La Chine, deuxième puissance économique au monde, ne cache plus son intérêt pour la conquête du monde. Forte de ses liquidités, elle achète à tour de bras en Europe mais aussi en Afrique anticipant ainsi sur les carences à venir en matière d’énergie et de production minière. La Méditerranée par où passent 40 % du commerce mondial est donc un enjeu pour l’Empire du Milieu.
Une stratégie à long terme
La Chine n’a plus de communiste que le nom. Elle est devenue une force capitaliste dans le pire sens du terme mais une puissance intelligente qui sait que pour survivre dans la jungle humaine, il faut s’adapter. Elle possède à ce jour une stratégie visant à acquérir des technologies américano-européenne, à former sa main-d’œuvre aux processus de production, En contrepartie elle développe ses ressources financières en exportant ses productions vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Elle n’est plus seulement la productrice de biens fabriqués pour d’autres. Depuis 2000, elle est devenue exportatrice d’investissements directs. Dans cette stratégie, l’Afrique constitue un élément clé aux allures très diverses : économique, diplomatique, scientifique, militaire, sanitaire, etc. Elle est désormais présente sur l’ensemble du continent africain dans les gisements de matières premières, l’extraction de minéraux, le BTP, les télécoms, les infrastructures logistiques, le secteur bancaire, et bien entendu le petit commerce. Elle s’est dotée d’un vaste réseau fort d’une cinquantaine de délégations commerciales et de chambres de commerce sino-africaines. Cette stratégie est d’autant plus efficace, que l’Afrique a des besoins énormes en routes, en écoles, en hôpitaux, en petits équipements adaptés à ses productions, etc., et que d’autre part l’Union européenne se concentre depuis plus d’une décennie sur l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale et affronte depuis 2007, la crise financière déclenchée aux États-Unis et ses effets sur son économie et son tissu social.
Les défauts de ses qualités
Diverses études récentes mettent l’accent sur les inconvénients majeurs que pose la stratégie de Pékin sur le continent africain : un frein à la constitution d’états de droit dans ces pays, un processus d’intégration politique du continent retardé et un déséquilibre à l’égard des autres puissances présentes en Afrique et donc dans l’espace méditerranéen. La Chine n’est pas un pays démocratique et, en conséquence, n’a aucune raison d’exporter de la démocratie. Dans bien des endroits, elle arrive désormais avec ses propres personnels qu’elle trouve plus performant que la main d’œuvre indigène. Or la Méditerranée est le lieu de transit pour un commerce de plus en plus important. Désormais, les échanges par la mer entre l’Europe et la Chine sont plus importants que ceux entre l’Europe et les États-Unis. Cette stratégie chinoise interpelle les pays méditerranéen de l’Europe quant à sa propre stratégie. Sauf à vouloir laisser le champ libre à la Chine, il faut repenser le commerce dans cette zone en fonction de nos intérêts globaux. La crise actuelle a sinistré tous les pays de la ceinture occidentale méditerranéenne. Si aujourd’hui la Grèce plonge, le Portugal, puis l’Espagne et l’Italie suivront. Puis ce sera la France et la zone euro. Alors, une autoroute économique s’ouvrira devant la Chine qui pourra acheter à vil prix des pays entiers en rachetant de la dette. Il est donc nécessaire de rééquilibrer les rapports sino-européens avant qu’il ne soit trop tard.
GXC