2012, par Journal de la Corse

Le nouvel attentat perpétré contre les locaux bastiais de Corse-Matin est inacceptable et il est bon que les protestations soient unanimes. Il est simplement regrettable qu’elles ne l’aient pas été lorsque le journaliste Enrico Porsia, auteur d’une enquête sur le Padduc et des terrains détenus par le président de l’exécutif corse, a eu sa voiture détruite.

Un geste inacceptable

Il est toujours malsain après un attentat d’épiloguer sur les raisons qui ont pu pousser les criminels à agir. Car, ce faisant, on salit la victime et on paraît offrir quelque légitimité au coupable. Il est tout simplement inadmissible que la presse soit attaquée si ce n’est devant les tribunaux. Peu importent les griefs que l’on peut porter contre des journalistes. On ne porte pas atteinte à la liberté de la presse. Voilà qui est dit. Maintenant je veux rappeler ici qu’un journaliste a vu sa voiture plastiquée dans le village de Conca. Il s’agissait d’Enrico Porsia qu’on voulait ainsi "punir" pour ses reportages. Celui-ci avait publié une enquête portant sur des terrains détenus par Ange Santini en Balagne. Or les élus corses dans leur majorité, loin de défendre le principe élémentaire du droit d’informer, se sont accordé une séance de discussion pour… condamner le journaliste. Lorsque celui-ci a eu son véhicule plastiqué, les mêmes élus se sont tus, solidarité corporatiste oblige. Mieux, un directeur de journal en l’occurrence le mensuel Corsica, a laissé entendre sur les ondes de RCFM que le reportage d’Enrico Porsia pourrait s’apparenter à de la délation. Les journalistes de RCFM ont eux aussi observé un très pudique silence. Alors oui aujourd’hui il est juste d’élever une vive protestation contre l’agression insupportable dont a été victime Corse-Matin. Mais il est aussi juste de rappeler qu’un principe ne supporte pas la moindre entorse.

Encore des questions de principe

Les deux présidents de la Corse ont rappelé à l’État ses devoirs régaliens de sécurité envers les Corses. Je m’étais étonné que la Corse ne soit pas placée en zone prioritaire de sécurité. Néanmoins nous devons tous avoir en conscience que la question de la violence ne sera pas résolue par une augmentation de policiers et de gendarmes déjà fort nombreux sur nos terres. Il faudra une prise de conscience des Corses et des actes afin que cet enlisement cesse. Le premier aurait du être celui des élus qui sont montés aux journées nationalistes de Corte. Il était bon qu’ils le fassent mais, ils auraient dû à mon humble avis, dénoncer au nom là encore de principes, la revendication du FLNC relative à l’assassinat de Christian Leoni advenu le 28 octobre 2011. Il n’est pas question de poser des préalables aux discussions pouvant permettre un éventuel apaisement mais de s’interroger sur des questions fondamentales comme le droit de vie ou de mort d’une infime minorité sur d’autres citoyens qui s’arroge le droit de juger, de condamner et d’exécuter un homme toujours au nom d’un peuple corse qui n’a jamais voix au chapitre ? L’abolition de la peine de mort décidée en 1981 a-t-elle été une bonne décision ? N’était-il pas du devoir des élus démocratiques qui se sont rendus à ces journées que d’affirmer la suprématie de la vie sur la mort, de la démocratie sur les décisions arbitraires prises par un petit comité masqué ?

Préparer une véritable autonomie

Bien que dans le futur les notions d’autonomie et d’indépendance auront peu de poids par rapport à celui d’une survie conditionnée qu’on le veuille ou non par l’aide qui nous sera consentie par l’Europe ou la France, nous avons le devoir de poser les premières pierres d’une gestion des affaires publiques plus souple que celle que nous connaissons. Cela signifie surtout une prise de conscience de l’intérêt commun au détriment des intérêts particuliers. Or la violence est par définition la négation du principe négatif ou le constat de son inexistence. En tout état de cause, la violence devra être bannie de la Corse future faute de quoi nous plongerons dans un chaos mortel. Alors autant commencer dès aujourd’hui et condamner les mauvaises habitudes que nous avons héritées d’une histoire tourmentée.

GXC

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