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L’invité : Marcel Francisci, Président de la fédération UMP de Corse-du-Sud

jeudi 4 octobre 2012, par Journal de la Corse

La course à la présidence de l’UMP débute officiellement ce 5 octobre pour un verdict le 18 novembre prochain. Deux candidats sont en lice : Jean-François Copé, secrétaire général du mouvement et François Fillon, ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Un « héritage » lourd à porter mais une volonté forte de garder la droite unie dans la perspective des prochaines échéances électorales. D’une manière collatérale, la droite insulaire est concernée par cette élection interne. Marcel Francisci, Président de la fédération UMP de Corse-du-Sud, nous en présente les différents intérêts.

La campagne officielle pour l’élection à la présidence de l’UMP vient de s’ouvrir. Quels en sont les enjeux ?

Ils sont nombreux. Une fois élu, le prochain président devra se montrer capable de rassembler toutes les composantes de l’UMP. Ensuite, dans la perspective des années à venir, il aura la charge de préparer la reconquête des territoires perdus en 2008 et 2010. Ce travail le conduira à travailler avec l’ensemble des fédérations qui, pour être plus efficaces, doivent fonctionner de façon plus décentralisée. C’est mon souhait pour l’UMP-Corse (et pour le reste du continent) car les fédérations sont au contact du terrain ce qui, pour la préparation des élections locales, est particulièrement utile.

Vous évoquez la notion de rassemblement. La présence de deux candidats, Jean- François Copé et François Fillon, n’est-elle pas le signe d’une division interne au sein du parti ?

Il ne faut pas confondre « division » et « débat ». Cette campagne verra s’affronter deux personnalités, deux visions du mouvement et c’est quand même mieux qu’au Parti Socialiste où aucun militant n’a eu son mot à dire sur l’intronisation d’Harlem Désir comme 1er secrétaire ! Maintenant, je ne vous cache pas que j’aurai préféré plus de candidats sur la ligne de départ. L’essentiel reste qu’au soir du 18 novembre l’UMP soit unie derrière son Président.

Comment l’UMP compte-t-elle gérer l’après Nicolas Sarkozy ?

En Corse, comme vous le savez, Nicolas Sarkozy a réalisé un excellent score à l’occasion des présidentielles. Ce score n’est pas étranger aux résultats obtenus lors des élections qui ont suivi et contrairement à tout ce qui avait été annoncé d’ailleurs. Au niveau de la Corse-du- Sud, ce sera donc effectivement facile à gérer. Sur le plan national, ce sera, sans doute plus difficile à lui trouver un digne successeur mais nous disposons de cinq ans pour cela. Ceci étant, je pense que François Hollande et son gouvernement facilitent notre tâche en raison de la politique qu’ils conduisent. Ils ont réussi le tour de force de mettre tous les moteurs à l’arrêt ! Les électeurs mesureront, du reste, dans les mois à venir, s’ils ne l’ont pas déjà fait, leurs erreurs dans le choix du nouveau président.

Suite à cette élection, faudra-t-il s’attendre à des changements pour l’UMP, en Corse particulièrement ?

Je l’espère fortement. D’abord, je souhaite que les deux fédérations corses travaillent davantage ensemble et associent mieux les élus aux décisions. Dans nos relations avec le siège national, il faut changer certaines règles. Au niveau financier par exemple, nous voulons que le pourcentage des cotisations qui retourne à notre fédération soit plus élevé. Nous souhaiterions qu’il soit plus important pour nous permettre de financer des actions militantes en lien avec les questions locales. Mais aussi pour faciliter les déplacements de nos cadres qui assistent à des réunions à Paris ou vont se former aux quatre coins de la France. Nous aimerions également disposer de plus de pouvoirs en matière de désignation des candidats. Pour l’heure, c’est la Commission nationale d’investiture qui décide, pour la plupart des élections, des candidats susceptibles de représenter l’UMP. Cela pose un problème. Parfois, nous arrivons à des situations étranges, déconnectées de la réalité du terrain et totalement incomprises des militants. C’est la raison pour laquelle nous demanderons un transfert de pouvoirs en la matière. Pour tous les sujets qui touchent au fonctionnement quotidien, nous attendons du futur président qu’il fasse de l’UMP un parti encore plus de décentralisé.

Vous avez choisi de rester neutre lors de cette élection à la présidence de l’UMP. Pourquoi ?

