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La collectivité confrontée à l’urgence sociale

jeudi 12 mai 2011, par Journal de la Corse

C’est une série de questions axées sur la dégradation sociale qui a ouvert la session extraordinaire du 3 mai.

La session s’est ouverte par les traditionnelles questions orales qui permettent de faire un point sur les problématiques qui traversent la société corse. Quelques jours après la commémoration des 25 ans de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl, des interrogations sur le financement d’une enquête épidémiologique sur les conséquences sanitaires en Corse ont été formulés par Diane Bedu-Pasqualaggi, présidente de la commission ad hoc. Lors d’une réunion en avril dernier, le coût de cette enquête a été estimé entre 300.000 et 400.000€.

Quel financement pour l’enquête épidémiologique ?

Rappelant qu’en 1986 la Corse « figur(ait) parmi les régions ayant été les plus exposées » et que « la réaction des pouvoirs publics s’est avérée d’une incroyable confusion », la présidente de la commission Tchernobyl a souhaité obtenir des éclaircissements du président Paul Giacobbi sur une participation financière de la Collectivité territoriale. « J’ai indiqué que j’étais tout à fait disposé à ce que notre institution participe au financement d’une telle étude (…) à la condition expresse que l’Etat et l’Union Européenne y apportent une large contribution », lui a répondu Paul Giacobbi. Même si le contexte s’oriente davantage vers l’impossibilité de mobiliser des financements communautaires et l’insuffisance des crédits disponibles, la CTC va proposer « d’intégrer au titre du PO-FEDER un volet relié à la recherche en épidémiologie » lors d’un comité de suivi qui se tiendra le 18 mai. Il est également étudiée l’éventualité de réaffecter des crédits sur le programme PO Italie-France, sachant que ce pays a été également durement touché par le nuage radioactif ukrainien. « Sachez néanmoins que je considère l’attitude de l’Etat scandaleuse sur cette affaire délicate et sensible où de nombreuses personnes en Corse et en France continentale ont contracté de graves pathologies », a ajouté Paul Giacobbi, rappelant son investissement de longue date pour la juste indemnisation des personnes victimes d’accident nucléaire.

Prix plus chers

La situation sociale a ensuite occupé une partie des questions orales par la voix de Hyacinthe Vanni et Antoine Orsini. Qu’il s’agisse de la dégradation de la situation sociale en général ou du prix des carburants plus élevés en Corse que sur le continent, les difficultés rencontrées au quotidien par les insulaires se sont imposées au Conseil exécutif. Pour le groupe Femu a Corsica, Hyacinthe Vanni a estimé qu’« aujourd’hui, il y a urgence sociale en Corse ». La précarité a gagné toutes les couches de la société et nombreux sont ceux qui ont recours à des associations caritatives. La conjugaison de plusieurs facteurs a abouti à « une situation sociale désastreuse », estime l’élu territorial nationaliste qui regrette de ne pas voir « arriver le tournant social qui nous était annoncé ici même depuis plus d’un an ». Dans les rangs de la gauche, Antoine Orsini relève qu’en Corse, le litre de carburant est « sensiblement plus élevé de dix centimes que sur le continent », ce « qui pénalise fortement l’automobiliste, contraint ici plus qu’ailleurs d’utiliser son véhicule personnel » et « fragilise de nombreux secteurs de l’économie insulaire », notamment les entreprises de transports. Et l’élu dénonce également des « variations importantes d’un territoire à un autre où l’Extrême-Sud et la Balagne affichent de véritables records de prix ». Observer à la pompe en moyenne 1.58€ pour le sans-plomb et 1.45€ pour le gazole lui semble « insoluble et inexpliqué » étant donné que la fiscalité avantageuse fixe sur l’île une TVA à 13% au lieu des 19.6% appliqués sur le continent. Enfin, Antoine Orsini a regretté que la CTC ait « contrairement à la grande majorité des régions françaises, renoncé à la modulation à la hausse de la fraction régionale de la TIPP ». Bien que l’instance régionale ne dispose guère de compétences en matière sociale, une mission régionale d’information sur la précarité et l’exclusion sociale va être lancée prochainement, a indiqué Maria Guidicelli, conseillère exécutive en charge de ce sujet. A cet outil s’ajoute l’élaboration d’un nouveau règlement des aides pour élargir les possibilités de financements de la CTC dans les domaines sociaux. Enfin, les conclusions des Assises du foncier devraient apporter quelques pistes pour solutionner le difficile accès au logement des foyers modestes. De petits outils nécessaires pour répondre aux grands maux que rencontrent un nombre toujours grandissant de familles corses. Face auxquels toute collectivité se sent, hélas, bien impuissante.

M.K

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