La desserte maritime de la Corse et son avenir ont été ces temps-ci au cœur des débats. L’assemblée de Corse y est allée d’un vote presque unanime pour que la CTC n’en supporte pas trop les coûts. Ce qui est de nature à faire de l’ombre. Pas pour la compagnie des bateaux jaunes en tout cas dont comme l’affirme son directeur. Tout en expliquant les tenants et les aboutissants de cette affaire qui ne déchaînera pas les tempêtes annoncées.
Le vote de l’assemblée de Corse limitant le financement, par la CTC, de la délégation de service public est-il, selon vous, de nature à limiter par là même le développement économique de la Corse ?
Au contraire. Le développement économique est entravé si la DSP est surdimensionnée. Elle est nécessaire si le service public vital ne peut être assuré sans elle, elle est néfaste quand il s’agit de secteurs où la concurrence fait mieux. Elle a été utilisée et dévoyée, non pas pour le développement économique mais pour protéger un ancien monopole inadapté à des échéances connues depuis 1992. Le problème est que 2 décisions de justice (Cour administrative d’appel de Marseille et Autorité de la Concurrence) tout autant que la Commission européenne ont sifflé la fin de la partie. Les DSP ne sont pas là pour aider les compagnies mais pour subvenir aux besoins essentiels de l’île.
Ce développement pourrait-il être favorisé, si tant est qu’il puisse l’être, par la création d’une compagnie maritime régionale ?
Les juges ont rappelé des principes simples : le service public doit s’imposer et se financer quand il y a carence de l’initiative privée. Une fois qu’il est défini, il est attribué après appel d’offres à la compagnie qui donne la meilleure réponse. Elle peut évidemment être privée ou publique ou un peu des deux. Mais ce n’est pas le même débat. Ce qui préserve le développement économique c’est surtout l’activité directe des compagnies : le transport de fret et de passagers de manière fiable, efficace et au moindre coût. Seules des Obligations de service public bien définies et une desserte fiable et économique dans un cadre concurrentiel peuvent le garantir.
La proposition de vente de la SNCM à la CTC pour l’euro symbolique, a donné lieu à divers commentaires dont la plupart étaient- il faut le dire- désobligeants pour les responsables de la compagnie dont l’avenir apparaît pour le moins incertain. Y-a-t-il quelque chose à ajouter ou faut-il en rester là ?
Nous avons dénoncé les conditions de la privatisation, y compris devant la Cour de Luxembourg tout autant le chantage fait aux élus à l’époque de la privatisation. Il est regrettable que les vraies questions des obligations service public, de leur financement et du développement économique induit par les transports maritimes soit en permanence masquées par le débat récurrent sur l’avenir de la SNCM qui n’est pourtant pas dans les mains de l’Assemblée de Corse mais de Veolia, qui est une entreprise de taille mondiale, avec des centaines de milliers d’employés, des dizaines de milliards d’euros de chiffres d’affaires et qui est bien mieux à même de restructurer la SNCM que l’Assemblé de Corse ! D’autant plus qu’elle a perçu 280M€ en plus de l’enveloppe de continuité territoriale dans ce seul but.
Pourquoi en-est-on là aujourd’hui ?
Le fait d’écarter le port de Toulon du principe de continuité territoriale constitue-t-il une menace pour votre compagnie ou faut-il croire qu’il entre simplement dans la politique d’économie élaborée par la CTC ? Toulon n’avait rien à faire dans une DSP. La SNCM a tenté de justifier sa revendication d’étendre la DSP de Marseille à Toulon en disant : « on en a besoin pour concurrencer Corsica Ferries ». Elle oublie que la DSP n’est pas faite pour ça. Plus d’un million de passagers et 500.000 mètres linéaires de fret prouvent que Toulon n’a pas besoin de DSP pour desservir la Corse de manière fiable et au moindre coût pour les clients et la CTC. Une bonne question à se poser pour Toulon, mais aussi Nice, est de savoir quelle forme on veut donner aux aides directes aux passagers pour abaisser les coûts de transport sur ces destinations. L’Autorité de la Concurrence a mis en évidence les effets bénéfiques et la plus grande efficacité économique de l’aide sociale. Rappelons que c’est, avec 16M€ au total, la plus petite dépense de la continuité territoriale et en même temps celle qui concerne le plus de monde : plus de deux millions de passagers...
Nous voilà aux portes de la saison 2012. Avec quelle stratégie et quels moyens l’abordez-vous ?
Nous aurons des nouveautés sur l’Italie : un service rapide entre Savone et Bastia. De même, et toujours avec un navire rapide, nous inaugurons enfin la ligne de Piombino vers Portoferraio (île d’Elbe) dès le 15 juin. En ce qui concerne la France continentale, nous continuons à proposer nos offres tarifaires imbattables et en particulier le tarif résident garanti sur tous les voyages et donc même sur la très haute saison : 146 € un aller-retour pour un résident avec sa voiture.