Pour une raison très simple : mon engagement personnel engagerait la fédération que je préside et risquerait de la diviser. Je ne crois pas que ce soit sain pour cet exercice de démocratie interne. Le rôle d’une fédération n’est pas d’aller vers l’un ou l’autre des deux candidats mais de laisser chaque militant libre de choisir celui qu’il pense être le plus capable d’assurer cette fonction. Pour autant, si j’ai décidé d’être neutre certains de mes amis élus ou cadres soutiennent un candidat mais l’ont fait à titre personnel. Et c’est un choix que je respecte.

Il semblerait, justement, que la Corse soit partagée. D’un côté Laurent Marcangeli et Sauveur Gandolfi-Scheit, qui soutiennent Jean-François Copé, de l’autre Camille de Rocca-Serra, visiblement derrière François Fillon. Cela ne risque-t-il pas de bouleverser la réunification que l’UMP de Corse prône depuis quelques temps déjà ?

Il y a un débat qui s’organise mais sincèrement, je ne pense pas qu’il menace notre unité. Encore une fois, leur choix reste personnel. Ils font campagne mais n’engagent pas les structures locales. Au mieux, cela concerne les gens qui les suivent mais sûrement pas un groupe. Tous les militants ont leur idée sur ce vote, certains suivront les élus que vous venez de citer, d’autres non.

Que pensez-vous des prochaines échéances électorales, 2014 et 2015 ?

Le travail entrepris depuis plusieurs années sur le terrain et les récents succès électoraux en Corse, devraient nous permettre d’aborder ces échéances avec sérénité. De manière générale, elles devraient être favorables à la droite et à nos alliés du centre. En revanche, nous devons continuer à travailler et à être à l’écoute de nos compatriotes, sans faire l’erreur de penser que nous allons gagner, comme ceux qui, il y a quelques mois, affirmaient que nous allions tout perdre ! L’euphorie a succédé au désenchantement mais c’est notre rôle, également, de relativiser cet excès d’optimisme en précisant aux gens que nos résultats ne sont que le fruit d’un travail de longue haleine amorcé il y a plusieurs années. Et cela n’a pas été évident : Réunir toutes les composantes de la droite, faire en sorte que tous ceux qui s’investissent, le fassent, avant tout, pour leur famille politique. Ce travail n’avait pas toujours été compris mais même s’il l’est aujourd’hui, il ne doit en aucun cas s’interrompre. Aller sur le terrain, convaincre toujours plus afin que les prochaines échéances nous sourient dans l’intérêt des Corses.

Serez-vous candidat à l’une de ces élections ?

Il est encore trop tôt pour en parler. Mes mandats de conseiller général et territorial doivent être menés à bien avant de se projeter. Néanmoins, comme je l’ai maintes fois prouvé je crois, j’œuvre davantage pour le groupe que pour moi-même. Dans la majorité départementale comme dans l’opposition territoriale c’est la notion d’équipe qui doit prévaloir. Je suis plus animé par la volonté de faire partager mes idées pour la Corse que par celle de faire ma seule et unique promotion personnelle.

Vous êtes responsable local de l’association « Les amis de Nicolas Sarkozy ». L’ancien président de la République a décidé, on le sait, de se retirer de la scène politique. Souhaitez-vous son retour ? Le croyez-vous capable de revenir sur sa décision ?

Au fond de moi, je crois qu’il pourrait revenir sur la scène politique. Je pense que tout le monde s’accorde à dire, à droite en tout cas, que s’il revenait demain, personne ne lui résisterait. Il est cependant encore tôt pour évoquer 2017 et j’ignore ce qu’il adviendra d’ici là. Pour l’heure, je souhaite, et c’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’être le responsable de cette association pour la Corse, que nous puissions continuer à parler, toujours plus, de ce qui a été fait par Nicolas Sarkozy et, le cas échéant, à le comparer avec ce qui est fait actuellement. François Hollande est, déjà, en chute libre dans les sondages d’opinion. Le dernier (- 11 points en un mois !) est parmi les plus mauvais pour un Président depuis le début de la Ve République. Les raisons, tout le monde les connaît. Il préside la France comme il dirigeait le Conseil général de Corrèze c’est-à-dire sans courage et sans prendre la moindre décision importante. Je pense que, forcément, un mouvement de masse, de gens déçus, va se retourner vers celui qui aura été leur « phare » durant quelques années.

Interview réalisée par Joseph Albertini

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