Sur le site Ouma, le journaliste René Aba tire un bilan catastrophique de la stratégie occidentale née de l’attaque d’Al Qaida sur les États-Unis en 2001.
Un coût humain et financier colossal
Première constatation : l’offensive débutée en 2001 a abouti à la fin de cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète. C’est d’abord un désastre pour les forces attaquantes mais aussi pour les pays attaqués. Loin d’un bilan chirurgical, les pertes occidentales en Afghanistan et en Irak s’élevaient, au 22 août 2011, selon une estimation menée par les professeurs Neta Crawford et Catherine Lutz, au printemps 2011, pour le compte de l’université Brown, extrêmement prudente à 225 000 morts et environ 365.000 blessés. Le nombre de soldats tués se chiffre à 31.741, dont environ 6000 Américains, 1200 soldats alliés, 9900 Irakiens, 8800 Afghans, 3500 soldats pakistanais ainsi que 2300 membres de sociétés militaires privées, faisant de cette guerre la plus meurtrière pour les États-Unis depuis la guerre du Vietnam et sans doute la plus coûteuse depuis la seconde guerre mondiale. Le coût total des guerres menées par les États-Unis en Afghanistan, en Irak et au Pakistan aurait coûté la somme astronomique de 3700 milliards de dollars. L’Irak, à lui seul, aura coûté au budget des États-Unis la somme de mille milliards de dollars. Ce chiffre ne tient pas compte du coût de l’entretien des 90.000 soldats américains maintenus sur place durant la période de transition. Ni la Corée ni le Vietnam n’avaient coûté autant, alors que la guerre du Vietnam (1960-1975) avait duré quinze ans et que le corps expéditionnaire américain s’élevait à cinq cent mille soldats. Les guerres américaines depuis le 11 septembre 2011 ont coûté davantage que la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), la plus chère à ce jour (2.000 milliards de dollars en dollars constants/1.500 milliards d’euros). Avec en superposition des dommages collatéraux substantiels de 200.00 civils irakiens tués, près d’un million de blessés et trois millions de déplacés.
La fin du modèle occidental
Alexandre le Grand avait déjà été vaincu par la Mésopotamie. Le monde occidental risque fort de l’être par l’offensive américaine et alliée lancée contre l’Irak. C’est en effet tout l’édifice post colonial mis en place par un Occident glorieux qui a commencé de sombrer avec la chute de l’Irak laïc dirigé par le dictateur Sadam Hussein. La guerre anglo-américaine contre l’Irak a provoqué la destruction d’un des rares états laïcs du monde arabe, l’Irak, et le duo diplomatique franco-américain sur le Liban, la vacance du pouvoir présidentiel du seul pays arabe dirigé par un Président chrétien. Un précédent lourd de conséquences pour l’avenir. D’autant que la Syrie issue elle aussi de la révolution baassiste menace de sombrer dans une guerre civile sanglante d’où jaillira un pouvoir mulsulman tout comme en Tunisie, en Lybie et en Égypte. Le « grand jeu » afghan pour un « Grand Moyen orient », vision américaine sous-tendue par les enjeux énergétiques des prochaines décennies, s’est donc révélé calamiteux pour ses initiateurs, éradiquant les principaux pivots de l’influence occidentale en terre d’Islam : le commandant Massoud Shah, le Lion du Panshir, en Afghanistan, les deux anciens premiers anciens ministres, Rafic Hariri et Benazir Bhutto, le sunnite libanais en 2005 et la chiite pakistanaise en 2007, deux personnalités situées aux extrémités de l’axe devant servir de levier à l’avènement du « Grand Moyen Orient ».
Un résultant proprement ahurissant.
Victime du retournement pro américain de son ami français Jacques Chirac, l’élimination de Rafic Hariri (février 2005) est survenue l’année même du décès de son protecteur, le Roi Fahd d’Arabie, mort six mois plus tard en août 2005, le mois même où Mohamad Ahmadi-Nijad, le représentant de l’aile dure du régime islamique était élu à la présidence de la République iranienne. L’annonce de la fin de la mission de combat de l’armée américaine en Irak, le 21 août 2010, est intervenue le jour de la mise en route de la centrale nucléaire iranienne de Boucher, mise en route qui risque de provoquer un nouveau conflit avec pour outil de destruction massive américain, l’état d’Israël. Et la révolte musulmane touche désormais une dizaine de pays arabes notamment la Syrie, la Libye, le Yémen, le Bahreïn, épargnant curieusement l’Arabie saoudite, pourtant un des principaux responsables de ce gigantesque désordre mais contamine l’Afrique subsaharienne. La démission des États-Unis face à Israël qui continue sa colonisation rampante de la Palestine, la montée d’un islamisme de plus en plus radical dopé par la paupérisation du monde arabe, signe la faillite morale de l’Occident, en même temps que cinq siècles d’hégémonie absolue occidentale sur le reste de la planète. « Il ne faut pas franchir l’Euphrate. Au-delà de l’Euphrate, c’est le domaine des aventuriers et des bandits ». écrivait Auguste dans son testament.
GXC