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La Corse au cœur de la zone des tempêtes

jeudi 31 mai 2012, par Journal de la Corse

Il est désormais quasi certain que la Grèce va quitter la zone euro durant l’été. Or une telle éventualité risque fort de créer un vent de panique dans la finance internationale et mettre en péril les pays de l’arc méditerranéen européen dont la Corse est d’une certaine façon le cœur.

La menace Grèce

Le 17 juin, alors que nous connaîtrons la composition du nouveau parlement français, la Grèce votera elle aussi à l’issue d’une cauchemardesque crise sociopolitique. Ces élections ne résoudront en rien la crise sociale et financière que traverse la Grèce. Il y a tout lieu de croire que les partis extrémistes en sortiront renforcés et la démocratie affaiblie. Le nouveau parlement pourrait alors décider d’abandonner les réformes exigées par ses bailleurs de fonds, provoquant tout aussitôt un éclatement de la zone euro. D’ailleurs, anticipant sur cette possibilité, de nombreux Grecs retirent leurs économies des banques aggravant au passage les difficultés du pays. Désormais, les investisseurs internationaux ont le sentiment qu’un front essentiel a cédé et que l’Espagne pourrait bien être le prochain pays candidat à un plan de sauvetage européen, tant ses banques sont affaiblies par des créances douteuses. L’Italie pourrait être le troisième pays à plonger elle qui ne parvient pas à rembourser sa dette abyssale de 1900 milliards d’euros, l’une des plus lourdes au monde après les États-Unis et le Japon. Mais les États-Unis font fonctionner la planche à billet (et font donc payer leur dette au reste du monde). Quant au Japon, il est propriétaire d’une majeure partie de sa dette alors que l’Italie (comme le Portugal, la France ou l’Espagne) dépend de créditeurs extérieurs. Le simple soupçon d’un retour à la drachme, la monnaie grecque, a provoqué une panique qui s’est d’ores et déjà propagée à l’Espagne. Signe, ô combien significatif, de la crise traversée par l’Europe, l’Allemagne vient d’émettre un emprunt de 4,55 milliards d’euros à taux zéro aussitôt couvert. En d’autres termes, les spéculateurs préfèrent prêter de l’argent à l’Allemagne sans intérêt plutôt que choisir d’autres pays a priori plus rentables. Parallèlement et logiquement, l’Allemagne a refusé l’émission d’eurobons qui se traduiraient par une mutualisation de la dette des différents pays européens et donc un partage des remboursements par tous les pays de la zone euro.

L’Europe en récession

L’OCDE a indiqué que l’Europe était à ce jour la seule zone économique du monde en récession avec un chômage en hausse à 10,8% en 2012. C’est la Grèce qui affiche le recul du produit intérieur brut (PIB) le plus marqué : - 5,3% prévus en 2012, -6,9% en 2011, soit 20 milliards d’euros de revenus en moins pour les Grecs en deux ans ! Les différents plans d’austérité ne fonctionnent pas et appauvrissent les Grecs. En Espagne et en Italie, le PIB reculera respectivement de 1,6% et 1,7% du PIB, en 2012. Ces pays doivent également faire face à une colère sociale qui inquiète fortement les dirigeants et les marchés. En Espagne, le montant des pertes sur créances douteuses pourrait atteindre 260 milliards d’euros. Les banques espagnoles ont annoncé lever 184 milliards d’euros de capitaux propres, ce qui laisse un déficit de 76 milliards d’euros. Or, pour l’instant, l’Espagne refuse toute aide extérieure. Le problème est que l’orgueil national ne cadre pas avec les réalités économiques. D’autant que le Portugal voisin est lui aussi en piètre situation.

Si la Grèce quitte l’euro

Dans le cas où la Grèce quitterait l’euro, la facture serait particulièrement lourde pour la France. Entre tout, chaque contribuable y serait d’environ 1.650 euros de sa poche. Ce qui signifie très précisément qu’une fois encore l’argent public servirait à recapitaliser des banques défaillantes et à remplir les poches des spéculateurs les plus avisés. Les conséquences seraient particulièrement dramatiques pour l’exercice budgétaire français qui devrait tailler dans le vif afin de ne pas aggraver le poids de sa propre dette. Difficile dans de telles conditions d’appliquer les réformes promises par le candidat Hollande lors de sa campagne électorale. De son côté la Grèce connaîtrait une descente aux enfers qui ressemblerait à celle qu’a connue l’Argentine durant des années. La drachme diviserait par deux les revenus des Grecs et la facture des importations serait multipliée par deux. De quoi provoquer des cauchemars dans toute la zone sud européenne mais aussi à l’Allemagne dont 75% des exportations sont à destination intra-européennes. Les régions marginales telles que la Corse subiraient un contre coup sévère des coupes budgétaires même si, pour l’heure, l’injection des fonds du PEI donne le sentiment d’une petite croissance annuelle.

GXC

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