L’été venu, la climatisation, on aime. Pourtant elle peut nuire à la santé, amincit le portefeuille et accentue le réchauffement de la planète.
Au volant, au bureau, à l’atelier, dans les lieux publics, dans notre logis aussi, la climatisation permet une activité performante, réduit l’inconfort et limite les effets néfastes de la chaleur sur les organismes. Chez nous, depuis des semaines, elle semble indispensable. Mais, prudence. Quand on entre et sort souvent d’une voiture, d’un espace de travail, d’un édifice ou d’une pièce d’habitation disposant de l’air conditionné, gare à l’angine pouvant résulter des chocs thermiques. L’atmosphère climatisée constitue un terrain favorable au développement de la rhinite allergique, de la sinusite ou de pathologies pulmonaires graves chez les personnes à la santé fragile ou en état de grande fatigue. Une mauvaise maintenance peut aussi avoir des effets néfastes. Un filtre encrassé génère la multiplication de germes pathogènes. L’entretien insuffisant d’une tour réfrigérante ayant pour fonction de refroidir l’eau des circuits de climatisation, favorise la multiplication et la dispersion de légionelles. Enfin, la climatisation met à mal le portefeuille. En période de canicule, une utilisation rationnelle - sans recherche d’un écart exorbitant entre la température ambiante et celle de l’espace climatisé – provoque un gonflement de la facture domestique d’électricité de 25 à 30%. Lors d’un été « normal », par an et par logement, l’augmentation sera d’environ 10%. Quant aux climatiseurs mobiles, souvent présentés comme « pratiques » et « pas chers », ils sont à proscrire. Gourmands en électricité, ils ne garantissent que de médiocres résultats thermiques. Enseignement de tout cela : la « clim » n’a rien d’une solution miracle.
On peut encore s’en passer !
Elle est d’autant moins « miraculeuse » qu’elle agit défavorablement sur l’environnement. En effet, l’utiliser accentue le réchauffement durable de la planète. Ainsi, pour faire face aux « pics » de consommation engendrés par les climatiseurs, les opérateurs doivent augmenter la production d’électricité. Ce qui, si l’on pousse les centrales thermiques, accroît l’émission estivale de gaz à effet de serre. Par ailleurs, l’évaporation du fluide frigorigène à base d’hydrofluorocarbures (HFC) contenu dans les climatiseurs, augmente elle aussi l’effet de serre. Or, passé un certain temps, tout système de climatisation se dégrade et laisse se produire cette évaporation. Et un kilo de HFC évaporé équivaut à 1,3 kilo de dioxyde de carbone ! Enfin, les véhicules climatisés consomment davantage de carburant. Plus 10% à 20% sur route ! Plus 20% à 30% en ville ! Ce qui ajoute encore à l’effet de serre. Et à la ruine du conducteur… En réalité, la climatisation est un non-sens écologique. Son utilisation doit vraiment relever de nécessités avérées : maintenir les activités de service public et économiques ; pallier à des isolations thermiques inexistantes ; préserver la santé et le confort de publics fragiles (malades, personnes âgées, enfants en bas âge…) ; faire face à des chaleurs extrêmes. Les grappes de climatiseurs, au demeurant inesthétiques, qui envahissent les façades de nos immeubles relèvent souvent d’utilisations inutiles ou superflues. Pour peu que l’on ventile son intérieur, garde les volets clos, se rafraîchisse régulièrement le corps et s’hydrate convenablement, pour peu aussi que la construction présente quelques qualités d’isolation thermique, il reste en effet encore possible de se passer de « clim ». Comme y parvenaient si bien nos aïeux...
Alexandra Sereni