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La chute du régime syrien : Une page de l’histoire occidentale tournée

jeudi 2 août 2012, par Journal de la Corse

Terre de passage, la Syrie connaît aujourd’hui la fin du parti Baas, à l’origine arabiste, socialiste et laïque. C’était aussi la réponse aux colonialismes ottoman, britannique et français. La place est désormais libre pour un islam extensif et agressif.

Un peu d’histoire…

Terre de rencontre, la Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, les Croisés, les Turcs Ottomans et enfin par les Français qui fit appel, après la Première guerre mondiale, à la Société des Nations pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions de l’indépendance. C’est ainsi qu’à l’instar du Liban, une grande variété de communautés religieuses, a de tout temps cohabité en Syrie parmi lesquelles les Allaouites, les Sunnites, les Druzes, les Kurdes etc. Paul de Tarse, le futur Saint-Paul, a été converti au christianisme sur la route de Damas, et a établi une Église d’abord à Antioche en Syrie antique (aujourd’hui en Turquie). C’est de ce port qu’il est parti pour plusieurs de ses voyages de mission. Damas, fondée il y a plus de 12 000 ans, est l’une des villes les plus anciennes au monde. Après l’arrivée des conquérants musulmans, elle est devenue la capitale de l’Empire omeyyade qui s’étendait de l’Espagne à l’Asie centrale (661 à 750 apr. J-C.). La Syrie fut occupée par les Ottomans de 1517 à 1918 date à laquelle les forces arabes alliées aux Britanniques prennent le pouvoir et forment la grande Syrie qui comprend outre la Syrie actuelle, le Liban, la Jordanie, l’actuel Israël et les actuels territoires palestiniens. Mandatés par la Société des nations, les Français écrasent les Syriens et entrent à Damas. La Syrie devient alors un protectorat tout comme le Liban voisin. Il faudra la Seconde guerre mondiale, le conflit judéo-arabe pour que la Syrie devienne indépendante au même titre que le Liban et la Jordanie. Le parti Baas est un écho du nassérisme égyptien avec qui la Syrie a créé l’éphémère république arabe unie en 1958, réponse laïque et républicaine aux tentatives d’ingérence occidentale (crise de Suez en 1956) mais aussi à l’ascension des Frères musulmans. En 1963 le parti Baas prend le pouvoir en Syrie et en Irak. En 1970, le ministre de la défense syrienne Hafez el-Assad renverse le gouvernement de Salah Jedid discrédité après l’humiliante défaite consécutive à la Guerre des Six jours menée par l’Égypte et la Syrie contre Israël. En 2000, Hafez el-Assad décède et laisse la place à son fils cadet, Bachar.

Les raisons d’une défaite annoncée

Ce n’est pas la première fois que le régime baassiste doit affronter une rébellion. En 1982 l’armée syrienne écrase à Hama une insurrection islamiste provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes. Mais Hafez el-Assad profitait du silence arabe soudé par la lutte contre Israël, du soutien soviétique et de la complicité tacite du monde occidental tétanisé par l’implosion libanaise. Aujourd’hui il en va autrement. Les révoltes tunisiennes et libyennes, la chute du baassisme irakien et la redistribution des cartes dans le Moyen-Orient, signent à terme la fin du baassisme syrien. Toute la question est de connaître le prix humain à payer pour en arriver à cette conclusion. Les Israéliens souhaitent la fin d’Hafez el-Assad qui soutient l’Iran et le Hetzbollah libanais mais pas celle d’un régime qui lutte contre la montée de l’intégrisme sunnite. Les Américains s’interrogent avec angoisse sur les conséquences de la disparation du baassisme. L’exemple irakien est proprement catastrophique et celui de la Libye l’est autant puisqu’aujourd’hui le Mali et l’Afrique noire septentrionale est déstabilisée. Il est vraisemblable que la carte la plus "sage" serait un coup d’état intérieur qui déferait le clan el-Hassad mais permettrait de conserver les structures répressives de l’état baassiste. Néanmoins, les insurgés syriens semblent réussir sans l’aide occidentale. Ce sont autant de points que les combattants islamistes engrangent pour le futur. La fin du baasisme syrien est le signe indiscutable que la période du post-colonialisme de l’après guerre est une page qui se tourne.

GXC

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