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L’invité : Vanina Pieri, présidente de l’ATC

jeudi 9 août 2012, par Journal de la Corse

Depuis son arrivée aux commandes de l’Agence du Tourisme de la Corse, l’élue territoriale a, incontestablement, fait bouger les choses. Les missions fondamentales sur lesquelles elle a souhaité concentrer ses efforts, (observation de l’activité touristique, développement de l’offre, promotion de la destination et coordination des acteurs) ont permis à l’institution de marquer des points, d’accroître, de plus en plus, sa crédibilité et d’initier de réelles perspectives. Pour autant, le pari est loin d’être gagné pour une destination encore très onéreuse, de surcroît, en période de crise. Néanmoins, le concept « corsica made » et les récents partenariats avec les deux chambres de commerce ainsi que Air Corsica, semble placer la destination corse sous de bons auspices. Sans langue de bois, Vanina Pieri évoque l’ensemble de ces perspectives.

L’objectif de l’ATC est de promouvoir la destination corse sur les douze mois de l’année. Toutefois, la période estivale ne constitue t-elle pas, en amont, le point d’orgue de cette démarche ?

Le point d’orgue, qui consiste à faire durer une note, n’est possible que grâce à la puissance de l’instrument. S’il y a un pic estival, comme dans toutes les destinations méditerranéennes, c’est parce que la Corse s’est dotée d’un appareil de production qui permet de l’absorber. Il ne faut donc pas se tromper en focalisant sur deux mois ; l’économie du tourisme en a, certes, besoin, mais elle ne peut se construire, notamment socialement, que sur une durée beaucoup plus longue. L’objectif consiste donc à optimiser cet appareil de production parce qu’il ne peut y avoir d’économie digne de ce nom qui ne considère pas l’ensemble d’une année comme un champ d’activité possible.

Quel est votre sentiment sur la saison 2012 ?

Elle apparaît contrastée : certains établissements marquent le pas, d’autres sont stables, voire en progression et il en va de même des différents territoires. Il nous appartiendra d’examiner de façon analytique les causes de ces disparités afin d’en tirer des enseignements pour adapter l’offre à une période complexe.

La crise a-t-elle, selon vous, comme beaucoup l’annoncent, des retombées négatives sur le tourisme en Corse ?

La crise mondiale a débuté en 2008, elle s’est propagée insidieusement mettant en difficulté les pays du Sud de l’Europe. Les régions insulaires de la Méditerranée du Nord-Ouest, fortement impliquées dans l’économie du tourisme, commencent à connaître des tensions sur ce marché. La Corse, dans cet ensemble, résiste bien grâce à sa position géographique, à son positionnement marketing et à la solidité de son appareil de production. Les crises sont aussi des moments privilégiés pour rassembler les acteurs autour de projets qui, en temps normal, apparaissent peu prioritaires et l’ATC est, en ce moment, à pied d’œuvre pour faire bouger les lignes.

Vous avez mis de nombreuses démarches en place. Répondent-elles, actuellement, à vos attentes ?

Que les démarches que j’ai mises en place répondent à mes attentes me semble cohérent même si l’on peut toujours se tromper ou changer d’avis. Il se trouve que je n’ai pas changé d’avis sur l’essentiel : il faut typer la destination, c’est l’esprit de CORSICA MADE qui doit, ensuite, se traduire par une offre de produit où l’identité, la culture, le savoir-faire, le patrimoine, prennent une position centrale. La Corse possède des avantages comparatifs forts par rapports à ses concurrents, c’est sur cela qu’il faut jouer.

Qu’attendez-vous du partenariat mis en place le 10 juillet dernier, avec les chambres de commerce et Air Corsica ?

