Le pari semble avoir été réussi pour la mobilisation du 31 mars en faveur des 75 langues minoritaires de France. Des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dans une dizaine de villes de France, dont Strasbourg, Lille, Quimper, Toulouse, Perpignan et Ajaccio.
Les langues régionales et les candidats
En Alsace, région qui compte 600 000locuteurs en alsacien pour 1,8 million d’habitants, le député socialiste Armand Jung propose une future loi-cadre, « qui laisserait aux régions un pouvoir normatif » sur l’utilisation des langues régionales. « Nous ne sommes ni ennemis de la République ni des adeptes du folklore », affirme Armand Jung. Mais « notre pays a une langue officielle quine laisse aucune place aux langues locales », même si « la dernière révision (de la Constitution en 2008) nous avait donné un petit espoir », estime-t-il. François Bayrou, qui parle le béarnais, s’est déjà déclaré en faveur de la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. François Hollande l’a aussi promis bien que les socialistes ne l’aient jamais fait lorsqu’ils étaient au pouvoir. Eva Joly comme Philippe Poutou du Npa se sont prononcés sans ambiguïté pour sa ratification. Il semblerait que Marine Le Pen ait de son côté beaucoup évolué sur la question. Rappelons que la France a signé en 1999 la Charte du Conseil de l’Europe de1992, mais ne l’a jamais ratifiée. La réforme constitutionnelle adoptée en juillet 2008, à l’instigation du président Nicolas Sarkozy, avait fait entrer dans l’article 75 de la Constitution l’appartenance des langues régionales « au patrimoine de la France ». Le président de la République a, depuis, fermer la porte à une ratification : « Quand on aime la France, on ne propose pas de ratifier la Charte des langues régionales et minoritaires », a-t-il déclaré en février à Marseille, en réponse à François Hollande, favorable à cette ratification. On ne saurait être plus clair.
Le cas Mélenchon
Le candidat du Front de Gauche l’avait pourtant juré à des partisans de la ratification qui tentaient de lui arracher une ratification : il avait changé. Hélas, chassez le naturel il revient au galop et le jacobinisme est génétiquement inscrit dans le candidat Mélenchon. Tout comme Nicolas Sarkozy il a dénoncé les dangers sur notre République » que ferait peser ce texte position dénoncée par Gustave Alirol, président du Partit Occitan et Guilhèm Latrubesse, porte-parole Partit Occitan. « Dans ces propositions, J.-L. Mélenchon voit un démembrement de l’égalité des citoyens devant la loi ». Le 23 juin 1999, Lionel Jospin alors Premier Ministre présentait à Jacques Chirac, Président de la République, un projet de révision constitutionnelle pour permettre à la France de ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires en modifiant l’article 2 de la Constitution. Le Conseil Constitutionnel jugeait cette charte incompatible avec la Loi fondamentale et émettait un avis défavorable. Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur de l’Essonne et responsable socialiste, se déclarait en accord avec le Conseil Constitutionnel. La révision constitutionnelle n’aura finalement pas lieu. Le 13 mai 2008 au Sénat, Jean-Luc Mélenchon maintenait la position "républicaine" qu’il avait toujours défendue. Lors du débat, il avait qualifié les écoles bretonnes « Diwan » de "sectes". Pourtant, Jean-Luc Mélenchon a déclaré ne pas être opposé à la pratique et à la préservation réelle des langues régionales, ni au multilinguisme. Il a affirmé être "contre la remise en cause des valeurs universelles de la République qui assurent l’égalité des citoyens devant la loi".
Le cas corse
Plusieurs dizaines de milliers de personnes à Toulouse, 7000 à Bayonne pour le basque, près de 6000 à Perpignan pour le catalan, un millier à Strasbourg pour l’alsacien, 10 à12.000 à Quimper et… 300 à Ajaccio. Cherchez l’erreur. Comment se fait-il que cette île qui donne le sentiment de revendiquer si haut et si fort un statut de co-officialité pour sa langue se mobilise aussi faiblement ? Vraisemblablement par manque d’organisation. À croire qu’ici, les revendications n’existent qu’en forme d’illusions.
GXC