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L’invité Jean-François Battini

jeudi 8 décembre 2011, par Journal de la Corse

De retour au sein de l’UMP, l’ancien leader de "Demain la Corse" entend apporter des idées qu’il juge novatrices afin de remettre, à terme, la Droite insulaire, laminée par des divisions internes, sur les bons rails. Objectif, à travers "Horizon 2014", un projet qu’il porte au sein de l’UMP de Corse-du-Sud, présenter un plan de développement cohérent pour l’île mais également unir la famille libérale dans la perspective des échéances électorales de 2014. Jean-François Battini nous présente, dans cet entretien, les enjeux de cette nouvelle démarche.

Vous avez récemment présenté un projet intitulé "Horizon 2014". Comment est-il né ?

Une rétrospective s’impose au préalable. J’avais conduit une liste aux précédentes élections territoriales. Elle faisait suite au cercle de réflexion crée en Octobre 2007 et au mouvement politique, en Septembre 2009, pour les élections de 2010. C’était un message original travaillé avec des experts sur la manière dont on pouvait voir l’île sur l’avenir : Demain la Corse. Cette élection n’a, malheureusement pas eu le succès escompté mais c’est naturel puisque je ne représentais en fait que moi-même et des amis. Mes idées pouvaient, certes, intéresser mais elles ne représentaient pas un grand parti. La leçon que j’ai tirée de ces élections, c’est que les gens, en Corse comme au niveau national, ont besoin d’une étiquette politique claire et forte. Cette expérience d’intérêt général sera renouvelée le moment venu mais lorsque les gens seront prêts. Issu de la famille libérale, j’ai donc décidé d’intégrer l’UMP de Corse-du-Sud à la demande de Marcel Francisci avec qui je travaille désormais puisque je suis vice-président du comité départemental et Président de la commission du projet "Horizon 2014" que nous avons créé. Ainsi, je peux porter mon message plus fortement. L’idée consiste à travailler à l’élaboration d’un réel projet de développement pour la Corse.

Quelles en sont les perspectives ?

C’est un projet ouvert et novateur dans le sens où l’on sollicite divers acteurs et l’on va au devant de la population. On a travaillé avec des experts dans certains domaines tels que les successions (Maître Spadoni), l’emploi (Dany Bergeot, Directeur du Pôle emploi) et la précarité (François Pernin). D’autres domaines seront, bien sûr, abordés. D’une façon concrète, lors de ces réunions, on fait intervenir un expert -qui n’est pas membre de l’UMP-, il apporte son savoir faire, expose pendant une demi-heure, répond à des questions, c’est un échange et nous faisons, ensuite, un bilan de tout cela. Nous n’en sommes qu’au tout début de ce projet, on sait aussi que l’on écoutera sans doute d’autres experts sur les mêmes sujets, cela nous permet d’avoir une approche technique de la question ainsi que des éléments. Mais on ne se limite pas à cela, l’objectif, c’est aussi de s’ouvrir aux citoyens d’où les rencontres sur le terrain effectuées par exemple à Propriano, Sartène ou Bonifacio. Le but consiste à débattre des problématiques qu’ils rencontrent. Car ce projet se fera en concertation avec eux. Nous voulons travailler à l’élaboration de nouvelles perspectives pour la Corse

En quoi votre démarche est-elle novatrice ?

C’est une démarche de terrain et elle est novatrice car elle est déconnectée du temps électoral. On travaille déjà au programme et cela est novateur en Corse. Ceci étant, on reste en phase avec le temps et la réalité des choses c’est-à-dire que l’on oeuvre à la réélection de Nicolas Sarkozy, en mars prochain et l’on songe, en même temps, aux législatives.

Cette démarche ne puise t-elle pas sa source dans l’échec des dernières territoriales, des dernières municipales et, au-delà dans une désunion de la Droite, surtout à Ajaccio ?

On pourrait dire d’une manière globale, que l’on est dans l’opposition. Et je dis toujours qu’une "cure d’opposition", ça fait du bien. On a perdu les élections récemment et j’estime, au lieu de parler d’échec, que c’est une excellente raison de se remettre en questions et de faire des proposions fortes. Elles ne seraient pas les mêmes si une équipe était aux commandes de la Région. On est dans l’opposition, on est libres, le parti a tout loisir pour travailler et prendre un rôle important à l’avenir.

Qu’attendez-vous de ces deux années ?

