90% des Français rêvent d’accéder à la propriété. Un saint Graal que tout un chacun espère atteindre un jour, et qui a même figuré en bonne place dans les promesses électorales de Nicolas Sarkozy en 2007. Sauf que la crise est venue éclater dans cette bulle immobilière et qu’à force d’être galopantes ces hausses des prix viennent contrarier les projets de logement. Agents immobiliers, architectes, métiers du BTP, banques, élus etc. tout un secteur qui donne le pouls d’un pays, et qui aujourd’hui doit faire face à des demandes et besoins à satisfaire.
Promesses immobilières
L’ancien footballeur Éric Cantona s’est lancé dans l’actuelle campagne présidentielle pour mettre la crise du logement au cœur des débats : « Que des gens soient obligés de faire d’énormes sacrifices- sur l’éducation de leurs enfants, parfois même sur leur santé- pour se loger, c’est inacceptable ». En 2007, le candidat Sarkozy avait placé l’immobilier au cœur de sa campagne et voulait transformer la France en un pays de propriétaires, s’attaquer à l’explosion des loyers : « Depuis des années, on vous dit qu’on ne peut rien contre la crise du logement, et on laisse s’aggraver une pénurie qui a rendu la propriété impossible pour beaucoup d’entre vous et la location de plus en plus difficile. » Des promesses qu’il a été impossible de tenir, crise oblige.
Crise du logement
La construction de logements neufs n’est pas aussi flamboyante que l’avait promis le président. Autre réalité : le droit au logement opposable (Dalo), qui permet à toute personne ayant fait une demande de logement et n’ayant pas reçu de proposition adaptée de saisir la justice. Le rapport officiel du Comité de suivi de la mise en œuvre du Dalo de décembre 2010, a adressé un « message d’alerte » au gouvernement : « Force est de constater que le droit n’est pas pleinement assuré ». Seule promesse quasi tenue, celle de la suppression de la caution et du dépôt de garantie, puisque dès la fin 2007, le gouvernement a annoncé le passage du dépôt de garantie de deux mois à un mois de loyer, avec la possibilité que cette somme puisse être prise en charge par l’avance « loca-pass ». Quant à la caution solidaire, depuis 2009, elle ne peut plus être demandée par un bailleur qui a souscrit une assurance garantissant les obligations locatives du locataire, sauf en cas de logement loué à un étudiant ou un apprenti. Côté accès à la propriété, on est encore loin de « la France des propriétaires » : en 2009, la France comptait 57,9% des ménages comme propriétaires de leur logement, loin de la moyenne européenne (65%), à la 22ème place sur les 27 pays de l’Union européenne. Et en la matière, comte tenu des particularités régionales avec une sur représentativité des résidences secondaires (plus du tiers des logements), en Corse, les propriétaires sont légèrement sous-représentés par rapport au niveau national.
Leviers insuffisants
La rigueur a fait fi des volontés incitatives à l’achat immobilier. Feu le crédit d’impôt, feu le prêt à taux zéro (PTZ+), feu le dispositif Scellier… La maison à 15 euros par jour proposée en 2008 par Christine Boutin et le rachat du parc HLM par ses locataires ont aussi fait pschitt. Le bilan de l’Anah (L’Agence nationale de l’habitat), dont la mission consiste à mettre en œuvre la politique nationale de développement et d’amélioration du parc de logements privés existants, en accordant des subventions notamment en faveur des publics les plus modestes, fait état d’un bilan mitigé. En 2009, plus de 619 M€ de subventions ont été attribuées aux propriétaires (plus de 4,5M€ pour la Corse), générant un volume global de travaux éligibles de 2,3 milliards d’euros correspondant à 42 000 emplois de petites entreprises du bâtiment, soit un total de 169650 logements aidés (725 logements subventionnés en Corse). Globalement l’accès au logement reste inégalitaire, et on constate toujours un déficit sérieux en matière de logements sociaux (l’offre en logement social concerne 26% du parc locatif insulaire contre 42% en moyenne nationale). Même les PLU (plans locaux d’urbanisme) ont du mal à suivre les demandes et intégré les contraintes. En France, avoir un toit ne va donc pas de soi. On dénombre dix millions de mal-logés, 100000 SDF. Tant que le marché décidera, aussi bien à la vente qu’à la location, la part du budget consacrée au logement sera supérieure à celle dédiée à l’alimentation. Les élus de tous bords et niveaux ont encore beaucoup à faire, tant pour la construction que pour l’accession.
Maria Mariana