L’édito d’Aimé Pietri
La Corse serait-elle l’île de Janus et présenterait-elle, comme ce roi de l’Antiquité, un double visage ? Celui d’un paradis de vacances avec ses plages de sable blanc, ses criques serties de roches rouges, ses forêts et ses rivières ? Et celui d’un enfer de la « malavita » où l’on tue et l’on pille chaque jour davantage, où l’on brûle aussi, ou l’attentat à l’explosif, l’agression à main armée, les escroqueries en tout genre sont pluri quotidiens, face à une population passive et résignée qui fait du fatalisme son credo et se lave les mains dans le sang des autres en se disant que demain, peut-être, sera meilleur ? Jamais autant de malandrins se seront accordés pour mettre à sac ce pays dont on sait pourtant qu’il est encore loin d’avoir atteint le seuil de prospérité. Voilà une situation pour le moins inquiétante et sur laquelle on pourrait épiloguer à l’infini, d’autant que les statistiques tripotées à loisir par les responsables de la sécurité, feront apparaître que, toutes proportions gardées, la criminalité est moindre ici qu’ailleurs et que l’ont trucide bien plus en une nuit à New York qu’en six mois dans les deux départements insulaires. Oui, mais ceci ne nous console pas de cela et le dernier bilan des crimes et délits, qui sera établi lors de la toute prochaine rentrée judiciaire, n’est pas pour nous rassurer. Bien sûr, ce problème récurrent appelle des solutions et sans doute elles existent. Mais elles ne figurent sur aucune liste de priorités. Et l’on se demande à quel degré de gangrène la société corse parviendra à trouver, un jour, le sursaut nécessaire à son propre salut. Cela ne nous empêche d’ailleurs pas de vous présenter nos vœux de pace e salute, deux valeurs essentielles dont nous avons, aujourd’hui, le plus grand besoin.