Ce projet concerne tous les domaines : Chômage, précarité, succession, tourisme, environnement, rural, ce sont autant de sujets qui touchent la population. Je fais, ici, le lien avec "Demain la Corse". L’idée, c’est de faire des propositions sans attendre que l’Etat les fasse à notre place. Nous avons une relation exclusive avec Paris jusqu’à maintenant et l’on est toujours dans une logique de subventions, on a donc pas de crédibilité économique. Je prends l’exemple concret de la méditerranée où la Corse doit, à notre avis, se positionner. Si on travaille avec l’environnement immédiat, on est plus à même de créer des emplois et de générer une dynamique économique. À cet effet, nous nous sommes rendus, Marcel Francisci et moi-même, en Catalogne, une région avec laquelle on doit, à terme, se rapprocher, tout comme la Toscane ou la Sardaigne. L’objectif c’est de travailler dans ce sens, proposer des alternatives et demander le soutien de Paris à partir d’un projet défini au préalable. En méditerranée, on a la possibilité de créer des activités et des emplois.

Ne craignez-vous pas, en cas de non réélection de Nicolas Sarkozy en mars prochain, que votre projet ne puisse réellement se concrétiser ?

Ce serait effectivement plus difficile mais cela ne nous empêcherait pas de continuer à y travailler. D’œuvrer à l’alternance complète pour, le moment venu, présenter un projet cohérent.

Horizon 2014 est une démarche initiée en Corse-du-Sud. Comptez-vous l’étendre à l’ensemble de l’île ?

L’idée, bien sûr, c’est de travailler à l’élaboration d’une démarche régionale. Actuellement, la Haute-Corse travaille sous la houlette de Stéphanie Grimaldi. À un moment donné, nous allons unir nos efforts et proposer un projet commun de dimension régionale. Nous pensons l’étendre au niveau territorial dans le courant de l’année prochaine.

D’une manière sous-jacente, votre projet ne vise t-il pas la reconquête de la municipalité ajaccienne et de l’Assemblée de Corse en 2014 ?

Ce sont, effectivement deux objectifs majeurs sur le plan politique. Ces collectivités n’auraient jamais dû être perdues. Ajaccio est une ville de Droite. D’une manière plus globale, la Corse est également à Droite. Il y a eu des divisions qui ont coûté très cher puisque nous avons perdu, tour à tour, la mairie d’Ajaccio et l’Assemblée de Corse. Aujourd’hui, et c’est ce que nous faisons à travers le projet "Horizon 2014", on doit prendre conscience de toutes ces erreurs, unir nos efforts et travailler de manière à proposer de nouvelles perspectives à la population insulaire. Actuellement, la situation est ce qu’elle est. Cette reconquête progressive doit se faire suivant une même méthode. Elle consiste à placer l’UMP au cœur des débats en précisant, selon la formule, que c’est "là que ça se passe", que l’on innove, que l’on fait des propositions fortes. On veut attirer la jeunesse corse et remobiliser un électorat qui, pour diverses raisons, et notamment la désunion, s’est dispersé, entre autres, vers les nationalistes modérés.

L’ancienne mandature, en place depuis près de trente ans, ne présente, pourtant pas, un bilan particulièrement satisfaisant, notamment en matière de politique foncière. Qu’en dites-vous ?

On doit faire respecter la loi littoral et faire en sorte que ce qui est protégé le demeure. Maintenant, il faut trouver le juste milieu, à mon sens, pour avoir, d’un autre côté, la possibilité de développement. L’ancien Padduc, par exemple, n’a pas été géré comme il se doit et n’est pas l’émanation d’une réelle ambition politique.

Vous êtes donc en désaccord avec cette mandature ?

Ce n’est pas réellement un désaccord. J’estime, à un moment donné, qu’elle a manqué d’imagination. Aujourd’hui, nous voulons fonctionner différemment. Savoir, en amont, où l’on veut aller. Une Corse qui s’appuie sur l’écologie, qui se positionne en méditerranée et qui se développe sous différents aspects. Ensuite, on élabore un Padduc en fonction. Je pense que l’ancienne majorité de l’Assemblée de Corse n’a pas eu cette vision politique. Elle était pourtant en place depuis 26 ans mais elle n’a jamais porté un véritable regard sur l’avenir de la Corse. Se contentant, au contraire, d’une gestion au quotidien. Or, la Corse mérite mieux que cela, une réelle ambition politique.

Interview réalisée par Joseph Albertini

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