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La cocotte-minute européenne

jeudi 24 mai 2012, par Journal de la Corse

Aujourd’hui l’Europe va mal. La contestation populaire créée par l’austérité grandit sans toutefois proposer de véritables solutions à la crise ouverte par les appétits d’un système financier vampirique qui désormais dévore la poule aux œufs d’or en tuant la croissance au nom de l’efficacité budgétaire. Les dirigeants de la vieille Europe connaissent tous les uns après les autres des défaites qui fragilisent un peu plus la situation.

L’Italie en proie à une violence sociale

Le patron d’Ansaldo Nucleare, une filiale du géant public italien Finmeccanica, a été "gambisé". Deux inconnus lui ont tiré une balle dans la jambe, méthode "popularisée" par les Brigades rouges dans les années 1970-80 quand ses militants "punissaient" les "ennemis du peuple" et les "traîtres". Cet acte a été revendiqué par une cellule anarchiste italienne qui a annoncé « huit nouvelles actions » pour venger des anarchistes emprisonnés en Grèce. « Nous avons rendu boiteux Roberto Adinolfi, l’un des grands et si nombreux sorciers de l’atome à l’âme pure et à la conscience propre », a déclaré la cellule Olga (Ikonomidou, du nom d’une militante anarchiste détenue en Grèce) de la Fédération anarchiste informelle (FAI) dans une lettre au quotidien Il Corriere della Sera. Cet acte a été accompagné par d’autres signes d’une tension sociale qui ne manque pas d’inquiéter les autorités. Un cocktail Molotov a été lancé contre une perception à Livourne, sur la côte toscane. L’engin n’a pas explosé et seule la porte du bâtiment a été endommagée. Mais la colère contre Equitalia, l’agence de perception des impôts est désormais de plus en plus violente. Vendredi, à Rome, une lettre piégée a été reçue par une perception, là aussi sans exploser. Le 9 décembre, une lettre avait explosé dans une autre agence d’Equitalia. Également vendredi à Naples, la foule a spontanément manifesté devant une perception en tentant de s’emparer du bâtiment. La police est intervenue et il y a eu des heurts.

Une colère populaire contre l’austérité de l’Italie à l’Allemagne

Comme en Grèce, la résistance à l’austérité semble devenir de plus en plus violente en Italie à mesure que la pression des services fiscaux s’intensifie. Il y a trois mois, alors que le Parlement grec devait voter en faveur du plan d’austérité imposé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, des heurts avaient opposé des manifestants à la police. Aujourd’hui la Grèce prépare de nouvelles élections qui vraisemblablement dessineront une impossibilité de trouver une solution qui satisfasse l’Europe et les Grecs. La violence a également gagné l’Espagne où des incidents avaient éclaté à Barcelone en mars dernier. En Espagne toujours, les Indignados se sont fait refouler par les forces de police. En Allemagne la contestation a pris un tour plus ordonné. La chancelière Angela Merkel a subi une déroute en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en faisant perdre environ 9 points par rapport à 2010 au parti démocrate chrétien, la CDU qui recueille environ 25,5% des suffrages, soit son plus mauvais score jamais enregistré dans le cœur industriel de l’Allemagne avec des villes comme Cologne et Düsseldorf. La coalition fédérale libérale-conservatrice, qui tente d’imposer à l’Europe sa rigueur économique, avait déjà essuyé un revers dimanche dernier au Schleswig-Holstein dans le Nord du pays. Les Allemands font savoir qu’ils ne veulent pas payer pour ce qu’ils appellent le Club Med l’Europe du sud.

Un point de force pour François Hollande

Cette victoire devrait donner un nouvel élan à la gauche allemande et alimenter le débat sur l’austérité prônée en Europe par la chancelière Merkel. Elle devrait doper la position du nouveau président français François Hollande qui dès le premier jour de son investiture ouvre la discussion pour que la politique européenne rime avec relance et non pas seulement avec austérité. Les remèdes à la crise économique, chacun le sent bien, ne sont pas d’ordre technique mais bien politique. Alors que les banques montrent au quotidien qu’elles ne cherchent encore et toujours qu’à pomper l’argent des contribuables, alors que la plus grosse banque américaine Goldman Sachs avoue une perte sèche de 2 milliards de dollars après des placements spéculatifs hasardeux, la réponse des gouvernants s’ils veulent éviter une montée des périls, est de faire comprendre aux plus puissants qu’il faut lâcher du lest envers les Misérables. Faute de quoi on s’orientera vers des débuts de guerre civile inévitables en commençant par les pays où les états sont faibles voire inexistants.

GXC

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