L’Espagne, par orgueil, refuse d’être assimilée à la Grèce, au Portugal ou à l’Irlande, l’Espagne. Quatrième économie de la zone euro, elle ne veut pas d’un sauvetage souverain bien qu’une agence de notation ait baissé sa note de trois points. L’Espagne rétorque que la placer hors la spéculation financière exigerait 600 milliards d’euros que ne possède pas l’Europe qui ne dispose que de 450 milliards débloqués pour le pacte de stabilité.
Un malade au bord de l’agonie
Madrid demande que l’on sauve ses banques ce qui coûterait à l’Europe 100 milliards d’euros d’après les experts. Une fois encore ce sera le contribuable qui paiera les impérities de banques privées qui ont spéculé de manière éhontée sur l’immobilier. Et encore personne ne peut affirmer aujourd’hui que le sauvetage des banques qui profitera à des fonds privés permettra de résoudre le mal espagnol. La croissance espagnole est en panne. Le pays a vu son activité reculer de 0,3% début 2012, après une baisse de même ampleur fin 2011. Le pays est frappé par un chômage de masse : près d’un actif sur quatre cherche un emploi (un jeune sur deux). La chute des prix de la pierre ne ralentit pas. Ce sont le chômage et la crise immobilière qui ont engendré la crise bancaire, les établissements espagnols devant faire face à une hausse du nombre de mauvais payeurs. Les « actifs à risque » dans l’immobilier représentent un peu plus de la moitié de leurs investissements dans ce secteur, soit 184 milliards sur un peu plus de 350 milliards d’euros. Mais l’Espagne veut échapper au sauvetage souverain qui impliquerait une mise sous tutelle de son secteur bancaire par Bruxelles. Mais l’Allemagne refuse de payer pour l’arc méditerranéen. Elle répond que l’utilisation des fonds européens est obligatoire et donc le passage par un organisme public. L’Espagne va devoir s’asseoir sur sa fierté ou s’effondrer. Car la situation est réellement catastrophique. Et les investisseurs extérieurs se retirent de l’Espagne.
En finir avec les illusions de la croissance
Si l’Espagne s’effondre c’est une crise majeure qui s’ouvre au niveau mondial. Si son taux d’emprunt monte à 7% ce sera la débâcle. Les États-Unis l’ont compris qui enjoignent l’Europe à prendre des mesures, attitude pour le moins culottée de la part d’un pays qui entretient la dette la plus colossales de toutes les nations planétaires. Mais les États-Unis craignent que l’Europe, ce formidable marché, se tarisse et entraîne dans sa déroute une Chine dont il semble que l’endettement régional soit colossal. Or un point de récession en Chine et c’est la bulle spéculative immobilière qui crève. Or la Chine possède une grande part de la dette américaine. Bref le système coince sérieusement et personne ne possède les clefs de la reprise en l’absence d’une guerre mondiale. La grande difficulté est que l’avenir n’est envisagé qu’en terme de croissance et non de réduction de nos appétits consuméristes. Quitte à se répéter il faut asséner une vérité première : le marché n’est pas extensible à l’infini et surtout la question de la dette est désormais posée à l’échelle planétaire et non pas strictement nationale. Même les pays vertueux comme l’Allemagne dépendent totalement du niveau de consommation de ceux qu’elle critique pour leur niveau de dépenses. Les trois quarts des exportations allemandes sont dirigés vers les autres pays européens. Le serpent capitaliste se dévore la queue et ne sait plus comment s’en sortir.
GXC