Ce partenariat est un signe des temps : celui de la véritable mutualisation des moyens sans laquelle toute démarche qui se veut d’envergure serait vaine. Pour la première fois, les chambres de commerce et le transporteur régional réunis autour de l’ATC, se sont mis d’accord pour un premier plan d’action concerté. Cette action commune doit permettre de doper la fréquentation au départ de Nice et Marseille pour l’arrière-saison mais c’est aussi le début d’une réflexion commune qui donnera lieu à d’autres développements. Avec l’effet multiplicateur qui résulte, à la fois, de la mise en commun des moyens, des idées et des réseaux, on peut sérieusement envisager d’accéder à une autre dimension en termes de desserte de l’île, de commercialisation et d’offres tarifaires.

Vous êtes, également partenaires d’Air France. Comment cela se traduit-il ? D’autres partenariats, notamment avec les compagnies de type low cost, sont-ils envisageables ?

Le partenariat avec Air France existe depuis quelques mois. Il va se traduire par une première opération d’envergure à savoir la mise en place de liaisons « via » au départ de toutes les villes françaises : Lyon, Strasbourg, Lille, Metz, Nantes, Bordeaux, Toulouse…L’ATC a négocié des vols à 234.00 euros au départ de ces villes sur une période allant du 1 er octobre au 31 Mars. Cette action est possible en utilisant les plates-formes aéroportuaires de Marseille et de Nice pour établir des connexions « via » tant au niveau des horaires que des tarifs. L’objectif de connecter la Corse toute l’année commence à prendre forme. Quant aux compagnies Low Cost, elles peuvent être utiles si l’on prend un certain nombre de précautions quant à leur utilisation et notamment celle qui consiste à ne pas se mettre en situation de dépendance. Pour cela, il est important d’investir de façon forte et ciblée sur les destinations pressenties afin de créer et de développer ces marchés de façon pérenne : la création de flux stables et réguliers est la meilleure garantie que l’on puisse obtenir face à la versatilité des Low Cost.

Qu’en est-il au niveau maritime ?

Les compagnies maritimes sont des partenaires de l’ATC, elles participent à nos côtés à plusieurs opérations promotionnelles telles que « La Corse s’invite à … » ou bien « L’automne en Corse ».

Quelles sont, à court et moyen terme, les perspectives de l’ATC ?

À court terme, l’ATC achève sa réorganisation interne sans laquelle il n’était pas de perspectives innovantes possibles, cette réorganisation doit être également mise en lien avec les partenariats extérieurs tels qu’avec les Chambres de Commerce, les transporteurs, l’ODARC, l’université, etc… À moyen terme les priorités sont celles de la desserte, notamment aérienne pour favoriser le hors-saison, et la structuration de l’offre autour des valeurs de CORSICAMADE.

L’objectif de l’ATC reste de fédérer, de plus en plus les différentes filières. Où en est-on à ce sujet. Tout le monde joue-t-il le jeu ?

Si l’on parle des activités physiques de pleine nature, une filière, la plongée sous-marine, a construit une action collective autour d’un programme d’action permettant à une profession de mutualiser des éléments clefs de leur activité. D’autres activités de pleine nature peuvent suivre cet exemple, je pense notamment aux activités de montagne pour lesquelles l’ATC souhaite apporter toute sa contribution à la mise en œuvre d’un plan montagne. Mais si l’on parle de filières, on ne peut occulter des activités de production non touristiques, mais essentielles, cependant, pour l’image de notre tourisme et pour la qualité globale de son offre. Il s’agit des producteurs agricoles maîtrisant des savoir-faire labélisés que nous associons à nos démarches promotionnelles en partenariat avec l’ODARC.

Dans son volet économique, le Padduc pourrait-il profiter à la démarche initiée par l’ATC. De quelle manière ?

Tout à fait. Le padduc entre à présent dans sa phase de construction du modèle de développement et chaque politique sectorielle sera intégrée au modèle d ensemble... D’ores et déjà nous avons acté l importance de lier tourisme et agriculture dans le cadre d une économie de production qui va nous permettre de favoriser les artisanaux locaux, ce qui est en totale adéquation avec le label « Corsica made » qui se veut être une marque territoriale au service du tourisme identitaire valorisant les savoir-faire et les spécificités de l île...

Interview réalisée par Joseph Albertini

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